Edito : Les CHR, dans l’angle mort de la reprise
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La France fait mieux que prévu. Selon les dernières estimations, le PIB progresserait de 0,8 % en 2025. Une performance tirée par quatre piliers résilients: agriculture, tourisme, immobilier, aéronautique. À en croire les tableaux de bord macroéconomiques, le pays s’offre un peu d’air après des années de tensions. Et pourtant… Alors que les vacanciers étaient bel et bien au rendez-vous cet été, la fréquentation des restaurants traditionnels a quant à elle plongé de 15 à 20 %, selon les chiffres avancés par l’Umih. Si la France attire, le pouvoir d’achat contraint à des arbitrages. Aller au restaurant n’est plus un réflexe, mais un luxe occasionnel. Une pizza au fast-food, un sandwich de boulangerie, un panier de courses pour improviser un pique-nique… les Français mangent toujours, mais autrement. La restauration traditionnelle devient la variable d’ajustement de vacances déjà coûteuses. À cette fragilité de la demande s’ajoute une pression inédite sur l’offre. Énergie, matières premières, salaires. La facture grimpe, alors que les prix des menus ne peuvent suivre indéfiniment. Résultat: un secteur sous tension, pris en ciseaux entre clients qui réduisent la voilure et coûts qui s’emballent. Faut-il, comme Thierry Marx, chef et président de l’Umih, poser la question qui fâche: y a-t-il trop de restaurants? Avec 407.000 établissements recensés en France selon Gira Conseil, soit un pour 170 habitants, l’offre a explosé. Fast-foods et boulangeries brouillent les frontières et grignotent des parts de marché, laissant les restaurateurs traditionnels en première ligne. Dans ce contexte, certains plaident pour un numerus clausus ou encore un « permis d’entreprendre » afin d’élever le niveau d’exigence et de protéger la profession. Mais réduire le problème à une seule question de concurrence serait trop simple. Derrière les chiffres, il y a aussi une mutation culturelle. L’acte de restauration se reconfigure, plus rapide, moins formel, plus économique. Le métier doit s’adapter à ces nouveaux usages. Dans une France qui affiche une croissance meilleure que prévu, mais où les Français comptent chaque euro, le défi des restaurateurs est de tenter de se réinventer. C’est à ce prix qu’ils retrouveront leur place dans le quotidien des Français.