Le podium touristique du Cantal

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Le Cantal est un département touristique qui multiplie sa population par cinq en été. Mais les nuitées touristiques sont largement absorbées par l’hébergement non marchand. Pour progresser, les acteurs doivent se doter de nouvelles formes d’hébergement plus haut de gamme et, surtout, en cohérence avec un territoire qui vend d’abord un espace naturel.

Le puy Mary Lioran Salers Cantal
Le puy Mary, la station du Lioran et le village de Salers sont les trois sites les plus visités du Cantal en 2018.

Du haut de ses 1783 mètres d’altitude, le puy Mary, classé Grand site de France, s’affirme comme l’une des attractions majeures du Cantal, même si la station du Lioran lui ravit la première place. La station principale de sport d’hiver du Cantal est fréquentée toute l’année et fonctionne également l’été. C’est le village de Salers, membre emblématique de l’association Plus Beaux Villages de France, qui occupe la troisième marche du podium. Comme on peut le constater, ce sont les sites naturels qui attirent le plus les touristes. Il ne faut pas oublier le viaduc de Garabit, œuvre de Gustave Eiffel, qui suscite de plus en plus de curiosité, notamment depuis l’aire d’autoroute qui porte ce nom. Il faut aussi évoquer les nombreux châteaux du département qui participent à son attractivité touristique globale. « L’attrait touristique du Cantal réside dans une somme de nombreux petits sites », confirme Bruno Faure, président du conseil
départemental du Cantal.

L’année passée, le Cantal a enregistré 6,4 millions de nuitées touristiques sur son territoire. Un tiers d’entre elles concernait des touristes étrangers. Autre point fort, le département note les visites de 2,3 millions d’excursionnistes (personnes séjournant sur un autre territoire). Ainsi, l’activité touristique n’est pas anecdotique. Pendant l’été, la population du Cantal est multipliée par cinq et, grâce au Lioran, il existe localement une petite saison d’hiver. Un phénomène qui réjouit Bruno Faure : « Le tourisme est un des piliers du département, derrière l’agriculture et quelques entreprises de pointe. Cela représente près d’11 % du PIB. Cette activité a aussi l’avantage de rassembler tout le monde autour la valorisation du patrimoine. »

Des TO faibles

La faiblesse du Cantal réside peut-être dans la rareté de ses hébergements marchands. « Nous sommes un territoire de tourisme vert et nous disposons de peu d’hébergement de grande capacité », reconnaît Bruno Faure. L’hôtellerie, notamment, connaît de sérieuses difficultés. Elle a perdu ces deux dernières années 7 % de son volume de nuitées. Le territoire ne recense que 121 hôtels, dont un tiers non classés. De plus, ces hôtels présentent des faibles tailles (en moyenne 18 chambres par établissement). Ramené sur l’année, le taux d’occupation d’un hôtel cantalien non classé reste limité à 32 %. Un niveau bien trop bas vis-à-vis des normes de rentabilité. Les établissements qui ont choisi de monter en gamme connaissent en revanche une situation plus favorable, avec un TO moyen à l’année de 49 % pour les hôtels 3*.

Evolution nombre d’hôtels Cantal

Plus préoccupant, en cinq ans, l’offre hôtelière a perdu 12 % de lits touristiques, et même des établissements viables et aux normes ont des difficultés à trouver des repreneurs. « Les petites structures sont à la peine ces dernières années, concède Bruno Faure. Elles ont des difficultés à s’adapter à des réglementations normatives très contraignantes. Cela représente un coût, limite leur capacité et conduit finalement les acteurs à fermer l’établissement. » Du reste, l’hôtellerie n’est pas déterminante dans l’industrie touristique locale, puisqu’elle n’absorbe que 7,4 des nuitées. L’hôtellerie de plein air ne fait guère mieux, puisqu’elle n’abrite que 5 % des nuitées. En 2018, leur fréquentation a même diminué de 5 %, mais ces baisses sont essentiellement dues à un facteur climatique et Bruno Faure est plus confiant dans l’avenir: « Il y  avait des petits campings de 40 à 50 places, qui ont connu des difficultés. À mon sens, le seuil de rentabilité en la matière se situe autour de 100 places. »

Les chambres d’hôtes sont certes en hausse, mais on ne peut pas dire qu’elles dominent le marché. Les 628 chambres d’hôtes du département connaissent un taux moyen de fréquentation de 17 %. Leur impact sur les chiffres est presque anecdotique, mais elles  ont le mérite d’attirer une nouvelle clientèle et d’être en cohérence avec le tourisme du département. L’immense majorité des nuitées hôtelières concerne donc l’hébergement non marchand, c’est-à-dire les résidences secondaires. L’étude de l’Agence de développement touristique locale indique même que les « habituellement présents » (personnes possédant des résidences secondaires ou résidant en famille ou chez des amis), avec 1,5 million de nuitées non marchandes, confortent sensiblement l’activité touristique du Cantal.

Répartition lits suivant niveau de confort Cantal

La dynamisation de l’activité passe par un développement d’hébergements haut de gamme et, surtout, cohérents avec le tourisme vert. Ce n’est pas toujours évident, car les investisseurs sont souvent découragés par les taux d’occupation moyens. Pourtant, de nombreux exemples, comme celui de Serge Vieira à Chaudes-Aigues ou de la famille Combourieux à Pailherols, montrent de belles réussites. Il faut aussi dire que les aides des pouvoirs publics sont désormais limitées pour soutenir l’industrie touristique. « Notre rôle est de mobiliser les acteurs et de les soutenir, rappelle Bruno Faure. Nous avons désormais interdiction de les financer, mais nous pouvons intervenir comme facilitateurs en apportant une aide en termes d’ingénierie. »

Les chiffres

79 établissements classés
163 chambres pour 3902 lits
42 établissements non classés
577 chambres, pour 1383 lits

3 et 4 étoiles :
42 hôtels, 890 chambres

2 étoiles :
37 hôtels, 741 chambres

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