Dans le secteur de la restauration, les formations sont souvent reléguées au second plan par manque de temps. La crise sanitaire bouleverse la donne. Et si ce temps de réduction d’activité forcé était aussi l’occasion de monter en compétences ?
Entre deux services, il n’est pas toujours facile de se dégager du temps pour se former. Actuellement, le quotidien du secteur de la restauration est bien différent. Cette réduction d’activité soudaine peut être mise à profit pour découvrir ou redécouvrir des techniques et des moyens d’apporter un regard nouveau sur le métier. De nombreux organismes proposent des formations, adaptées au contexte actuel, notamment grâce à des modules en distanciel. Grâce au dispositif FNE-Formation, elles sont prises en charge à 100 % par l’État pour les salariés en chômage partiel jusqu’au 31 décembre 2020.
« Les acteurs de la restauration ont malheureusement du temps qui leur est imposé. Il faut en profiter pour reconsidérer la formation. C’est une pratique souvent négligée dans ce milieu car les gens sur le terrain sont bien trop occupés. Elle est pourtant fondamentale, estime-t-on au bureau de conseil en restauration ON. Vous avez beau avoir le meilleur concept, le meilleur business plan , si sur site vous n’avez pas des équipes sensibilisées à certaines notions, la rentabilité ne sera jamais au rendez-vous. »
Bureau ON conseille les entreprises du secteur CHR.
Bureau ON est convaincu que pour maîtriser certains aspects du métier, il n’y a rien de tel que la formation. Le bureau de conseil offre des contenus ciblés et 100 % personnalisables autour de plusieurs thématiques, dont le management, la gestion financière, l’expérience client ou encore le droit du travail en restauration. Pour ce faire, il soumet un questionnaire au préalable à l’entreprise pour identifier au mieux ses besoins et proposer des solutions concrètes. Tous leurs modules peuvent être assurés en distanciel sur une durée adaptée aux restaurateurs et aux hôteliers. « De nombreux clients nous disent qu’ils ont des salariés en chômage partiel depuis six mois et qu’il est très difficile pour eux d’être inactifs aussi longtemps. La formation permet ainsi de se retrouver, de profiter d’un moment ensemble et surtout de monter en compétences. Ce sont des instants qui sont fondamentaux pour préparer demain » , conclut le bureau ON.
De son côté, l’organisme Franck Thomas Formation mise sur l’envoi de « vinotes », des mignonnettes de vin, pour rompre l’isolement des salariés et rendre la formation plus gourmande. « Nous essayons de faire vivre l’expérience conviviale à travers le digital », résume Franck Thomas, meilleur sommelier d’Europe et de France, meilleur ouvrier de France et fondateur de Franck Thomas Formation. Spécialisé dans le vin, l’organisme propose deux offres de programmes numériques adressés aux restaurants : l’un sur la vente et la connaissance du vin et l’autre sur la dégustation. L’ensemble du coaching se passe, là aussi, en distanciel. Les cuvées sont présentées en vidéo. Le salarié en apprentissage peut ainsi réaliser les activités et envoyer ensuite des vidéos ou son travail écrit via la plate-forme dédiée.
Des échanges inspirants
L’atelier des chefs est le nouveau champion de la formation digitale professionnelle. Après avoir levé 1,20 M€ en décembre dernier, il a lancé un module d’inspiration sur i-Chef Pro.
L’atelier des chefs et bonduelle food service lancent i-Chef Pro, une plateforme d’inspiration et de formation culinaire ainsi que des outils de base de gestion.Fondée par Nicolas Bergerault, cette plateforme, dont l’activité a fortement accéléré, épaule les restaurateurs dans la composition de leur menu. « Un chef dans un bistro de quartier tourne parfois en rond pour trouver des idées de recettes et pour changer sa carte. D’autant plus, qu’en ce moment, il y a des besoins spécifiques autour de régimes spéciaux », analyse Nicolas Bergerault. L’atelier propose ainsi tous les quinze jours un programme de cinq entrées, dix plats et cinq desserts. « Le restaurateur fait sa sélection. Une fois effectuée, il va pouvoir former son équipe aux nouvelles recettes grâce à nos modules. Ces derniers sont disponibles sur smartphone, ce qui nous permet de toucher tous les types de population » , détaille-t-il. Pour ce projet, l’organisme s’est associé à Bonduelle Food Service et Socopa. Chez Cafés Richard, la formation est aussi très prise au sérieux. Le torréfacteur observe un vrai virage et une transition profonde de son offre de contenus pédagogiques. À l’horizon 2021, il proposera une vingtaine de modules numériques sur des sujets variés.
« Nous mettons, par exemple, au point une formation caféologie. Nous enverrons un kit avec tous les cafés qui sont à déguster. Il faudra juste prendre une tasse, un peu d’eau chaude et suivre le formateur à distance » , explique Michael McCauley, directeur de l’Académie du café. La formation se veut interactive, « ce ne sera pas seulement une vidéo à regarder » , souligne-t-il. L’échange reste le fondement de l’apprentissage pour les Cafés Richard. D’autres contenus autour du chocolat et du thé viendront grossir la formule digitale sur cette nouvelle plateforme d’e-learning. Il y aura des vidéos pour former les restaurateurs à la carte du thé/café gourmand, mais aussi un guide pour nettoyer sa machine à café. « C’est une autre gymnastique, mais nous allons vraiment capitaliser nos efforts sur cet outil digital. Même après la crise, il permettra aux gens qui habitent en région de vivre l’expérience de l’Académie du café à distance », conclut Michael McCauley. Que ce soit à distance ou en présentiel, les formations demeurent le meilleur moyen non seulement pour monter en compétences, mais aussi pour souder les équipes. Le milieu de la restauration a une chance à saisir avec cette réduction de l’activité.