Ces liqueurs à base de rhums ont connu ces dernières années des croissances vertigineuses. Même si les CHR sont en retrait par rapport à la tendance, les principaux fabricants construisent aujourd’hui des gammes adaptées à ce marché spécifique.
Le segment des rhums arrangés représente désormais plus de 10 % des ventes de rhums. Entre 2015 et 2021, les exportations de ces liqueurs depuis La Réunion vers la métropole ont été multipliées par dix. C’est en effet sur l’île de La Réunion que sont produits la plupart des arrangés présents dans l’Hexagone. L’Île intense pratique depuis longtemps une tradition de mélanges de fruits ou d’épices dans le rhum. Depuis deux ans, Rivière du Mât est devenu le leader du secteur.
Mais Isautier, maison familiale, a longtemps occupé cette position et a joué les pionniers en lançant, dès 1979, la première référence du genre : le rhum gingembre-citron. Aujourd’hui, la gamme compte neuf références, dont six vendues en Métropole. La collection s’est densifiée au fil des années, avec l’arrivée en 2010 d’une bouteille carrée et le lancement, en 2013, du produit vedette de la collection : Banane flambée. Mais surtout, en 2022, Isautier a lancé une gamme spéciale CHR, la Fresque de La Réunion, intégrant quatre mélanges inspirés des quatre climats de l’île : Océanique (coco/ vanille), Volcanique (goyavier/ananas victoria/ piment-oiseau), Intense (citron 4 saisons/ gingembre) et Tropical (combava/menthe).
Alors que la gamme d’arrangés de la marque, destinés à la grande distribution, titre entre 37 ° et 40 ° selon les références, les éléments de la Fresque affichent une teneur en alcool de 30 °. « Nous privilégions habituellement des rhums de mélasse qui ont un haut pouvoir alcoolique (95 °) et un faible pouvoir aromatique, afin de privilégier l’expression du fruit, précise Louise Bouilloux, responsable des arrangés chez Isautier. Mais dans le cadre de la fresque, nous avons travaillé avec des rhums IGP Réunion plus aromatiques. Aussi, pour ne pas masquer le fruit, nous avons dû descendre la teneur en alcool. »
Un savoir-faire
Selon les parfums, les techniques d’élaboration sont nuancées. Isautier travaille exclusivement avec des purées de fruits et des jus purs. À l’issue de la macération, le produit est filtré. Fruits et épices macèrent séparément selon des temps variables. Cette macération peut aussi être obtenue via une distillation. On trouve de belles collections d’arrangés chez plusieurs distillateurs réunionnais, comme Chatel qui vient de sortir un arrangé vanille faisant avantageusement oublier le Bailey’s.
En Métropole, La Martiniquaise réserve les arrangés de sa filiale réunionnaise, Rivière du Mât, à la grande distribution. « Pour le CHR, explique Jean-Louis Denis, directeur commercial hors foyer du distributeur, nous misons sur les Arrangés de Saint James qui contiennent de vrais fruits et qui sont plus adaptés à ce marché. » Depuis quelques années, divers fabricants d’arrangés ont vu le jour en Métropole, à l’instar de Ti Ced’, créé en 2011 et racheté par Dugas en 2018. Ce dernier, désormais sous le contrôle de Stocks Spirits, a aussi signé un partenariat avec la maison de rhums martiniquaise HSE et sa filiale la Fabrique de l’arrangé, installée à Marcoussis (Essonne).
À Saint-Malo, Malo Rhum décline toute une gamme d’arrangés, fruités, mais aussi cuisinés, à l’image de Zwaï, un rhum aux arômes d’agneau des prés salés du Mont- Saint-Michel et vieilli dans d’anciens fûts de whisky tourbé. D’ailleurs, la catégorie s’étend désormais au-delà du rhum. Le calvados entre dans la danse. La maison Busnel, à Cormeilles (Eure), décline depuis 2019 une gamme de quatre calvados arrangés (ananas, vanille, banane et orange café). « Les ventes représentent encore de petits volumes. Mais il y a un véritable engouement, note Bénédicte Baude-Vattier, responsable tourisme et communication de la marque. Nous le sentons au niveau de notre espace dégustation, où beaucoup de jeunes et de femmes qui hésitent devant le calvados, sont séduits par ce produit. »
