SIA 2025 : vers le renouveau de l’agriculture française ?
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Du 22 février prochain au 2 mars se tiendra la grande messe de l’agriculture, le Salon international de l’agriculture (SIA), Porte de Versailles à Paris. Face aux difficultés rencontrées par les agriculteurs, cette édition est jugée comme cruciale par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Elle souhaite procurer un nouveau souffle à nos agriculteurs. Un vœu pieux ?

Le 61e Salon international de l’agriculture (SIA) se déroulera du 22 février au 2 mars prochain, une nouvelle fois au parc des expositions de Paris-Porte de Versailles. Une grande messe annuelle où nos exploitants agricoles vont à la rencontre des Français. Mais cette année, l’enthousiasme a de fortes chances de ne pas être au rendez-vous. Car l’état actuel de la plupart des exploitations agricoles, agriculteurs, viticulteurs et autres, frise l’embolie.
Les raisons ?
Météo désastreuse en 2024, maladies diverses et variées, comme le mildiou, concurrence accrue, normes environnementales surdimensionnées par rapport à celles appliquées chez les concurrents européens, pour ne parler que d’eux… Le SIA serait celui de la dernière chance pour “sauver” notre agriculture. C’est ce qui ressort des propos d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, lors de la présentation du SIA 2025. Du reste, cette année, la signature du salon est « Sous le signe de la fierté française ».

Une nouvelle respiration
« Le SIA 2025 ne ressemble pas aux précédentes éditions, constate d’emblée la ministre. Rien n’a été épargné à la ferme France l’année dernière. Nos producteurs, nos vignerons, nos éleveurs ont été mis à mal. Leur moral est atteint. J’attends donc de ce salon une nouvelle respiration. Un nouveau souffle ! »

Le saviez-vous ? La production française en repli…
70 % des fruits consommés en France sont importés.
50 % des agneaux consommés en France sont importés.
50 % des poulets consommés en France sont importés
« Auparavant, nous étions autosuffisants pour le poulet. Notre agriculture a atteint un niveau d’alerte. Elle est fragilisée. Il nous faut rebondir. Pour autant nous ne sommes pas pour un “trumpisme” alimentaire » : Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Une prise de position qu’un certain nombre d’agriculteurs auront du mal à comprendre.
Et Annie Genevard d’égrener les mesures financières qui viendront en aide aux agriculteurs, suite au vote du budget par le Parlement. Notamment, la baisse des charges de l’ordre de 500 millions d’euros. Puis d’ajouter : « L’alimentation est une arme stratégique et la France ne peut pas demeurer bouche bée face à la concurrence internationale. Nous devons, par exemple, mettre un terme à l’excès de normes. De plus, la hausse des importations en France est un signal d’alerte. Une ère de reconquête débute. » A noter que la ministre et ses équipes seront présentes durant les neuf jours du salon.

Le Maroc à l’honneur
Avec le Maroc, les synergies sont nombreuses entre les deux pays
Cette année, le salon devient véritablement international. En effet, l’édition 2025 met à l’honneur un pays pour la première fois, à savoir le Maroc. « C’est le choix du cœur et de l’avenir, souligne Jérôme Despey, président du SIA depuis avril 2024. L’international devient une marque de fabrique du salon. Avec le Maroc, les synergies sont nombreuses entre les deux pays. » Comme, par exemple, la gestion de l’eau.
Le Maroc connaît la 6e année de sécheresse. Pour autant, son agriculture continue de produire. Face aux changements climatiques, le savoir-faire marocain sera donc utile à l’agriculture française. « Notre pays a la volonté d’être souverain dans l’alimentation tout en utilisant le moins d’eau possible », remarque El Mahdi Arrifi, directeur général de l’Agence pour le développement agricole. Du reste, la France sera à son tour l’invitée d’honneur lors du prochain Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), du 21 au 27 avril à Meknès. Environ 40 exposants français sont attendus. Quoi qu’il en soit, il s’agit de la 13e participation du royaume chérifien au SIA. Cette année, le stand occupe une surface de 476 m2. Le terroir marocian sera mis à l’honneur avec des produits issus de différentes coopératives, comme les dattes, le safran, l’huile d’olive, etc. Une délégation de cent personnes sera présente. Elle sera composée, entre autres, de sportifs, d’artistes et de chefs. Ces derniers mettront à l’honneur l’art culinaire marocain, comme il se doit.

Le rebond agricole français est-il compatible avec la mondialisation ?
Comment peut-on afficher la volonté de relancer l’agriculture française alors que dans le même temps le SIA met à l’honneur un pays concurrent ? Sans parler du Mercosur… Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, tient à rappeler que ce sont les organisateurs du SIA qui ont choisi le Maroc et non le Président de la République. Tout en indiquant que ce choix est le bienvenu. D’aucuns apprécieront. « Un pays se doit de pouvoir nourrir sa population. Ce qui n’exclut en rien les exportations comme les importations. Il n’y aura pas de repli sur soi de la part de la France. »
Quant à la question des tomates marocaines importées dans l’Hexagone, la ministre souhaite relancer le comité franco-marocain de la tomate afin de trouver un « gentlemen agreement afin de régler les différents ».
2 000 éleveurs présents
Créé en 1964, cette manifestation internationale accueille chaque année 620 000 visiteurs en moyenne et occupe les neuf halles du parc des expositions. Il s’agit du 1er salon en Europe dédié à l’alimentation. Quelque 4 000 animaux seront présents, dont 500 participeront aux différents concours. En revanche, les volailles et les poules sont absentes, grippe aviaire oblige. Véritable ville dans le ville, 2 000 éleveurs vivront sur place durant les neuf jours de la manifestation. A noter, le SIA offre le stand au département de Mayotte, un geste qu’on ne peut qu’apprécier. Par ailleurs, un espace innovation mettra en avant 44 startups. Celles-ci présenteront les nouveaux usages qu’il est possible de réaliser avec des produits agricoles. On pense, notamment, à l’isolation des bâtiments. Date aussi à retenir ; le 26 février sera la journée de la communication agricole positive.
Demeure une question…
Enfin, cette année une charte a été rédigée. Elle concerne la sécurité au sens large du terme. A savoir celle de la visite des politiques. Plus de 70 y sont attendus. Jérôme Despey ne veut plus, par exemple, de la fermeture d’un hall lors d’une déambulation d’un officiel. Sécurité aussi pour les visiteurs et les exposants. Pas question de revoir certaines scènes où l’alcool avait un peu trop coulé. Demeure une question : quel sera le prochain pays invité d’honneur en 2026 ? L’Algérie ? Un doute plane…