Arras : la culture conviviale du bistrot

Arras est une ville dont l’activité culinaire et bistrotière s’articule autour du centre-ville, et notamment la place des Héros et son magnifique beffroi. Les brasseries sont le fer de lance de cette attractivité gastronomique locale.

Le Beffroi d'Arras.
Le Beffroi d'Arras. Crédits : La Revue des Comptoirs.

Plus de cinquante ans après la chanson d’Enrico Macias (Les Gens du Nord, 1967), la chaleur humaine des habitants de l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais (rebaptisée Hauts-de-France depuis 2014) se vérifie encore aujourd’hui. Et particulièrement sur les terrrasses et aux comptoirs des bars, bistrots et estaminets de cette partie de la France. Arras, deuxième ville la plus peuplée du Pas-de-Calais et préfecture du département, incarne cette tradition du partage à table. « Les gens sont proches les uns des autres ici. Le système de l’accueil est celui de la reconnaissance mutuelle. La culture se fait comme ça, avec un bon welsh ou un burger », reconnaît Pierre Nouchi, président de l’Umih du Pas-de-Calais (62). Arras est aussi une ville bien desservie, facilement accessible depuis Paris par l’autoroute et plus encore par le TGV (environ 50 min à partir de la Gare du Nord).

Selon les catégories socioprofessionnelles de sa population active, la commune est composée principalement d’employés (31,2 %) et de professions intermédiaires (24,5 %). Les classes moyennes y sont bien représentées aujourd’hui et le profil des agriculteurs a évolué, note Pierre Nouchi. Cette même période de transition sociale, à Arras, coïncide avec « une concentration de bistrots et de restaurants » , éloignée du « haut de gamme » , mais davantage orientée vers « la bistronomie, la brasserie et les cafés », observe le patron de l’Umih 62. Une quasi-absence de gamme gastronomique supérieure semble s’être accentuée ces dernières années, et d’autant plus avec la crise sanitaire. Si la ville a accueilli un temps des restaurants étoilés au Guide Michelin (le Chanzy pendant quinze ans, l’Ambassadeur, la Faisanderie), ce n’est plus le cas aujourd’hui.

La Bulle d’O, seul établissement récompensé d’une « assiette » par le guide rouge, a annoncé, le 29 mai, qu’il ne rouvrirait pas après sept années de service. « Nous avons décidé de fermer ce beau chapitre Bulle d’O pour en écrire un nouveau », précise le restaurant sur sa page Facebook. L’aventure continuera « sous une autre forme et une nouvelle identité » , mais rien ne dit si le « nouveau concept » de ce lieu conservera son exigence culinaire. La Faisanderie, dont le Gault & Millau attribue une toque, est lui actuellement fermé. « Les exigences du covid nous limite à 15 couverts en moyenne au lieu de 35, explique le propriétaire Laurent Duburquoy. Dès lors où il y aura un assouplissement de ces exigences sanitaires, nous pourrons rouvrir. La réflexion sera peut-être de créer une terrasse et réaménager le haut du restaurant.Mais aujourd’hui, nous sommes au point zéro. »

Mis à part quelques restaurants conceptuels, à l’instar de L’Œuf ou la Poule, la ville d’Arras reste donc résolument tournée vers une offre culinaire de moyenne gamme (bavette, burger-frites, andouillette, planches), où l’on peut bien manger pour moins de 20 . La ville-préfecture voit également se développer et s’agrandir les terrasses de son centre-ville et notamment sur la place des Héros, où depuis plus de deux ans, les bars et brasseries installés bénéficient d’une piétonisation complète. Une place sur laquelle trône fièrement le beffroi d’Arras, élu « Monument préféré des Français », en 2015, dans l’émission de France 2 présentée par Stéphane Bern.