Nantes, ville plurielle

Emploi et population en croissance d’un côté, entrepreneurs de la restauration ambitieux de l’autre, Nantes réunit les ingrédients idéaux pour voir émerger des concepts novateurs. Son CHR est le reflet des principales évolutions que connaît le secteur à l’échelle nationale, de l’hypercroissance de la restauration rapide à l’implantation de food court.

L'hôtellerie-restauration représente 4 % de l'emploi salarié privé du bassin nantais. Crédit : La Revue des Comptoirs.
L'hôtellerie-restauration représente 4 % de l'emploi salarié privé du bassin nantais. Crédit : La Revue des Comptoirs.

Avec une augmentation de la population d’1,3 % par an, Nantes peut se targuer d’enregistrer un rythme deux fois et demie supérieur à la moyenne nationale. La raison tient en grande partie à la vitalité économique de la cité des Ducs et de sa métropole, qui affichent une croissance de l’emploi nettement supérieure à la moyenne nationale.

Le taux de chômage s’établit à 6,6 % contre 8,4 % en France. L’hôtellerie-restauration, qui pèse pour près de 4 % de l’emploi salarié privé du bassin nantais, contribue à cette bonne santé économique, avec des embauches en croissance (11 875 employés fin 2018, + 2,4 % sur un an*) et une capacité à se réinventer.

Nantes : laboratoire de tendances

« Nantes sert souvent de laboratoire, décrypte Anne Girault, conseillère commerce de la CCI. Par exemple, c’est ici que la conserverie La BelleIloise a choisi d’ouvrir son premier restaurant. Nous comptons 550 établissements dans la ville, avec un taux de renouvellement très actif. » Ainsi, seuls 33 % des établissements en activité au 31 décembre 2010 l’étaient encore huit ans plus tard. Sur cette période, l’offre de restauration en ville a muté : la restauration rapide a crû de 21 %, taillant des croupières à la restauration traditionnelle.

Une offre bistronomique a parallèlement émergé (quand celle des étoilés a stagné) et des pâtisseries hybrides haut de gamme ont fleuri. « À Nantes, on a la chance de souvent synthétiser ce qui se passe en France, confirme Frédéric de Boulois, président de l’Umih 44. La première tendance va vers un regroupement de certains établissements, avec la volonté de développer une offre qualitative dans des lieux où il n’y en a pas beaucoup. Parallèlement, nous notons le développement de nouveaux concepts portés par des indépendants. » 

Éviter la concentration des CHR au centre-ville

Sans surprise, près de la moitié des établissements de CHR de la ville ont choisi de s’implanter dans l’hypercentre. « Il y a eu un travail effectué, un peu particulier, pour la création d’un espace protégé dans le centre-ville afin d’éviter la concentration d’entreprises du tertiaire, au détriment d’autres commerces », souligne Frédéric de Boulois. La municipalité s’attelle à redessiner le cœur de Nantes et porte des projets ambitieux, dont celui du réaménagement des bords de Loire.

Sur l’île de Nantes, les anciennes Halles Alstom abriteront ainsi sous peu un food hall de 1 000 m2. L’appel à candidatures pour une dizaine d’offres de restauration s’adressait à des « restaurateurs passionnés, privilégiant des produits locaux et de saison, autour d’une offre inventive, accessible et renouvelée ». Les « artisans culinaires » avaient jusqu’au 8 mai pour déposer leur dossier. Les entretiens avec les candidats sont en cours et une première sélection sera annoncée au 1er trimestre 2020. L’espace de 200 places, pourvu d’une mezzanine de 100 places et d’une terrasse couverte de 80 places, devrait être inauguré au 1er trimestre 2021. Rendez-vous est pris…

* Les Synthèses de l’Auran, n° 47, juin 2019.

Auteur : Lise Chastang