Nouvelle génération brasseurs

  • Temps de lecture : 3 min

La brasserie est en pleine ébullition avec en ses rangs de jeunes brasseurs engagés, créatifs et intégrant les enjeux de développement durable dans la fabrication. Portrait croisé de deux passionnés qui feront la bière de demain.

Il faut compter environ 2 100 brasseries à la fin de 2020, soit 20 % de plus par rapport à la fin de 2019, ce qui fait de la France le premier pays européen en nombre de brasseries. Il s’en crée d’ailleurs une nouvelle tous les trois jours. Mais qui sont ces nouveaux brasseurs, d’où viennent-ils ? On assiste véritablement à l’émergence d’une nouvelle génération de brasseurs, non seulement des jeunes entre 25 ans et 35 ans qui intègrent les brasseries avec une solide formation et une première expérience de terrain acquise pendant leurs études, mais aussi des jeunes en reconversion qui ont travaillé quatre à cinq ans en entreprise et qui sont passionnés par la bière. On les retrouve au sein des brasseries artisanales ainsi que dans les grandes brasseries industrielles leaders du secteur. Stéphane Munch, directeur de la brasserie Kronenbourg d’Obernai, est « fier de compter ces jeunes maîtres brasseurs, de la génération des millénials, dans ses équipes. Ils sont à la fois passionnés par le savoir-faire de leurs aînés, qu’ils perpétuent avec beaucoup d’application, et par les nouvelles technologies de brassage. L’esprit d’équipe est également important pour eux tout autant que l’autonomie, aussi nous veillons à leur donner l’occasion de prendre des responsabilités et nous nous assurons qu’ils aient des opportunités d’évolution en interne ». L’un des points forts de la jeune génération est d’abord une solide formation aux techniques de brassage de plus en plus pointues dans le secteur agroalimentaire. Sur le terrain, cela fait toute la différence, Céline Chauvin, directrice de la fabrication et capitaine d’équipe à la brasserie Kronenbourg, l’observe tous les jours. « Ils sont immédiatement opérationnels et nettement meilleurs sur tout ce qui est qualité et savoir-faire. Les anciens qui étaient là quand je suis arrivée avaient d’abord et surtout appris sur le tas, par la transmission du savoir et l’expérimentation au fil du temps. » Autre atout, leur intérêt pour les nouvelles technologies et l’intégration du développement durable dans la stratégie de la brasserie. Ces jeunes aiment relever les défis, ils sont avides d’expérimenter, de tester et de mettre en place de nouvelles méthodes de fabrication comme le dry hopping (houblonnage à cru pour diffuser l’arôme du houblon), les bières non filtrées ou encore le sans alcool. Par ailleurs, la capacité d’adaptation de ces jeunes à un univers en pleine ébullition se révèle être une force. Comme le souligne Céline Chauvin, « ils ne se compliquent pas la vie devant un problème : ils arrivent à prendre les choses en main, à anticiper, avec une certaine maturité, une belle prise de recul et beaucoup de fluidité. Leur solide connaissance théorique leur apporte cette confiance et cette autonomie ». Si la nouvelle génération apporte beaucoup à la bière, elle peut compter sur la transmission d’un long savoir-faire de la part de la génération qui la précède. « Quand nous arrivons à la brasserie, un “ parrain ” ou “ formateur ”, souvent un brasseur doté d’une longue expérience, nous prend sous son aile », se souvient Pierre Brennion, jeune maître brasseur chez Kronenbourg. Céline Chauvin, qui a plus de 20 ans d’expérience, accorde une importance essentielle au collectif : « Il y a peu de choses que nous fassions seuls. La fabrication, c’est un travail d’échanges en équipe pour atteindre un même but : faire une bière qui soit la meilleure possible. »

PARTAGER