Un an à l’épreuve du Covid avec Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France

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Après avoir traversé un tunnel de plus d’un an, entre inactivité et réouverture sous contrôle, les cafés-restaurants voient le bout du tunnel. Cette période pénible a laissé des séquelles mais aussi ouvert de nombreuses opportunités. Nous sommes partis sur le terrain pour prendre le pouls de cette profession convalescente. Entretien avec Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France.

La douche écossaise : Le pire moment de découragement ? Le meilleur souvenir ?

L’annonce du premier confinement nous a pris par surprise, c’était la douche écossaise mais on s’est dit que cela n’allait pas durer. Le pire fut véritablement le second confinement et l’absence de perspectives. Cette parenthèse sans fin est une période sombre et déprimante pour tous les brasseurs de France. Mon meilleur souvenir, l’effervescence en juin 2020 autour de la réouverture où on a pu observer le formidable élan de solidarité des Français. Ils sont retournés chez nos clients restaurateurs, ils ont acheté de la bière en direct, ils ont répondu à l’appel de tout le secteur du “Voyagez en France et soutenez les producteurs locaux”. Ça a sauvé beaucoup de brasseries. 

Adaptation : qu’est-ce qui a changé pour Brasseurs de France durant cette parenthèse ? 

On est passé d’un centre de service classique, du travail d’un syndicat, à un centre de crise pour gérer les nouvelles problématiques rencontrées. Nous avons également été très en lien avec les cabinets ministériels au quotidien pour gérer la crise, c’était très nouveau pour nous.

Comment jugez-vous l’action du gouvernement face à la pandémie?

On a un gouvernement très à l’écoute, en soutien des brasseurs. Après il n’est pas toujours facile d’adapter le dispositif général à chaque cas particulier, mais on a globalement réussi à le convaincre.

Le côté positif : Et si la crise avait aussi du bon ?

Je veux croire que dans trois ans on sera plus fort, mais la crise a été violente même si effectivement elle va entraîner des évolutions. Elle pose ainsi le sujet du réseau de vente. Jusqu’alors la plupart des brasseries passait principalement par le canal CHR et événementiel donc aujourd’hui la question de la diversification se pose. Aussi, cette parenthèse a permis aux brasseurs de repenser leurs projets et de réaliser des travaux plus facilement. Avant la crise, le secteur était en pleine croissance et d’investissement. Aujourd’hui plus que jamais la brasserie française doit réfléchir au cap qu’elle souhaite maintenir et à son avenir d’ici 10 ans. Notre enjeu immédiat est de limiter les dégâts, puis de se projeter à 2030. 

Demain sera : comment entrevoyez-vous l’avenir ?

Le travail accompli par les brasseurs ces 20 dernières années commence à payer donc je suis optimiste pour l’avenir. Les gens ont manqué de vie et de chaleur humaine. Je suis convaincu qu’on va retrouver la vie d’avant, en même plus conviviale. La bière produit justement de la convivialité, il faut juste sortir de cette crise.

Aide : actions mises en place pour accompagner la reprise du CHR ?

Les brasseurs, distributeurs et grossistes ont fortement soutenu le CHR tout au long du combat. De la survie des restaurants dépend aussi celle des brasseurs. On a mis en place des opérations ponctuelles comme “J’aime mon bistrot” pour précommander des repas en vue d’apporter de la trésorerie aux patrons. Aussi, on s’est battus pour la réouverture, c’est le meilleur plan de relance qui soit. On a même manifesté aux Invalides avec nos clients, c’était une grande première pour les brasseurs ! Nous avons également beaucoup préparé la réouverture avec un accompagnement technique. On a travaillé main dans la main, affrontant les épreuves ensemble.

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