Les Grands Boulevards, le dernier-né de l’Experimental Group

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Un hôtel quatre étoiles de 60 chambres vient de s’installer sur les Grands Boulevards, un quartier dont la fréquentation reste encore très populaire. Cette création de l’Experimental Group résulte de la restructuration d’un immeuble construit un peu avant la Révolution française.

Imaginé par le trio de l’Experimental Group, constitué d’Olivier Bon, de Pierre-Charles Cros et de Romée de Goriainoff, l’hôtel des Grands Boulevards vient d’ouvrir ses portes, boulevard Poissonnière (Paris 2e ). Les trois entrepreneurs avaient déjà créé ces deux dernières années deux établissements, l’un à Londres, L’Henrietta, et le deuxième à Paris, le Grand Pigalle. Mais ce dernier ne disposait que de 32 chambres.

Le nouvel établissement, qui accueille le public depuis près de trois semaines, dispose d’une soixantaine de chambres classées quatre étoiles, d’un vaste restaurant de 80 places assises. Une équipe de 35 salariés est mobilisée autour de ce démarrage.

Cet hôtel est le résultat de trois ans de travail (un an de démarches administratives, six mois pour obtenir le permis de construire et dix-huit mois de travaux). Pour asseoir son projet, l’Experimental Group a pu contrôler un immeuble entier de quatre étages. « Il est aujourd’hui difficile de créer un hôtel dans un immeuble de moins de 1 500 m² si l’on souhaite disposer d’un nombre intéressant de chambres, mais aussi pour construire un outil aux normes », indique Olivier Bon . Seuls les murs et les planchers ont été conservés.

Tout le cloisonnage a été refait pour créer des chambres d’au moins 14 m² et des couloirs de 1,40 m de largeur. Une vaste installation aéraulique a été mise en place sur les toits pour assurer une ventilation optimale.

Des nuitées de 200 à 350 euros

Selon les niveaux, les chambres bénéficient de hauteurs sous plafond différentes et certaines ont été aménagées sous les combles, au dernier étage. Le prix des nuitées évolue selon l’espace, entre 200 et 350 euros. La décoration a été confiée à Dorothée Meilichzon qui a déjà travaillé par le passé avec l’Experimental Group. Reprenant en leitmotiv le paradoxe de la position de l’hôtel, caché au milieu de l’agitation des boulevards, elle a choisi de décloisonner les espaces en mélangeant espaces intérieurs et extérieurs, les objets et des matériaux : terre cuite, végétaux, treilles, serre, fontaine, statues, grillage.

Clin d’œil au XVIIIe siècle, cette composition évoque l’atmosphère pasto rale de la ferme de Marie-Antoinette en ajoutant des poêles en fonte, des carreaux de faïence bleu délavé, un chauffe-plats de l’époque du Petit Trianon, du bois, de la chaux… Ce côté champêtre est même renforcé par les tabliers verts du personnel qui évoquent ceux des jardiniers.

Une cuisine ouverte sur le restaurant

L’édifice, qui date de la Révolution, est un des deux seuls immeubles des Grands Boulevards installés en retrait de l’alignement général des façades. Un couloir permet d’accéder à la conciergerie qui a pris place dans l’ancienne loge de concierge.

L’immeuble forme un carré au milieu duquel un vaste patio se dessine et dans lequel a pris place le Grand Restaurant, niché sous une vaste verrière. Dirigé par le chef Giovanni Passerini, il s’organise autour d’un bar en îlot central, qui fonctionne un peu comme le cœur de l’établissement. Le ticket moyen du restaurant se monte à 25-30 euros au déjeuner et à 65 euros au dîner. La disparité des tarifs est notamment due à une formule entrée-plat ou plat-dessert (22 euros) et entrée-plat-dessert (27 euros). Le restaurant dispose d’une cuisine ouverte.

Installée par le cuisiniste britannique londonien MJB, elle intègre un piano central Charvet. Au-delà de la transparence qui existe entre la salle et la cuisine, Olivier Bon et ses associés ont voulu abolir davantage les frontières entre les deux espaces. De par le positionnement des passe-plats, cette installation incite les cuisiniers à participer directement à l’animation de la salle. On note que certaines tables bénéficient d’une vue directe sur les surfaces de préparation. Olivier Bon explique qu’il a été attentif à réduire les investissements en cuisine. C’est notamment la raison du choix d’un installateur britannique.

« Nous avons été attentifs sur chaque détail. Les coûts des cuisines explosentaujourd’hui et c’est très difficile, dans ces conditions, de rentabiliser l’outil même si dans nos hôtels nous attirons une large clientèle hors hébergement. Globalement, nous nous efforçons d’équilibrer nos comp tes dans le secteur de la restauration. Les vraies sources de rentabilité sont le bar à cocktail et l’hôtellerie. » Un second bar, à l’ambiance plus feutrée, a pris place sur le côté. Spécialisé dans les cocktails, il n’ouvre qu’à partir de 18 heures.

13 millions d’euros de travaux

Les trois associés ont investi 13 millions d’euros dans ces travaux de création d’un hôtel-restaurant. Ils ne sont pas propriétaires des murs et se sont contentés de créer un fonds de commerce dans cet immeuble. La baisse de la fréquentation hôtelière parisienne, consécutive aux attentats et à l’émergence de la concurrence d’Airbnb, ne les effraie pas. « Je crois au contraire que cette période a été salutaire pour l’hôtellerie parisienne, souligne Olivier Bon. Elle l’a poussée à se remettre en question, à améliorer son offre et son service. Nous avions depuis longtemps pris en considération ce facteur. D’ailleurs, le Grand Pigalle, que nous avons ouvert il y a deux ans, enregistre d’excellents résultats. » L’hôtel des Grands Boulevards devrait apporter satisfaction à ses propriétaires. Deux semaines après son ouverture, il affichait déjà un taux d’occupation de 50 %. Olivier Bon faire mieux avant la fin de l’année.

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