«C’est toute une profession qui subit à nouveau le couperet des nouvelles mesures»

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Chaque semaine, L’Auvergnat de Paris et La Revue des Comptoirs donnent la parole aux restaurateurs, cuisiniers, pâtissiers, syndicats, fournisseurs et distributeurs, tous impactés par les nouvelles mesures sanitaires et la deuxième vague de la Covid-19. Loïc Latour, président-directeur général de France Boissons, réagit à la mesure du couvre-feu.

Loïc Latour, président-directeur général de France Boissons, réagit aux mesures de couvre-feu imposées dans 54 départements français.

Mercredi 28 octobre : France Boissons réagit, quelques heures avant l’allocution du Président de la République

La Revue des Comptoirs : Comment réagissez-vous aux annonces ?

Loïc Latour : Avec la fermeture totale ou partielle de certains établissements CHR fin septembre dans une dizaine de villes françaises, puis la mise en place du couvre-feu à 21 h dans 54 départements métropolitains, ce sont coups durs sur coups durs que la filière, nos clients, et nous-même en tant que distributeur de ces établissements, affrontons depuis le début de cette crise. C’est toute une profession qui subit à nouveau le couperet des nouvelles mesures visant à endiguer l’épidémie, malgré tous les efforts mis en place pour s’adapter au contexte sanitaire depuis leur réouverture en juin. France Boissons reste plus que jamais mobilisée aux côtés de ses clients pour les aider à traverser cette épreuve.



RDC : Initiatives éventuelles prises en soutien de vos clients ?

LL : A chaque évolution de la situation, nos équipes techniques sont sur le pont pour accompagner nos clients CHR, que cela soit au moment de la fermeture de leurs établissements (mise à l’arrêt des tirages pression ou des machines à café professionnelles par exemple), ou dans la remise en route de ces appareils. Des conseils de professionnels sont fournis à tous nos clients pour faciliter l’application des mesures sanitaires, la compréhension des démarches administratives et financières à mener, etc. A ce titre, nous avons mis à disposition gratuitement l’application mobile « Service en Tête » pour tous nos clients du hors domicile. Nous avons également adapté nos offres et notre assortiment ; en développant par exemple la partie vente à emporter et livraison, ou en proposant des offres de déstockage à prix coûtant pour ne pas gaspiller et proposer des prix compétitifs. Cette crise nous force à accélérer notre digitalisation pour être plus agiles. Ainsi le site MyFranceBoissons.fr propose un service et des conseils accessibles 24h/24, 7j/7. La plateforme offre un gain de temps et un confort de commande à nos clients, et ils sont de plus en plus nombreux à l’adopter. On comptait 15 % de commandes en ligne au 1er trimestre 2020, 20 % à 25 % selon les régions actuellement, et visons les 30 % d’ici la fin 2020.

RDC : Quel impact sur votre activité ?

LL : L’impact business de ces derniers mois est non négligeable : entre juin et septembre, les volumes réalisés sont en baisse de -20 % à -30 % par rapport à l’an passé (données internes France Boissons, toutes catégories de produits confondues). Une tendance à observer au regard de plusieurs facteurs : baisse de la consommation en restauration le midi, liée au télétravail généralisé, absence de touristes (notamment étrangers) cet été, annulation de la plupart des concerts, des festivals et des évènements sportifs qui animent habituellement ces établissements, mais aussi des réticences pour certains à se rendre dans les cafés-hôtels-restaurants par peur du covid. Il est certain que les nouvelles annonces de fermetures auront un impact pour nos clients, comme pour nous. Le couvre-feu qui concerne à date 54 départements commence déjà à se faire ressentir. Ainsi, les chiffres depuis début octobre montrent d’ores et déjà une baisse de -37 % des volumes au national chez nos clients cafés-hôtels-restaurants. Une tendance baissière au niveau des CHR qui présente des disparités importantes selon les régions où France Boissons opère :

  • Île-de-France : -45 % depuis le couvre-feu (vs. -28% avant le couvre-feu)
  • Paris seulement : -53 %
  • Sud-Ouest -30 %
  • Centre-Rhône-Alpes : -38 %
  • Sud est : -40 %
  • Nord : -41 %
  • Bretagne-Normandie : – 20 % (à date région la moins impactée par les mesures de couvre-feu, à l’exception de l’Ille-et-Vilaine).

Dans ce contexte, notre rôle en tant que partenaire de la filière est de rester, comme nous le sommes depuis début de crise, plus que jamais mobilisés aux côtés des restaurants, cafés, bars, hôtels, discothèques – répartis sur l’ensemble du territoire. L’inventivité de ces entrepreneurs géniaux n’a pas fini de nous surprendre et nous les aiderons à rebondir et s’adapter du mieux possible aux nouvelles contraintes pour maintenir cet esprit de convivialité qui nous est cher. Nous devons être solidaires et responsables pour faire face à cette épidémie tout en appelant à un plan de soutien renforcé pour sauver une filière vitale pour l’économie française. Ces lieux de vie, formidables emblèmes de l’art de vie à la Française ont cruellement besoin d’une aide financière renforcée pour traverser ce nouvel épisode difficile, ainsi que d’une meilleure visibilité à moyen terme, nécessaire à leurs qualités d’entrepreneurs.

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