Le distributeur devenu brasseur

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D’abord distributeur, avec l’entreprise Sofabo, Christian Bourganel est devenu brasseur il y a une vingtaine d’années, par passion. Il produit aujourd’hui 5 000 hectolitres/an et ses bières aux parfums de terroir sont devenues incontournables en Ardèche.

Bien avant que la bière ne devienne tendance, Christian Bourganel s’y est intéressé, au point de créer, en 2000, sa propre brasserie à Vals-les-Bains, non loin du siège de son activité de distributeur de boissons, basée à Villedieu. « J’ai toujours été passionné par les bières, explique-t-il. Cela représentait même à l’époque près de la moitié de mes ventes de distribution aux CHR. Mais j’ai eu envie de créer mes propres recettes avec des parfums locaux. Je me suis intéressé au développement des microbrasseries et, progressivement, je suis devenu brasseur. »

L’espace de vente

L’espace de vente

Aujourd’hui, Christian Bourganel passe le plus clair de son temps dans sa brasserie de Vals. Il veille de loin sur son entreprise de distribution, la Sofabo, qui est aujourd’hui dirigée par ses deux fils, Éric et Thierry. Il faut dire que la Brasserie Bourganel produit près de 5 000 hl de bière/an et est largement présente sur les comptoirs ardéchois, ainsi que dans les rayons des supermarchés locaux. Elle bénéficie même de référencement dans quelques enseignes nationales. Ainsi, Christian Bourganel peine à honorer toutes les commandes, bien qu’il investisse régulièrement pour augmenter sa capacité de production. La brasserie peine à suivre le rythme de son succès. Christian Bourganel a déjà, prévu en avril prochain, d’installer deux nouvelles cuves, qui permettront à la brasserie de produire 7 000 hl de bière par an. Les investissements ne cessent pas. Cette année, le brasseur a entièrement rénové son installation d’embouteillage.

L’embouteillage vient d’être modernisé.

L’embouteillage vient d’être modernisé.

Bières à la myrtille et la châtaigne

Christian Bourganel s’est vraiment lancé dans l’activité en 1996, en travaillant sur des recettes avec l’IFBM (Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie), à Nancy. Dès 1997, les premières bières Bourganel sont lancées sur le marché. Elles intègrent deux fruits emblématiques du département : la myrtille et la châtaigne. Ne disposant pas encore de brasserie, Christian Bourganel les fait alors fabriquer en sous-traitance par la brasserie Castelain, à Bénifontaine (Pas-de Calais). Le succès commercial le pousse à devenir brasseur et il installe une microbrasserie dans les locaux d‘une ancienne source de Vals, qui domine la Volane. En 2000, l’entreprise sort son premier brassin, fabriqué en Ardèche. Au fil des années, les cuves sont venues s’accumuler dans la grande salle de brassage et, aujourd’hui, une dizaine d’employés s’affairent dans l’entreprise. Des embauches sont actuellement planifiées.

De nouvelles cuves se sont ajoutées au fil des années, pour atteindre une production de 5000 1/an.

De nouvelles cuves se sont ajoutées au fil des années, pour atteindre une production de 5000 1/an.

Outre ses bières de base, blonde, blanche rousse, une dizaine de recettes ont été déclinées, avec des arômes du terroir : nougat, miel de châtaignier, verveine. Surfant sur le tourisme lié à la préhistoire, avec le récent classement Unesco de la grotte Chauvet, Christian Bourganel a même créé une blonde baptisée Paleo, que s’arrachent les touristes. Le brasseur assure même avoir deux ou trois recettes en attente de réalisation. Aujourd’hui âgé de 70 ans, ce patron ardéchois apprécie pleinement cette seconde réussite entrepreneuriale dans une région qu’il a choisie. Il est arrivé à l’âge de 3 semaines en Ardèche, au gré d’une affectation de son père, fonctionnaire. Par la suite, sa famille a habité dans d’autres régions en fonction des nominations paternelles, mais, séduite par Vals et ses environs, elle y revenait régulièrement en vacances.

« Quand vous arrivez à 7 h du matin dans un café, vous êtes à peu près sûr de bénéficier de l’attention totale du patron »

L’aventure Sofabo

Commercial-né, Christian Bourganel a d’abord travaillé comme représentant chez Joker. C’est là qu’il a forgé son expertise dans les marchés de grande distribution. « Par la suite, fait-il malicieusement remarquer, cela m’a été très utile pour développer les ventes de bière en grandes surfaces. » Dans les années 1990, il repère une petite entreprise de distribution en vente, en Ardèche, et décide de l’acquérir. Sofabo est à l’époque très modeste et dispose seulement de deux chauffeurs livreurs. Mais le talent de commercial de Christian Bourganel fait vite évoluer la situation. À force de persuasion, un par un, il va persuader les patrons de CHR de la région de faire appel aux services de livraison de Sofabo. « Quand vous arrivez à 7 h du matin dans un café, vous êtes à peu près sûr de bénéficier de l’attention totale du patron, assure-t-il. Ensuite, en discutant, on analyse ses besoins spécifiques et on échafaude une offre commerciale pertinente. Dans ce métier, on ne peut pas faire de miracle sur les prix, mais on peut se démarquer en matière de service. » Aujourd’hui, Sofabo réalise près de 5 M€ de CA annuel et bénéficie d’une flotte de 14 camions. L’activité est orientée à 90 % vers les CHR. Au sud de l’Ardèche et au sud de la Drôme, l’entreprise est quasiment incontournable. Elle a naturellement constitué un outil précieux pour vendre la bière Bourganel dans les CHR locaux. 40 % des ventes de la brasserie passent par Sofabo.

Brasseur par passion

Durant sa carrière de distributeur, Christian Bourganel a aussi compté parmi les créateurs du réseau de distribution C10, aux côtés de Philippe Audebert, Jean-Jacques Mespoulet ou Gérard Le Bihan. Il s’agissait alors d’apporter une réponse commerciale aux grands brasseurs qui constituaient de vastes réseaux de distribution. Depuis lors, les brasseurs ont pris du recul par rapport à la distribution, mais Christian Bourganel, de son côté, est devenu brasseur par passion. S’il ne s’est pas fait prier pour transmettre le flambeau de la distribution à ses fils, on sent qu’il aura plus de mal à s’éloigner de sa chère brasserie.

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