Charlotte et Samuel Castro passent à l’hôtellerie

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Charlotte et Samuel Castro, qui jouissent d’une solide réputation de restaurateurs dans le Sentier (Paris), viennent d’ouvrir leur établissement hôtelier après d’importants travaux, dans un contexte de crise sanitaire.

L'hôtel du Sentier. Photo Philippe Garcia
L'hôtel du Sentier. Photo Philippe Garcia

Un nouveau hôtel 4* de charme vient de voir le jour à Paris, au cœur du Sentier, place du Caire, à l’entrée du passage éponyme. La réception et le restaurant, Le Champollion, encadrent d’ailleurs l’entrée de ce passage. 30 chambres 4* ont ainsi ouvert leurs portes à travers les six niveaux d’un immeuble laissé à l’abandon et complètement rénové par l’architecte Vincent Bastie. Le lieu est chargé d’histoire, l’édifice a vu le jour en 1798, dans un quartier naissant dont les noms de rues faisaient référence à la toute récente campagne victorieuse d’Égypte de Bonaparte. Pourtant, ce n’est que trente ans plus tard que l’immeuble va hériter de son intrigante façade égyptienne, aujourd’hui classée. L’Hôtel du Sentier évolue au-dessus de sa classification, car les chambres disposent chacune d’une vaste surface (17 m pour la plus petite) et les nuitées sont proposées à partir de 240 €. L’établissement comprend également deux suites jouissant chacune d’une terrasse privative sur les toits de l’immeuble.

Charlotte et Samuel Castro

Les propriétaires, Charlotte et Samuel Castro, sont des novices de l’hôtellerie, mais ils se sont forgé une solide réputation de restaurateurs dans ce quartier depuis près d’une quinzaine d’années. Ils ont notamment racheté le Café Petite, aujourd’hui revendu, et créé Gros (exploité avec des associés) et Allegra (désormais placé en gérance libre). Ce couple était loin d’être prédestiné à ce métier. Charlotte a longtemps été comédienne et Samuel est médecin. Il exerce d’ailleurs encore comme urgentiste ; ce qui ne l’empêche pas d’être très présent dans l’hôtel.

C’est Charlotte Castro qui a poussé la famille dans la restauration. Entre deux rôles, elle acceptait des postes de serveuse et a vite pris goût à la montée d’adrénaline au moment du coup de feu. Un jour, elle a accepté une proposition : « Reprendre une brasserie en redressement judiciaire, rue René-Boulanger. C’est ainsi qu’est né le Café Petite qui a connu sous l’impulsion du couple un formidable succès. »

 

L’Hôtel du Sentier. Photo Philippe Garcia

Pour Charlotte, la recette de la réussite est toute simple : « Nous sommes présents, nous nous occupons des clients et nous proposons exclusivement des produits frais. » Une conception presque auvergnate du métier… Il faut dire que leur mentor n’est autre que Jean-Louis Costes, un ami, qui leur a conseillé de s’adresser à un autre Auvergnat, Vincent Bastie pour mener à bien ce projet. Cet architecte est réputé pour s’adapter à toutes les situations et tirer parti du moindre volume. Tout l’immeuble a été restructuré. Seuls trois planchers ont été conservés. 80 bennes de gravats ont été extraites avec d’entreprendre la construction de cinq chambres par niveau. Les 76 fenêtres rappelant le style égyptien ont été refaites par un Meilleur ouvrier de France. Le résultat est à la conjonction du professionnalisme de Vincent Bastie et des éclairs de génie de Samuel Castro, familier du système D. Il n’a pas hésité à commander sur le site Leboncoin 80 tonnes de marbre, de granit et de pierres de Bourgogne qui habillent les chambres.

Depuis près de trois ans, Charlotte et Samuel Castro mûrissaient ce projet. Ayant repéré l’emplacement, ils y ont d’abord créé et exploité le café Champollion avant de négocier pied à pied avec le propriétaire de l’immeuble afin d’obtenir un bail de location de 12 ans. Ils ont injecté 4 M€ dans des travaux qui ont duré 18 mois. Dès que les travaux ont été achevés, le couple a décidé d’ouvrir, malgré la situation épidémique. Ils n’ont guère d’autre choix car ils ne bénéficient d’aucune aide. Le loyer, considérable, pèse déjà sur leurs épaules et le maigre chiffre d’affaires actuel (1 300 €/jour), aujourd’hui réalisé avec une équipe réduite, ne suffit même pas à couvrir cette charge fixe. L’objectif de démarrage de l’hébergement se situe à un CA quotidien de 3 780 €. Aussi pour tenir jusqu’à un retour à la normale, Samuel négocie avec les banquiers.

Il reste cependant optimiste pour mener à bien son projet d’aubergiste. Il est attaché à ce statut. Le couple a toujours recherché des affaires dans le quartier. Il habite avec ses quatre enfants dans un immeuble mitoyen à l’hôtel. « On m’a proposé des brasseries dans des quartiers en devenir, explique Samuel, j’ai toujours refusé. Le secret c’est de travailler à proximité de son domicile. J’ai coutume de dire que je suis comme un mérou… je ne fais que rentrer et sortir de chez moi. »



www.hoteldusentier.com

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