Une référence à Sancerre

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Depuis dix générations, la famille Bourgeois cultive la vigne à Sancerre. Un héritage qui se transmet de père en fils et qui a leur a permis de devenir une référence au sein de l’appellation. Vendanges manuelles, vins produits selon les principes de l’agriculture biologique et respect du terroir sont les maîtres mots de ces artisans du vin.

Le domaine Bourgeois est avant tout une histoire de famille. Dix générations se sont succédé à Sancerre, dans le village de Chavignol, s’adonnant à la culture des céréales et de la vigne. Si l’apparition du phylloxéra, la Première Guerre mondiale en 1914-1918, puis la grippe espagnole en 1918-1919 ralentissent complètement la croissance du vignoble au début du XX siècle, on observe vers les années 1920 une vague de replantation qui va durer jusqu’à l’obtention de l’appellation, en 1936. Cette période coïncide avec l’arrivée d’Henri Bourgeois à Chavignol. Il est d’ailleurs l’acteur incontesté du grand virage opéré par la famille, puisque c’est lui qui prit le pari audacieux, dans les années 1950, de se consacrer essentiellement aux vignes, dans une région qui était encore méconnue. Parti de la culture de deux hectares sur les collines de Chavignol, il acheta pléthore de microparcelles, avec l’idée de les planter plus tard. Un projet qui se concrétisa lorsque ses deux fils Rémi et Jean-Marie le rejoignirent dans les années 1960. En véritables ambassadeurs des vins de la propriété en France et à l’étranger, c’est sous leur impulsion que le domaine a connu un nouvel élan pour atteindre une vingtaine d’hectares au milieu des années 1980. Ils furent alors rejoints à leur tour par leurs enfants, Arnaud, Lionel et Jean-Christophe, aujourd’hui à la tête de la propriété, qui eurent à cœur de s’inscrire dans cette dynamique.

Arnaud Bourgeois (ambassadeur du domaine), Jean-Marie (père d’Arnaud et Lionel), Raymond (frère de Jean-Marie), Lionel (responsable des vignes) et Jean-Christophe (maître de chai).

Arnaud Bourgeois (ambassadeur du domaine), Jean-Marie (père d’Arnaud et Lionel), Raymond (frère de Jean-Marie), Lionel (responsable des vignes) et Jean-Christophe (maître de chai).

En dignes héritiers, ils participèrent eux aussi à son extension : 73 hectares sont ainsi en exploitation, dont 67 à Sancerre et 6 à Pouilly-Fumé. Ils conduisent la mosaïque de parcelles (150), réparties sur 10 des 14 villages de l’appellation Sancerre et faisant en moyenne 0,46 hectare. Ils cultivent majoritairement du sauvignon blanc (82 %), le reste (18 %) étant consacré au pinot noir. La famille Bourgeois est la seule à confectionner un sancerre rouge issu de la côte des Monts Damnés (parcelle d’1,30 hectare Le Graveron). La culture est menée de façon raisonnée et l’agriculture biologique est pratiquée sur 35 % du vignoble, sans que ce soit certifié. « Nous travaillons à une solution propre, car nous avons des contraintes techniques pour nos vignes en coteaux. Nous avons notamment imaginé installer des ruches à proximité des parcelles pour réintroduire de la biodiversité », précise Arnaud Bourgeois. La particularité du domaine réside dans une distribution uniquement tournée vers le CHR. 70 agents multi cartes sont sur le terrain, offrant aux vins une couverture nationale. Ainsi, ces derniers sont référencés dans 2 000 restaurants et 500 cavistes. Mais la présence de la famille Bourgeois ne se limite pas aux frontières de l’Hexagone.

Les vendanges se font à la main, avec la cagette sur le dos. Ici, les vignes en coteaux des Monts Damnés.

Les vendanges se font à la main, avec la cagette sur le dos. Ici, les vignes en coteaux des Monts Damnés.

À la conquête du nouveau monde

La nouvelle génération est elle aussi pionnière. « J’ai toujours eu beaucoup d’appétit pour les vins d’ailleurs, j’ai appris à les aimer au cours de mes voyages », relate Arnaud. Le déclic est intervenu lorsque la famille a commencé à vendre ses vins en Chine : « Nous avons constaté que le vin sancerrois était difficile d’accès pour le palais du consommateur chinois et que le goût néo-zélandais, par exemple, était plus ac cessible. On a alors compris que le sauvignon blanc pouvait offrir une palette très large et que l’on pouvait travailler le terroir sur une base plus accessible ».

La cuverie pour les blancs : une partie d’entre eux profite d’un élevage en cuves inox sur lies fines, entre six et quatorze mois.

La cuverie pour les blancs : une partie d’entre eux profite d’un élevage en cuves inox sur lies fines, entre six et quatorze mois.

Après plusieurs voyages chez leurs exportateurs australiens, ils sont arrivés dans la région de Marlborough en 2000 : « On a immédiatement senti le potentiel, on a acheté des terres et planté notre propre vignoble, avec du sauvignon et du pinot noir. Nous y travaillons exclusivement en biodynamie depuis 2010 ». C’est ainsi que le Clos Henri a vu le jour. Une partie des vins est vendue sur le marché néo-zélandais et sur la côte ouest des États-Unis et 45 % de la production est exportée vers Chavignol, pour alimenter les marchés européens, asiatiques et la côte est des États-Unis.

La cave d’élevage des vins rouges qui sont élevés en barrique de chêne français (228 litres) et demi-muids autrichiens de 600 litres, l’idée étant de limiter la porosité pour bien préserver le fruit

La cave d’élevage des vins rouges qui sont élevés en barrique de chêne français (228 litres) et demi-muids autrichiens de 600 litres, l’idée étant de limiter la porosité pour bien préserver le fruit

Chiffres clés

– Production du domaine Henri Bourgeois : 500 000 à 530 000 bouteilles de sancerre par an et 45 000 à 50 000 bouteilles de pouilly-fumé par an.

– 85 % de vin blanc, 10 % de rouge et 5 % de rosé

– Blanc : 59,5 hectares

– Rouge : 13,5 hectares

– Exportation vers 80 pays

– Répartition des ventes France/export : France (dont caveau) 33 % ; Europe 33 % ; grand export 34 %

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