Se protéger des punaises de lit

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Cinémas, trains, hôtels, aéroport… Alors que la France connaît une recrudescence de punaises de lit, les bars et les restaurants sont-ils à risque ? La Revue des comptoirs fait le point.

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Les punaises de lit peuvent se réfugier dans les coutures d’un siège en velours ou encore l’arrière des plinthes et des prises électriques. Crédit: pixabay

C’est un sujet qui suscite la psychose et provoque une irrationnelle envie de se gratter. Les punaises de lit, ces insectes qui se nichent dans les meubles et provoquent des piqûres, ont beaucoup fait parler d’elles l’été dernier, quand leur présence a été signalée dans des hôtels, des cinémas, des trains, des aéroports, sans parler des logements où leur prolifération peut être un vrai cauchemar. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 11 % des foyers français ont été infestés entre 2017 et 2022.

« La recrudescence des infestations par les punaises de lit constatée ces dernières années s’explique notamment par l’essor des voyages et une résistance croissante des punaises aux insecticides », déclare l’agence sur son site internet. Pays de tourisme et de migration, la France serait donc particulièrement exposée au risque. Si tous les lieux accueillant du public sont susceptibles d’en héberger, les bars et les restaurants doivent-ils s’inquiéter? Les professionnels de l’hygiène se veulent rassurants, même s’il faut rester vigilant.

Propagation rapide

La punaise de lit est un insecte de couleur brune, qui atteint 7 mm à l’âge adulte, et qui se nourrit exclusivement de sang humain. On l’appelle ainsi car elle se niche principalement dans les matelas et sort la nuit, attirée par le dioxyde de carbone dégagé par le corps humain lorsqu’il dort. « La femelle n’a
qu’un ou deux rapports sexuels dans sa vie mais a la capacité de faire des stocks de sperme et peut donc pondre 5 à 10 œufs par jour, soit 250 à 400 pendant un ou deux ans
», démontre Nicolas Chapelle, responsable technique de Radical Pest Control, société spécialisée dans les nuisibles.

Le calme et l’obscurité sont leurs conditions idéales pour proliférer, ce qui explique qu’elles peuvent piquer dans les cinémas, où les spectateurs sont statiques dans le noir pendant 2 h. Le train et le métro se révèlent moins propices à leur installation, du fait du bruit et des vibrations, mais les voyageurs peuvent les transporter sur leurs vêtements et les transmettre à leurs voisins.

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Si les cas de prolifération sont rares dans les restaurants, mieux vaut prendre quelques mesures de précaution. Crédit: Sebastian Schuppik

Les objets de seconde main, y compris les livres, sont aussi des vecteurs de transmission, et dans une moindre mesure les animaux de compagnie. « Il me semble impossible qu’un restaurant soit infesté car les foyers de nidification ne sont pas là », rassure d’emblée Jonathan Sercer, directeur de la société Ngan Paris Est. Pour se nourrir, la punaise doit attendre que la personne dorme, son repas ne coïncide donc pas avec celui des humains. Le bruit et la lumière propres à un lieu de restauration sont en outre à l’opposé de son milieu.

« En 20 ans d’expérience, je n’ai jamais eu à traiter des restaurants », confirme Nicolas Chapelle.
Cependant, il n’est pas impossible que des punaises amenées par des clients se cachent dans le mobilier, à condition de jouer de malchance. « Une punaise peut se réfugier dans les coutures d’un siège en velours, à partir de là deux hypothèses : soit c’est un mâle et sans femelle il n’y aura pas de prolifération ; soit c’est une femelle et elle pourra continuer à pondre », détaille l’expert. Les fauteuils en
tissu et les coussins sont donc plus à risque que les sièges en plastique ou en métal.

Les punaises adorent aussi l’arrière des plinthes et des prises électriques où elles peuvent dormir pendant des mois. Quoi qu’il en soit, il leur faudra des repas sanguins pour continuer à se développer. Le risque principal concerne donc les clients qui peuvent ramener les nuisibles chez eux. Mais encore faut-il que le vêtement ou le sac qui les ont apportés viennent d’un logement très infecté, dont l’occupant n’a pris aucune précaution. Il est donc important de réagir aux premiers signes.

Mesures de prévention

Les punaises adultes sont visibles à l’œil nu, repérables aussi à leurs déjections sous forme de petits points noirs qu’elles laissent sur la literie. Elles provoquent des piqûres rouges alignées qui peuvent entraîner des démangeaisons et des réactions allergiques. Mais il est aussi possible qu’elles restent indétectables pendant des mois et qu’elles soient découvertes quand l’infestation est déjà très avancée.

Le traitement répond à un protocole très précis, contraignant, mais efficace. L’ensemble des textiles, y compris les tapis et les rideaux, doivent être enfermés dans des sacs plastiques et nettoyés méthodiquement au fur et à mesure. Il faut laver tout ce qui peut l’être à 60 °C, utiliser la congélation ou la vapeur. Les articles propres doivent être isolés des autres jusqu’à ce que tous les objets soient décontaminés. Il n’est pas nécessaire de jeter le mobilier (fauteuil en tissu, matelas), sauf si l’infestation est hors de contrôle.

Dans ce cas, il ne faut surtout pas déposer les encombrants dans la rue, mais faire appel à une entreprise spécialisée au préalable. Dans tous les cas, l’intervention d’un professionnel est recommandée pour éviter que l’invasion ne s’installe. Les tarifs débutent à 200 € pour une chambre d’hôtel ou un bureau par exemple, mais ils peuvent varier en fonction du nombre de m2 et s’il faut intervenir de nuit. Le sujet des punaises de lit est délicat à aborder pour les restaurateurs, qui ne veulent ni stigmatiser ni effrayer leurs clients.

Anticiper avant tout

Finalement, c’est surtout à ces derniers de prendre des précautions s’ils ont une infestation chez eux afin de ne pas contaminer les autres. « Quand je suis en déplacement, je prends l’habitude de vérifier mon environnement. À l’hôtel je retourne le lit, dans le train j’inspecte le siège. C’est un protocole à intégrer dans la vie de tous les jours », témoigne Garry Sene, président de la société OP-UC (Oh Punaise, Un Chien), spécialisée dans la détection canine de punaises de lit. Celui-ci ne recommande pas de faire appel à une entreprise en l’absence de signaux d’alerte, ce serait une dépense inutile.

Il rappelle aussi que les punaises de lit ne sont pas liées àl’hygiène, à la différence des blattes et des souris, même si une personne particulièrement peu soigneuse a plus de mal à suivre le protocole. Sans tomber dans la psychose, il faut être conscient que le problème existe, car les établissements avec beaucoup de passage ne sont pas à l’abri.

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