Rodez, nouvel eldorado des Auvergnats de Paris

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Dopés par une économie florissante et un tourisme en expansion, les CHR de Rodez sont portés par un vent favorable. Une situation qui attire ces dernières années plusieurs Auvergnats de Paris désireux de combiner travail et qualité de vie dans des conditions optimales.

La Maison d'Armagnac est un hôtel particulier situé au 4, place de l'Olmet, à Rodez, dans l'Aveyron. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
La Maison d'Armagnac est un hôtel particulier situé au 4, place de l'Olmet, à Rodez, dans l'Aveyron. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Dès la réouverture des salles à manger, le 9 juin, la restauration rut hé noise a retrouvé sa dynamique d’avant la crise sanitaire. Dans un contexte économique favorable, l’agglomération affiche un taux de chômage très faible, de 4,7 %. Cette bonne santé rejaillit naturellement sur les CHR qui ont vite retrouvé une clientèle. Les exploitants espèrent désormais connaître un été aussi actif que celui de l’année passée où tous les records de fréquentation avaient été battus.

Depuis l’inauguration du musée Soulages, en 2014, la préfecture de l’Aveyron s’est découvert une vocation touristique.« Ce n’est pas le principal atout économique de Rodez,tempère Christian Teyssèdre, maire de la ville et président de l’agglomération,mais avec la crise sanitaire, c’est un secteur qui se développe fortement. Le tourisme rural reprend des couleurs. Les Français changent de comportement. Ils découvrent avec plaisir des régions qui proposentde bons produits à des prix très attractifs. »Le premier magistrat évoque aussi la coupure sanitaire de la route vers l’Espagne :« C’est 11 millions de touristes qui restent sur le territoire et explorent d’autres territoires. À nous de les fidéliser sur l’Aveyron. »

Des ambitions

De nouveaux projets conduits par l’agglomération pourraient encore dynamiser l’activité touristique. Un parc des expositions pourvu de deux halls de 3 200 et 1 800 m est encours de construction sur la ZAC de Malan. Polyvalent, il pourra accueillir des congrès, conventions, séminaires, mais aussi des spectacles et des concerts. La collectivité investit 18 M€ dans cet ensemble à proximité duquel un hôtel devrait voir le jour. Par ailleurs, la ville prévoit la construction d’une auberge de jeunesse. Ce contexte positif n’a pas échappé aux Auvergnats de Paris.

iDeux affaires en vue du Foirail sont désormais aux mains des Auvergnats de Paris. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
Deux affaires en vue du Foirail sont désormais aux mains des Auvergnats de Paris. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

L’avenir se trouve désormais à Rodez

Plusieurs d’entre eux ont récemment pris de solides positionsintramuros. Guillaume et Aurélie Laengel viennent ainsi de racheter aux frères Santos(voir aussi page 4)le Kiosque, importante brasserie du foirail. Ce professionnel de 39 ans, originaire de Murat, possède trois brasseries parisiennes qu’il a placées en gérance libre pour pouvoir s’installer à Rodez. Monté à l’âge de 18 ans, il a réalisé un très beau parcours en signant une première gérance libre cinq ans plus tard. Il a ensuite créé le Bistrot Charbon (Paris 4), avant de racheter le Café Léonard (Paris 3e) en 2017, puis l’Absinthe café (Paris 3e) en 2020.

Le couple a quitté sans regret Paris. Le désir de leurs deux enfants (11 ans et 15 ans) de vivre en Aveyron a pesé dans leur choix. La qualité de vie dans le département représente un argument décisif pour Guillaume :« Il y a vingt ans, il fallait monter à Paris pour se forger une expérience. Mais aujourd’hui, l’avenir peut s’écrire à Rodez. Notre retour s’inscrit dans un projet de longue date. Le confinement n’a pas pesé dans notre décision, il n’a fait que l’accélérer. »

Un périple français jusqu’à Rodez

Non loin de là, place de la Cité, un autre Auvergnat de Paris, Guy Servientis, 46 ans, prend lui aussi ses marques à L’Aubrac Café qu’il vient tout juste de racheter. L’établissement présente la particularité de proposer des viandes issues de la ferme de l’ancienne propriétaire, Annie Bourel. Ce principe de lien direct entre la fourche et la fourchette n’est pas pour déplaire à ce professionnel qui a travaillé par le passé à la Maison de l’Aubrac, à Paris 8.

Originaire de Saint-Geniez-d’Olt, il est arrivé à Paris avec ses parents, à l’âge de 14 ans, avant d’entamer une carrière qui l’a notamment mené au Petit Journal Montparnasse ou à la Guinguette auvergnate de Jean-Pierre Vic, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Mais, pour acquérir sa première affaire, il a préféré prendre la direction de Sarlat (Dordogne) où il a exploité durant dix ans l’Endroit avant de racheter deux restaurants à la Teste de Buch (Gironde).

iGuy Servientis prend ses marques à l’Aubrac. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
Guy Servientis prend ses marques à l’Aubrac. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Une motivation commune : gagner en qualité de vie 

Guy Servientis visait depuis longtemps ce retour au pays.« Pour les enfants,explique-t-il,le passage par le sud-ouest a permis une transition pas trop brutale. J’ai choisi Rodez pour le dynamisme économique de la ville. Mais il n’est pas impossible qu’à l’approche de la retraite, je rachète un établissement à Saint-Geniez. » C’est avant tout la perspective d’une meilleure qualité de vie qui a motivé ce choix de l’Aveyron.« On n’est pas obligés de vivre que pour l’argent,confie-t-il.Ici aussi, on peut gagner sa vie. Cela va moins vite, c’est tout. »

Christian et Sylvie Gardes avaient déjà montré la voie du retour au pays en mettant la main en 2018 sur le Au Bureau de la place du Foirail. Tous deux originaires de l’Aveyron, ils avaient pris le chemin du retour au pays avec leur fille après une carrière de près de trente années à Paris. Ils avaient mis sur ce vaste établissement une nouvelle enseigne, Les Rutènes.

Rajeunir la clientèle

Mais depuis la réouverture des terrasses, c’est encore une nouvelle enseigne, Monsieur, qui trône sur la devanture. Le nouveau patron, Yann Chayrigues, 40 ans, est lui aussi un Aveyronnais de Paris. Professeur d’EPS, ancien joueur de l’équipe première de Rodez, il est parti tenter sa chance dans la limonade à Paris en 2008. La greffe a réussi puisqu’il est resté durant ces six dernières années gérant du Quartier général. En août 2020, il a pris le chemin de l’Aveyron pour racheter Les Rutènes avec l’aide de deux associés et réaliser la création de Monsieur. Sur cet emplacement de choix, il dispose de 150 places assises à l’intérieur et autant en terrasse.

Pour relancer l’établissement après cette période de fermeture, il souhaite rajeunir la clientèle. Dans cet objectif, il a rénové le décor et construit une nouvelle carte avec des tarifs plus accessibles. Les prix des plats oscillent désormais entre 13 et 25 € et le premier menu est à 13,90€.

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Guy Servientis visait depuis longtemps ce retour au pays. « Pour les enfants, explique-t-il, le passage par le sud-ouest a permis une transition pas trop brutale. J'ai choisi Rodez pour le dynamisme économique de la ville. Mais il n'est pas impossible qu'à l'approche de la retraite, je rachète un établissement à Saint-Geniez. » C'est avant tout la perspective d'une meilleure qualité de vie qui a motivé ce choix de l'Aveyron. « On n'est pas obligés de vivre que pour l'argent, confie-t-il. Ici aussi, on peut gagner sa vie. Cela va moins vite, c'est tout. » Christian et Sylvie Gardes avaient déjà montré la voie du retour au pays en mettant la main en 2018 sur le Au Bureau de la place du Foirail. Tous deux originaires de l'Aveyron, ils avaient pris le chemin du retour au pays avec leur fille après une carrière de près de trente années à Paris. Ils avaient mis sur ce vaste établissement une nouvelle enseigne, Les Rutènes. Mais depuis la réouverture des terrasses, c'est encore une nouvelle enseigne, Monsieur, qui trône sur la devanture. Le nouveau patron, Yann Chayrigues, 40 ans, est lui aussi un Aveyronnais de Paris. Professeur d'EPS, ancien joueur de l'équipe première de Rodez, il est parti tenter sa chance dans la limonade à Paris en 2008. La greffe a réussi puisqu'il est resté durant ces six dernières années gérant du Quartier général. En août 2020, il a pris le chemin de l'Aveyron pour racheter Les Rutènes avec l'aide de deux associés et réaliser la création de Monsieur. Sur cet emplacement de choix, il dispose de 150 places assises à l'intérieur et autant en terrasse. Pour relancer l'établissement après cette période de fermeture, il souhaite rajeunir la clientèle. Dans cet objectif, il a rénové le décor et construit une nouvelle carte avec des tarifs plus accessibles. Les prix des plats oscillent désormais entre 13 et 25 € et le premier menu est à 13,90€. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

De l’optimisme

Autre établissement symbolique du retour des Auvergnats de Paris, la Compagnie a été créée en 2018 par Yannick Gilet, qui contrôle six brasseries dans la capitale. À proximité de la cathédrale de Rodez, il a créé cette brasserie contemporaine au décor étonnant. Deux de ses fidèles employés, Angy Féral, 29 ans et Pierre Devin, 28 ans, l’ont accompagné à Rodez pour assurer ce lancement. Depuis 2019, ils assurent avec succès la gérance de La brasserie. Angy, originaire de l’Aveyron est montée en 2017 à Paris pour travailler au Café Vavin où elle a rencontré Pierre, un Parisien originaire de Bretagne. Ce duo professionnel très complémentaire fonctionne bien et compte à l’avenir prolonger cette association dans de futures aventures. Ils ont notamment été à l’initiative de la féria de Rodez qui a rassemblé 6000 personnes sur le foirail en 2019.

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Angy Féral et Pierre Devin à la Compagnie. Crédits : La Revue des Comptoirs.

La crise sanitaire n’a pas douché leur enthousiasme. Les premiers jours d’ouverture leur confirment qu’ils ont fidélisé une belle clientèle avec leur offre bistronomique. Ils sont aussi rassurés par la stabilité de leur équipe lors de la reprise. Ces compères ont su créer une ambiance de bar de village qui fédère les clientèles de tous âges. Ils sont enfin confiants sur les retombées de leur partenariat avec le Rodez Aveyron Football qui évolue depuis cette année en Ligue 2.

En effet, même sur le plan sportif, Rodez gagne du terrain et le tableau économique de la ville pourrait être idyllique si les exploitants n’étaient pas dans leur quasi-totalité confrontés à un problème de recrutement insoluble durant cet été. Un état de fait que reconnaît le maire de la ville, Christian Teyssèdre :« La restauration comme le bâtiment se heurtent à un manque de main d’œuvre. C’est aussi la contrepartie d’un taux de chômage très bas qui parvient à son niveau incompressible. »

Le tourisme à Rodez en chiffres

– 110 hébergements touristiques, dont 28 hôtels

– 1 298 291 nuitées touristiques en 2019, dont 261 803 nuitées marchandes

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