Le podium touristique de la Seine-Maritime

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Les sites les plus visités par les touristes en Seine-Maritime ne sont pas forcément les plus emblématiques du département. C’est la caractéristique d’un territoire qui bénéficie d’une grande pluralité d’atouts. Depuis quelques années, le département marque des points sur le marché des destinations en mettant en valeur ses richesses et en profitant pleinement de sa proximité avec la capitale.

Le Jardin des Plantes de Rouen occupe le sommet du classement des sites les plus visités de Seine-Maritime, avec plus d’un demi-million de visiteurs. Cela constitue une surprise, car la notoriété de ce parc est, a priori, moindre que celle de la cathédrale de Rouen ou l’église moderne Saint-Joseph du Havre, construite par Auguste Perret et bénéficiant du classement Unesco. Très curieusement encore, c’est une autre église contemporaine, dédiée à Jeanne d’Arc, qui occupe la deuxième marche du podium. Construite en 1979, elle célèbre le culte de la sainte à l’endroit supposée où celle-ci périt sur le bûcher. Enfin en troisième position, on trouve les Jardins Suspendus du Havre. Créés en 2008 sur 17 hectares, ils offrent à leurs visiteurs « un univers de découverte végétale et sensorielle… avec des points de vue appréciables sur la mer, le port et la ville ».

Il faut toutefois considérer avec attention les dix premières places du classement pour voir apparaître des sites plus classiques. Ainsi deux musées d’envergure, celui des Beaux-Arts à Rouen et le musée Malraux au Havre, attirent chacun 138 000 visiteurs. Rappelons enfin que l’opération ponctuelle, Cathédrale de Lumière, organisée en 2017, a rassemblé 285 000 spectateurs, sans parler de l’Armada qui vient de s’achever au mois de juin et qui a déplacé plusieurs millions de personnes.

Des atouts

La Seine-Maritime se classe 26 au classement des destinations départementales françaises avec 2,7 millions de séjours en 2017, mais aussi 9,3 millions de nuitées marchandes et non marchandes. L’hôtellerie y représente une part importante de l’hébergement marchand avec 2,48 millions de nuitées. Rappelons que 58,4 % de ce volume est généré par la clientèle d’affaires. Le département est assez peuplé (1,25 million d’habitants) et abrite des agglomérations importantes (Rouen, Le Havre, Dieppe). Il est aussi très industrialisé, ce qui pourrait nuire à son attractivité touristique. Autre handicap, son littoral est essentiellement constitué par des falaises et des plages de galets, moins prisées que celles de sable du Calvados voisin.

En dépit de cela, la Seine-Maritime dispose d’atouts certains au rang desquels il faut citer sa proximité avec Paris et la variété de ses paysages : la côte d’Albâtre, le plateau de Caux, le pays de Bray et enfin la vallée de la Seine qui absorbe 47,5 % des nuitées hôtelières du département. Une influence largement due à l’activité de la métropole rouen-naise, mais aussi à l’attractivité touristique croissante de cette partie du territoire qui bénéficie d’une route des abbayes. Elle va de l’abbaye de Graville, au Havre, à celle de Saint-Ouen, à Rouen, en passant par celle de Montivilliers, de Gruchet-le-Valasse, de Saint-Wandrille, de Saint-Martin-de-Boscherville et de Jumièges. Il faut aussi souligner sur cette partie du territoire un développement actif des croisières fluviales. 1 266 paquebots ont transporté 177 560 voyageurs entre Rouen et Le Havre en 2017. Cela représente une croissance de 22,6 % de passagers maritimes entre 2016 et 2017. La dépense annuelle dans le département des croisiéristes, équipages et passagers confondus est évaluée à 27,50 M€

Les villes participent au développement

Les deux grandes villes du département ont accompagné depuis une vingtaine d’années l’effort touristique. La physionomie du Havre a ainsi changé avec la rénovation du front de mer et la mise en valeur de ses plages. Sans complexe par rapport aux stations balnéaires rivales, Deauville et Trouville, situées de l’autre côté de l’estuaire, la ville s’est dotée il y a treize ans d’un casino (Pasino Partouche). En 2005, le centre-ville, reconstruit après la guerre par Auguste Perret, a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Rouen n’est pas en reste. La ville qui disposait déjà d’un riche patrimoine historique avec sa cathédrale, son Gros-Horloge, et ses kilomètres de voie piétonne a redécouvert son fleuve. Le réaménagement des rives, avec la création d’établissements et de commerces dans les anciens docks, permet aux touristes d’apprécier la ville sous un autre jour.

Philippe Coudy, président de l’Umih reconnaît que la situation de Rouen est enviable et qu’elle dispose d’un beau potentiel : « C’est une ville qui repose à la fois sur une économie solide et sur le tourisme. Un cercle vertueux se met en place entre les investissements économiques et touristiques. Le dynamisme est général, même sur le plan sportif. Qui aurait un jour imaginé que l’équipe de rugby de Rouen accède en Pro D 2 ». Le responsable syndical assure également que Laurent Fabius, a beaucoup contribué au développement touristique : « Il nous a permis d’obtenir un statut de métropole et ainsi, la ville partage les coûts. 30 M sont entrain d’être investis dans le cœur de ville. Enfin, je crois que l’Armada, créée il y a trente ans, nous a fait prendre conscience de la capacité que nous avons à créer l’évènement. »

L’Armada, l’évènement qui fait vibrer le département

Depuis 1989, tous les cinq ou six ans, Rouen organise son Armada. La septième, L’Armada de la Liberté 2019, a eu lieu au mois de juin dernier. 7 000 marins du monde entier venus sur 46 navires, dont un bon nombre de voiliers de légende, se sont donné rendez-vous durant une dizaine de jours sur les 7 km de quais du port de Rouen. À chaque édition, cette manifestation suscite un engouement populaire considérable. Chaque jour 500 000 à 700 000 personnes viennent admirer et visiter les bateaux. 24 concerts étaient également organisés autour de l’évènement. Quinze villages mis en place sur les quais accueillaient 230 stands. Enfin, le 16 juin, lors de la grande parade, les bateaux ont repris le chemin vers Le Havre et la mer. Sur les bords de Seine, des millions de personnes s’étaient massées pour saluer leur départ.

© Ariane Déhais

©Ariane Déhais

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