Le Bowling du Rouergue renaît de ses cendres

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Ravagés par un incendie au cœur de l’été dernier, l’hôtel et le restaurant du Bowling du Rouergue ont rouvert leurs portes durant l’hiver.

Gilbert Bastide, Bowling du Rouergue
Gilbert Bastide, Bowling du Rouergue. Crédit : L'Auvergnat de Paris.

Le 31 juillet 2018, le Bowling du Rouergue était anéanti par les flammes en pleine nuit. Au petit matin, le bowling, le restaurant et les cuisines se résumaient à un enchevêtrement de cendres et de tôles carbonisées. Seul l’hôtel (38 chambres 3*) avait été partiellement épargné, même si le toit, endommagé par l’incendie, en interdisait l’exploitation. Les gendarmes ont évoqué une piste criminelle et une enquête est en cours. Mais au-delà de ces considérations, ce fait divers a engendré un drame économique et humain considérable. Les 52 employés de l’établissement étaient durable ment orientés vers la case chômage. Gilbert Bastide, le patriarche, 68 ans, réputé dans la région pour sa force de caractère, avoue qu’il lui a fallu six mois pour reprendre moralement le dessus : « C’était près de quarante ans de travail anéantis en quelques minutes, j’en ai pleuré plusieurs fois. » Ce soir-là, la famille Bastide a vacillé, mais a tenu bon. Les témoignages de soutien des clients, des amis et des fournisseurs ont encouragé Gilbert et son fils, Jean-Pierre, à relever vite la tête pour repartir de l’avant.

Le patriarche évoque un « bloc de solidarité » et reconnaît que Jean Pierre a pr isle dossier en main avec l’énergie de sa jeunesse pour tout rebâtir. Il faut savoir que le Bowling du Rouergue est une affaire hors norme qui attire la clientèle bien au-delà du département. C’est une institution locale.

Installée en périphérie de Rodez, à Onet-le-Château, elle représente de loin le plus gros restaurant de l’agglomération. Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, y a ses habitudes et y a même invité à deux reprises Emmanuel Macron.

Une reconstruction totale planifiée pour l’été 2020

Ce résultat est aussi dû à la force d’une famille où se côtoient quotidiennement dans le travail Gilbert, son épouse, Josie, mais aussi son fils Jean-Pierre et son épouse Mandou et, enfin, Sandra, la fille de Gilbert dont le fils, Pierre-Henri, a déjà intégré l’entreprise. Jean-Pierre a d’abord négocié avec les assurances une possibilité de redémarrage à l’aide d’une structure provisoire.

Le Pavillon Bastide, structure provisoire, inspiré des pavillons Baltard.

Le Pavillon Bastide, structure provisoire, inspiré des pavillons Baltard.

Car il faudra attendre juin ou juillet 2020 pour que le bowling et le restaurant, entièrement reconstruits à neuf, rouvrent leurs portes. Le bowling au passage s’agrandira en passant de 12 à 16 pistes. Un terrain débarrassé des décombres l’ancienne structure attend les travaux. Il est actuellement entouré de palissades. Les Bastide se sont adressés à une société parisienne, l’Orangerie, pour créer et louer la structure du restaurant provisoire, baptisé Pavillon Bastide. Il s’agit d’une structure métallique inspirée de la forme des pavillons Baltard et recouverte de toiles. La structure a été transportée à l’aide de trois semi-remorques et l’installation a été réalisée en six jours. Le Pavillon Bastide offre une surface de 400 m² et permet d’intégrer 130 places.

La structure peut intégrer 130 places assises.

La structure peut intégrer 130 places assises.

Ce restaurant provisoire reste deux fois moins grand que le précédent, mais la famille parvient à répondre à la demande en étalant midi et soir les clients sur deux services. Jean-Pierre Bastide a même dû faire poser à ses frais un plancher sur l’ensemble du restaurant provisoire afin que le froid ne s’engouffre pas sous le plancher initial. C’est aussi la famille qui a meublé le restaurant et réalisé le bar. L’ensemble sera transféré l’année prochaine dans le restaurant en dur dont la construction devrait bientôt débuter selon les plans de l’architecte Éric Gadou. Dans ce nouvel univers, Gilbert Bastide souhaite avant tout que les clients retrouvent leurs marques.

Une cuisine provisoire

Le restaurant est alimenté par une cuisine composée de neuf modules provisoires de 15 m² chacun, loués à une entreprise spécialisée. Ils accueillent les différents secteurs : chaud, froid, plonge, épicerie ou chambre froide.

Les 9 modules qui composent les cuisines ont bénéficié d’un décor.

Les 9 modules qui composent les cuisines ont bénéficié d’un décor.

La plonge a pris place dans un module.

La plonge a pris place dans un module.

Le second de cuisine reconnaît que sa brigade a eu du mal à retrouver ses repères dans une cuisine plus exiguë et segmentée qu’autrefois. Une période de rodage délicate de deux semaines a été inévitable d’autant que le 11 février, date d’ouverture du Pavillon Bastide, les clients ont répondu présent comme si l’établissement n’avait jamais fermé ses portes. Un témoignage de fidélité qui a été droit au cœur de Gilbert Bastide mais qui adonné quelques sueurs froides à ses équipes.

Les cuisiniers se sont adaptés.

Les cuisiniers se sont adaptés.

Dans la foulée, la rénovation de la toiture de l’hôtel a été achevée et la famille en a profité pour refaire les salles de bains et rénover la climatisation. Entre le 4 mars et le 25 mai, les trois étages de l’hôtel ont progressivement ouvert. Il ne manque désormais plus à l’établissement que son précieux bowling pour retrouver son fonctionnement normal. 35 des 52 employés ont retrouvé leur poste et Gilbert Bastide ronge son frein en attendant que toute son équipe soit de nouveau réunie. Pour cela, il devra encore patienter un an.

Mais alors le Bowling de Rodez sera encore plus grand, plus beau et plus actif. Ce phénix ruthénois a l’art de renaître de ses cendres !

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