La viande de bœuf du Massif valorisée

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Les éleveurs bovins du Massif central prennent le taureau par les cornes et lancent leur propre marque de viande de bœuf: Altitude 1886. Derrière cette nouvelle entité, se trouvent les valeurs d’une agriculture de montagne respectueuse, éthique et de haute qualité. Un lancement est prévu d’ici la fin du deuxième trimestre 2019 auprès du CHR.

Les viandes du Massif central véhiculent des valeurs, une certaine naturalité intacte. Une qualité incarnée par ses races à viande dont la réputation n’est plus à faire. Qu’elles soient aubrac, salers, charolaise, limousine ou ferrandaise, ces vaches-là font fondre les restaurateurs et les consommateurs pour leurs qualités gustatives. Mais au-delà d’un simple nom, c’est tout un massif qui se déguste fièrement au bout de la fourchette. Pour mieux porter leurs voix et faire (re)connaître leur travail, leur savoir-faire et leur quête de qualité, quelques éleveurs se sont unis pour le meilleur, afin de créer leur propre marque. Altitude 1886 a pour vocation de valoriser le territoire et ses produits. Son lancement a été annoncé lors du dernier Sommet de l’Élevage par l’association qui gère cette nouvelle marque sur l’échiquier des produits du terroir. « L’association rassemble les acteurs de la filière bovine. Et nous espérons à l’avenir pouvoir l’étendre sur les filières lait et fromages », explique Benoît Julhes, président d’Altitude 1886. L’agriculteur-éleveur de Salers basé dans le Cantal à Badailhac l’affirme: à travers cette marque collective, la filière souhaite « porter les valeurs de notre territoire qui sont des valeurs attendues par le consommateur aujourd’hui ». À savoir la transparence quant à la provenance de la viande, l’alimentation à l’herbe et dans les pâturages mais aussi la taille humaine des exploitations.


On n’a plus le droit de ne pas être performants

Le nom Altitude 1886 a été choisi en référence à l’agriculture de montagne qu’elle représente. C’est également un hommage au point culminant du Massif central, le Puy de Sancy, qui s’élève à 1886 mètres. Les viandes qui seront commercialisées sous cette marque devront rentrer dans le cadre d’un cahier des charges bien déterminé qui veille au maintien des valeurs d’une agriculture extensive. « L’alimentation des vaches doit être basée sur l’herbe. On impose que 75 % de l’exploitation soit couverte en herbes et à taille humaine, c’est-à-dire pas plus de 100 vaches par chef d’exploitation. Et évidemment, les OGM sont interdits, cela va de soi pour l’écrire noir sur blanc », explique l’éleveur. Conscient de l’évolution des attentes des consommateurs, l’agriculteur cantalien le dit: « il faut mériter la confiance du client final. Les animaux qui seront valorisés sous la marque seront nés, élevés, abattus et transformés sur le territoire du Massif central », insiste Benoît Julhes. Ainsi, à partir de la fin du deuxième trimestre 2019, la viande Altitude 1886 devrait faire son entrée sur le marché, certes dans les rayons en GMS, mais aussi et surtout auprès des restaurateurs, en quête de ce type de produits: « il y a un attrait de plus en plus important pour les produits plus qualitatifs, plus locaux. Le changement s’opère petit à petit. Et c’est pour cela que notre filière bovine du Massif central se devait de s’organiser pour répondre à cela », résume-t-il. Cette création de marque a un autre avantage: encourager l’engraissement sur l’exploitation. Une telle démarche de valorisation et surtout l’exigence d’une viande de qualité pourront permettre aux éleveurs de troupeaux allaitants « de  mettre leurs propres animaux à l’engraissement sur l’exploitation, plutôt que de vendre une vache dite maigre ». En effet, l’exportation de la viande des troupeaux allaitants est « une valeur qui s’échappe du territoire. On doit développer un système de naisseur engraisseur pour capter cette valeur et mieux valoriser le savoir-faire des éleveurs ». À la clé aussi, une meilleure rémunération.


Vers un burger valorisant le Massif

La géologie et la géographie du Massif central impliquent une agriculture de montagne qui fonctionne essentiellement sur l’herbage. Les coûts d’exploitation restent plus élevés qu’en plaine. Pour lutter dans le paysage commercial actuel, « on doit faire savoir notre différence et promouvoir nos qualités. On ne doit pas laisser mourir nos territoires et notre agriculture. On ne peut faire que dans l’authentique », confie Benoît Julhes. Même si certains éleveurs valorisent déjà eux-mêmes leur viande en circuit court, tous ne peuvent pas faire les marchés et venir démarcher en direct à Paris, d’où cette nécessité de se rassembler derrière une marque à part entière pour d’autres. « On n’a plus le droit de ne pas être performants », résume le Cantalien.
Si la marque doit encore développer sa force de frappe commerciale pour marquer les esprits et réussir son lancement, l’association d’Altitude 1886 a déjà émis l’idée de cibler un angle précis pour séduire les consommateurs et les professionnels du CHR. « Les tendances de consommation ont évolué, le burger a dépassé le jambon beurre, alors pourquoi ne pas se positionner là-dessus? », demande Philippe Dumas, éleveur de charolaise dans la Loire, et vice-président d’Altitude 1886. L’idée: offrir des steaks pour burgers haut de gamme. « Cela permet aussi de valoriser 70 % de la carcasse », dit-il. Haché façon bouchère, ce steak pourrait venir se glisser dans un plat valorisant pour le Massif central « en le mariant avec les fromages du Massif comme le cantal AOP. On veut véhiculer ce plaisir de manger un bon burger avec de belles valeurs derrière. » Ainsi, les éleveurs et l’ensemble de la filière comprenant les abatteurs et transformateurs seraient rémunérés correctement. « C’est un concept complet, éthique, qui met en avant la montagne. Ce n’est pas une marque comme les autres. On garde l’humain au cœur de notre démarche », signale-t-il. Une démarche atypique, réfléchie, qui s’est avant tout basée sur une étude auprès des consommateurs qui a bel et bien démontré cet intérêt pour la viande de qualité, porteuse de valeurs en lien avec la nature, le respect de l’environnement et de la vie des agriculteurs. Altitude 1886 arrive bientôt et se fera ambassadrice de l’ADN du Massif central, terre d’élevage aux grands espaces où la nature reste préservée.

Benoît Julhes, président de l’association Altitude 1886.

Philippe Dumas, vice-président de l’association.

Les éleveurs et les acteurs de la filière bovine du Massif central ont annoncé le lancement de cette marque au cours du Sommet de l’Élevage à Cournon-d’Auvergne.

Altitude 1886 devrait être lancée courant 2019 auprès du CHR.

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