Des solutions pour réactiver les pourboires
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Selon un sondage réalisé par l’institut CSA, 85 % des Français déclarent donner des pourboires dans les bars et les restaurants. Mais l’accélération de la numérisation des paiements nuit à cette pratique. Alors que 58 % des 18-24 ans se disent freinés par le manque de monnaie, il est urgent de trouver des solutions digitales qui incitent à la poursuite de cette pratique.
L’Assemblée nationale a adopté lors de l’examen du budget 2022, le 12 octobre 2021, une mesure visant à défiscaliser les pourboires pour les salariés qui gagnent jusqu’à 1,6 SMIC, soit environ 2 011 € net. Dès le 1 L’er janvier 2022, et jusqu’au 31 décembre 2023, les pourboires seront défiscalisés. Cette mesure vient concrétiser le discours du président de la République lors du Sirha, à Lyon, le 27 septembre dernier. Il prévoyait que « les pourboires payés par carte bleue soient sans charge pour les employeurs et sans impôt pour les salariés ».
Serveur au Café d’Orsay dans le 7e arrondissement de Paris depuis 25 ans, Richard témoigne : « Les gens demandent toujours si le pourboire nous revient. Dans la tête des gens, quand on essaie de les inciter à laisser le pourboire en monnaie plutôt qu’en carte, c’est pour faire du black. La défiscalisation, elle sert à rien selon moi. Sur 20 ans, je pense avoir obtenu près de 160 000 € de pourboires. De toute manière, l’État ne pouvait pas savoir ce qu’on avait dans les poches. Et on ne payait déjà pas d’impôt là-dessus. Ce qui embête tout le monde, c’est que ça échappe au contrôle et que l’État n’a pas de droit de regard sur ces sommes. » Le nouveau texte de loi permettra désormais la traçabilité des gratifications par les services fiscaux.
Dans le secteur CHR, le pourboire est laissé à l’appréciation du client. Et dans la tradition du geste, il est généralement versé en espèces. 77 % des Français déclarent laisser un pourboire et son montant moyen est de 2,80 €, précise une étude du CSA pour Lys datant du mois de mai 2021.
La solution du sans-contact
Devenu monnaie courante, le paiement par carte a été privilégié pendant la pandémie. Car il est jugé plus pratique et sécurisé dans un contexte de pandémie. L’apparition du sans-contact et le relèvement du plafond à 50 € ont largement contribué à l’accélération de cette tendance.
Une enquête de la Banque centrale européenne, réalisée en juillet 2021, démontre que 39 % des sondés en France ont réduit leur utilisation d’espèces depuis le début de la crise de Covid-19. D’après cette même enquête, 49 % paient plus volontiers en carte sans contact. Le geste traditionnel et ancien du pourboire, de plus en plus attribué par carte bancaire, tend ainsi à se dématérialiser. Il s’inscrit dans un contexte post-Covid qui voit la numérisation progresser. Comment le maintenir ou aider à sa réactivation ? La dématérialisation des pourboires est un enjeu économique de taille, que la crise sanitaire a révélé et accéléré.
D’après l’étude du CSA, les Français s’estiment prêts à 68 % à recourir au pourboire dématérialisé. Des solutions ont été pensées pour organiser le maintien ou la réintroduction digitale de cette pratique en mutation. Reste à encourager les clients à adopter ces nouvelles habitudes.