À l’occasion de la première édition du Mois du Vouvray à Paris, jusqu’au 31 mars, les vignerons de l’appellation montrent toute l’étendue du potentiel de ce petit vignoble de Loire, sur la base du chenin comme seul et unique cépage. Au-delà des fines bulles, ce blanc démontre sa pertinence sur tout l’éventail, du sec au moelleux.

Les vins de Vouvray savent s’exprimer plus largement que le sous-entend leur réputation. Généralement associé aux fines bulles et à une forme de vivacité, le vignoble de Loire a trop bien caché les vins secs et les moelleux issus de ses parcelles de chenin. Ce cépage, le seul cultivé et autorisé dans l’Appellation d’origine contrôlée (AOC), offre de multiples facettes aromatiques. « Les vins secs ont pas mal de sucre résiduel, ce qui en fait des vins faciles d’emploi, qui trouveront leur place bien sûr avec un poisson, mais aussi en apéritif », souligne Guillemette De Reviers, directrice l’AOC Vouvray. L’appellation s’est rapprochée d’une quarantaine de cavistes et de restaurateurs parisiens pour promouvoir ses vins à l’occasion d’un événement inédit : le Mois du Vouvray à Paris, qui se tient jusqu’au 31 mars. « Notre souhait, c’est de faire découvrir le Vouvray autrement que comme une alternative au champagne. Le chenin exprime beaucoup de choses, il plaît aux consommateurs. Et, nous avons la chance, contrairement à d’autres vignobles, d’avoir toujours une belle acidité grâce à la diversité de nos sols. » Cette particularité confère une belle fraîcheur aux vins, y compris aux moelleux qui se distinguent dans une période où la tendance n’est pas forcément de leur côté.
Un cépage plusieurs profils
Les 150 domaines du territoire cultivent leurs singularités, à la fois dans l’élevage des vins, mais aussi par la typicité des parcelles qui se révèlent parfois de manière surprenante. Les coteaux de Vouvray, dispersés sur 2 200 ha sur les communes de Tours, Vouvray, Chancay, Noizay, Reugny, Rochecorbon, Vernou-sur-Brenne et Parcay-Meslay (Indre-et-Loire), oscillent en effet entre des terres argilocal-caires (marquée par la profusion de tuffeau dans la région), et un sol plus minéral où le silex est un marqueur important de certaines cuvées.
Le vignoble connaît un effet millésime particulièrement marqué de par sa situation géographique, ce qui a conduit les vignerons à s’adapter à diverses conditions de maturité du raisin et à des récoltes plus ou moins riches en sucre. Le raisin, récolté en premier, donne des vins secs, plus tard des demi-secs, et enfin des moelleux. « Les aléas climatiques sont évidemment un enjeu mais cela occasionne aussi de belles surprises et le chenin réagit plutôt bien », note Guillemette De Reviers. Une nouvelle génération de vignerons entend par ailleurs renouveler le genre et valoriser plus largement leur travail.
Désormais, les vins secs s’écoulent à parts égales avec les fines bulles. Ils présentent généralement des arômes frais d’acacia, d’agrumes et de girofle, le côté fruité de la poire ou celui parfois beaucoup plus minéral selon la parcelle ; ils prennent aussi des notes fumées, grillées ou même miellées au fil des années. Les demi-secs sont plutôt sur le fruit, quand les moelleux déploient allègrement des arômes d’agrumes, de poire, de mirabelle et de fruits exotiques. Le temps leur amène des notes plus toastées, de coing et d’épices douces.
Des fines bulles
La méthode traditionnelle prévaut pour le Vouvray fines bulles ; elle est assortie d’un élevage sur lattes de 12 mois minimum, mais que de nombreux domaines poussent jusqu’à trois ans pour affiner les arômes et la subtilité des bulles. Les caves troglodytiques, emblématiques de la région, creusées dans les falaises de tuffeau, offrent les conditions idéales pour la structuration des vins. Avec un profil aussi avenant et une si belle histoire à raconter, les vins de Vouvray ne devraient pas avoir de mal à conquérir la capitale.