Le snacking résiste et s’adapte

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Le marché du snacking se démontre agile pour faire face au contexte d’inflation et d’évolution des usages. A l’occasion de l’ouverture du salon Sandwich & Snack show, ce mercredi, une étude menée par le cabinet CHD-Expert apporte des éclairages sur l’état et les perspectives du secteur.

Matthias Carré remporte la coupe du Monde du Burger. Crédit : DR.
Matthias Carré remporte la coupe du Monde du Burger. Crédit : DR.

L’étude Speak snacking 2023, menée par le cabinet CHD-Expert Datassentiel, dresse un état des lieux du marché du snacking, en marge du salon Sandwich & snack show qui se tient les 12 et 13 avril, à Paris Expo Porte de Versailles. Le marché apparaît particulièrement agile à s’adapter au contexte tendu à plusieurs niveaux. En atteste le nombre croissant de points de vente (+17 %) et un chiffre d’affaires largement en hausse (+19 % à 23,4 Mds €) depuis 2019. « Les chaînes occupent un espace de plus en plus important, elles concernent 66 % du chiffre d’affaires global », détaille Nicolas Nouchi, responsable des études de CHD-Expert.

Des moments de consommation plus étalés

L’étude démontre une évolution importante des moments de consommation du snacking, à la faveur du télétravail. « La dynamique du télétravail est forte et se maintient en 2023 avec 20 % des salariés qui le pratique une partie de la semaine », poursuit le spécialiste. Cela contribue à étaler le marché sur l’ensemble de la journée « mais aussi sur des channels plus larges, notamment les boulangeries ». Le déjeuner reste malgré tout le moteur du snacking avec 45 % des interrogés qui déjeunent à l’extérieur à midi. Le fréquentation au dîner reste stable (37 % des consommateurs), en baisse pour les lieux de snacking (22 % en 2023 vs 25 % en 2023). Le moment du petit-déjeuner se normalise et profite essentiellement aux boulangeries (43 % des achats vs 23 % en 2022).

L’enjeu de gérer la hausse des prix

Le retour de la gamelle au bureau, grande rivale du snacking sur la pause méridienne, pourrait jouer les troubles fête. En effet, elle se glisse dans le sac de 48 % des travailleurs au moins une fois par semaine, principalement pour des raisons économiques. Dans le contexte d’inflation, la gestion de la hausse des prix par les restaurateurs est donc cruciale. Ce alors que 45 % des points de vente interrogés disent avoir augmenté l’ensemble de leurs prix. « Aujourd’hui, un restaurant sur deux a augmenté ses prix de 9% en moyenne. Le consommateur attend de la transparence sur le sujet. Il faut roder son discours, conseille Nicolas Nouchi. La démarche la plus intéressante est d’augmenter progressivement selon le type de produit. Les effets sur les marges se verront dans le temps. Par contre, on déconseille de baisser les grammages pour espérer les maintenir. Ce serait bien moins compris qu’une hausse de prix, il ne faut pas décevoir les consommateurs sur la quantité.» La conséquence de l’augmentation des prix a pour effet une baisse de fréquentation et du panier moyen à part égale (49 %) pour la moitié des restaurateurs concernés. « Pour autant, la dynamique se maintient, simplement pas dans les proportions espérées. »

Maintenir la fréquentation, un défi

L’enjeu de 2023 pour le secteur sera plutôt celui de la fréquentation, d’autant que le temps de pause moyen est en hausse constante depuis plusieurs années, désormais à 56 minutes. 42 % des consommateurs déclarent qu’ils restent fidèles à leurs points de vente habituels. Mais ils s’y rendent moins souvent. Pour 25 %, ces sorties persistent, mais le panier moyen diminue. L’étude note que 92 % des Français consomment au moins une fois par mois hors domicile. Ramené à un budget hebdomadaire, cela représente 36,40 €. « L’impact de l’inflation sur les consommateurs n’est pas encore significatif pour la restauration, avance Nicolas Nouchi. Les clients souhaitent encore se faire plaisir et préfèrent réviser la fréquence de consommation plutôt que le niveau de dépense. C’est là l’enjeu le plus capital pour les restaurateurs : faire en sorte que les clients continuent à venir. La restauration rapide sur place a encore beaucoup de chemin pour retrouver son niveau antérieur. »

La livraison, important levier, mais en baisse

Un temps considérée comme une perspective de développement, la livraison semble perdre en vigueur. « Si 63 % des Français sont concernés par la livraison, le chiffre s’est tassé par rapport à 2022 », constate Nicolas Nouchi. Le panier moyen par personne mais aussi par livraison est en revanche en hausse par rapport à 2020. « Les consommateurs se rendent sur les plateformes en sachant déjà ce qu’ils veulent commander. Il est bon de regarder la stratégie développée par les chaînes émergentes à ce sujet. » On constate également une baisse de la livraison et de la vente à emporter en 2022 dans la restauration à table (19 % et 59 % d’établissements qui les proposent). Les consommateurs sont particulièrement vigilants au montant des frais de livraison et sont rassurés par les enseignes qui ont aussi une existence physique.

Pizza, burger, kebab, trio de tête

Concernant le podium des snacks préférés des Français, la pizza et le burgers continuent de caracoler en tête. La grosse surprise vient du kebab qui fait un bond (23 % en 2023 vs 9 % en 2022) grâce à une tendance forte à la premiumisation, au détriment notamment des wraps et des pâtes à emporter. Ce sont aussi les plats les plus commandés en livraison. Le tacos, encore un peu en retrait, connaît néanmoins aussi une belle croissance. Côté sucré, les viennoiseries sont en tête mais en perte de vitesse (46 % vs 54 %), au profit de la pâtisserie traditionnelle. Elle gagne 20 points et les pâtisseries américaines grimpent également (30 % vs 18 %). La tendance du végétal est en légère progression, mais la moitié des consommateurs semblent se satisfaire de l’état de l’offre actuelle.

Ne pas manquer le train du digital

Le digital est aussi « en forte progression » dans les usages des consommateurs de snacking. La moitié d’entre eux s’attendent désormais à pouvoir sur des bornes et à consulter des menus digitaux dans les points de vente. Les cartes de fidélité digitales et le recours à des promotions anti-gaspillage sont aussi plébiscités. « La promotion est un moteur. Les restaurateurs ne doivent pas avoir peur de la gratuité, c’est un levier de ventes additionnelles. »
L’étude, réalisée en février 2023 juste après l’entrée en vigueur des nouvelles mesures liées aux contenants pour la consommation sur place, apporte peu d’éléments sur ce nouvel enjeu pour le secteur. « L’engagement du consommateur sur le sujet sera un moteur pour leur déploiement dans les points de vente » conclut Nicolas Nouchi.

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