Le beaujolais perd son ambassadeur

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Le viticulteur et négociant Georges Duboeuf s’est éteint, samedi 4 janvier 2020, à l’âge de 86 ans. Ambassadeur incontournable des vins du Beaujolais et père du beaujolais nouveau, il a su imposer ces vins sur les plus grandes tables.

« Est-ce un hasard si ce négociant mondialement connu a attendu pour partir les premiers jours de deux mille vins ? » a twitté Bernard Pivot en rendant hommage à son ami disparu. Georges Duboeuf s’est éteint chez lui, à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire) à 86 ans, après en avoir passé près de 70  à promouvoir, inlassablement, les vins du beaujolais.

Il a à peine 18 ans lorsqu’il décide de s’occuper du domaine familial avec son frère. C’est à vélo qu’il part démarcher les restaurateurs pour leur vendre les vins de l’exploitation familiale alors mal valorisés, des pouilly-fuissé. « Je connaissais par coeur le guide Michelin et je suis allé voir les restaurants les mieux notés », confiera-t-il. Gaston Brazier, Paul Blanc, Paul Bocuse, Jean et Pierre Troisgros ou encore les frères Haeberlin se laissent séduire. Le chef du Chapon fin, oncle de Georges Blanc, demande alors au jeune viticulteur du rouge, racontent Les Echos. Les frères Duboeuf n’en produisant pas, Georges arpente alors les vignobles du beaujolais pour en sélectionner. Cette pratique innovante fut le point de départ de son activité de négoce. En 1964, il fonde sa maison, Les vins Georges Duboeuf

Devenu l’ami des chefs, et notamment de Paul Bocuse qui l’a « très rapidement […] emmené dans ses bagages, à chacun de ses déplacements à l’étranger », révèle au Figaro Michel Brun, son collaborateur pendant une trentaine d’années, l’entrepreneur étend la notoriété du beaujolais aux tables étrangères et notamment américaines. Il s’illustre également comme faisant partie de la poignée de négociants ayant créé le beaujolais nouveau, dans les années 1970.

Il sera également l’un des pionniers du tourisme viticole en fondant en 1993 le Hameau du vin, un musée sur l’histoire du vin, aujourd’hui doublé d’un parc à thème et qui accueille chaque année 100 000 visiteurs du monde entier. « Par sa vision et son travail, il a redonné de la vie, de la couleur, des arômes, quelque chose de joyeux à ces vins du Beaujolais », a déclaré Dominique Piron, le président d’Inter Beaujolais.

Seule ombre au tableau, la condamnation en 2006 de la société Duboeuf et de son directeur de vinification pour « tromperie et tentative de tromperie sur l’origine et la qualité » de 2 050 hectolitres de beaujolais.

Depuis 2018, Georges Duboeuf avait officiellement passé le flambeau à son fils Franck. La société collabore aujourd’hui avec 300 vignerons, emploie une centaine de personnes et commercialise environ 20 % de la production totale de beaujolais.

 

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