La fin de l’eau en bouteille

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À l’approche des JO de Paris 2024, la capitale s’organise pour réduire son empreinte carbone. En ligne de mire : les bouteilles d’eau en plastique. Les restaurateurs deviennent alors des partenaires privilégiés de cette lutte contre les contenants à usage unique.

Photo d'illustration : eau. Crédit : DR.
Photo d'illustration : eau. Crédit : DR.

Aussitôt consommée, aussitôt jetée, la bouteille d’eau en plastique constitue une véritable plaie pour l’environnement. En France, on consomme chaque année « 8,7 milliards de litres d’eau vendus dans des bouteilles en plastique », affirme le syndicat de l’eau de Paris. Qu’elles finissent dans la nature, à la poubelle ou dans un bac de recyclage, seule la moitié d’entre elles est recyclée. En outre, ces contenants comptent parmi le top dix des déchets qui polluent le plus les rivières et les océans. Alors pour changer la donne, l’organisme indépendant préfère « éliminer ce déchet à la source », explique sa directrice de la communication Valérie Derrey. Avec trois millions d’usagers quotidiens, la régie autonome ambitionne de distribuer une eau de qualité à tous les Parisiens, même en dehors de leur domicile. La solution ? Créer un réseau d’établissements partenaires capables d’offrir de l’eau aux passants qui le souhaitent. En effet, la Ville de Paris compte déjà 1.200 fontaines à eau publiques, un réseau important que le syndicat espère doubler grâce à ses nouveaux points de distribution.

Offrir de l’eau

Depuis sa création, le dispositif « Ici, je choisis l’eau de Paris » a rassemblé plus de 700 établissements. Pour 2023, le syndicat se lance un nouveau défi et ambitionne d’ajouter 1.200 partenaires au réseau déjà existant de points d’eau publics. Parmi les adhérents, 26% de commerces alimentaires, 24% de lieux culturels mais surtout 50% d’établissements CHR. Soucieux de l’environnement, ceux-ci ont fait le choix d’offrir un peu de temps et d’eau du robinet aux passants assoiffés qui poussent leur porte. « Pour adhérer au réseau c’est très simple, il suffit de remplir un formulaire en ligne puis d’apposer sur sa vitrine un sticker qui indique que l’on fait partie du dispositif », détaille Valérie Derrey.

Une petite attention gratuite qui, en réalité, ne prendra au restaurateur que quelques minutes. « J’ai toujours servi de l’eau aux personnes qui me le demandaient », témoigne la cheffe Alessandra Montagne. Inscrite dans le projet depuis 2021, elle adhère totalement à sa philosophie. « C’est un geste qui n’a rien d’exceptionnel. En réalité, les gens viennent généralement en fin de matinée ou à l’heure du goûter mais jamais durant les services. Je sers un verre d’eau ou remplis la gourde de tous ceux qui me le demandent ; la cuisine, c’est avant tout la générosité. On ne peut pas aimer cuisiner pour des gens et ne pas partager avec eux », affirme la cheffe de l’établissement Nosso.

Un phénomène national

À l’échelle hexagonale, les actions ponctuelles n’ont pas attendu les Jeux olympiques pour s’organiser. En 2019, à Arles, déjà la question de la pollution aux bouteilles en plastique faisait débat. Grâce à l’action « Zéro bouteille plastique », la municipalité avait mis en place un réseau de commerçants similaires à celui créé à Paris. Malheureusement, l’expérimentation n’a pas survécu à la crise sanitaire. « Nous continuons à accompagner les collectivités désireuses de s’impliquer dans cette démarche », déclare Stéphanie Dick, designer spécialisée dans le mouvement de la conduite du changement. Récemment le Delta festival, événement accueillant 180.000 visiteurs sur les plages marseillaises, s’est inscrit dans cette démarche. « Si ce festival qui se passe au soleil sous 35°C peut le faire, tous les établissements situés en domaine urbain peuvent sauter le pas », s’exclame la designer. Un avis partagé par la directrice de la communication du syndicat des eaux de Paris, qui ajoute « Certains restaurateurs peuvent être réticents à l’idée d’offrir un service gratuit, mais en réalité ils ont tout à y gagner en attirant de potentiels clients qui apprécieront la démarche et voudront consommer. » Un engagement donnant-donnant, bénéfique non seulement pour la planète mais aussi pour les établissements partenaires.

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