Karine Odoul-Delplace, les racines au coeur
- Temps de lecture : 4 min
Après avoir longtemps travaillé avec ses parents, Karine Odoul-Delplace a créé le Café LiLou (Paris 5e) avec son père en 2011, avant d’en prendre les commandes il y a 4 ans. Elle exploite depuis lors ce café-tabac, avec son mari, en privilégiant une relation de proximité avec une clientèle de quartier.

Lorsque Karine Odoul-Delplace et son père, Gérard, ont repris cette brasserie du 62, boulevard de Port Royal (Paris 5e), ils ont choisi de la rebaptiser Café LiLou, un nom qui contracte les deux prénoms des grands-mères de la jeune femme : Lili et Louise. Pour Karine, ce choix représente un hommage à ses aïeules et la réaffirmation de l’identité aubracoise de l’établissement. Chose peu commune en effet, le café tabac a été racheté à un famille asiatique alors que depuis une trentaine d’années, les Auvergnats ont plutôt tendance à se désengager de l’activité de buraliste.
Mais Gérard Odoul a exploité de nombreux tabacs dans sa carrière. Monté à Paris depuis sa Lozère natale, il a d’abord détenu un café-tabac rue Dauphine (Paris 6e). « J’y ai fait mes premiers pas », se souvient Karine. Le Lozérien a aussi repris le tabac Le Concorde (Paris 19e), qui appartenait à sa belle famille. « En 2011, mon père souhaitait plutôt racheter un tabac pour valider quelques années de sa retraite de buraliste. Moi, j’étais plutôt attirée vers la brasserie. Le projet du Café LiLou représentait un bon compromis », se souvient Karine.
« Le tabac est significatif dans le bilan »
Initialement destinée à une carrière dans l’événementiel, Karine a été placée à l’âge de 21 ans derrière le guichet du bureau de tabac familial par ses parents. «À la base, j’aspirais à un métier plus relationnel, mais progressivement l’activité en brasserie m’a amené à approfondir le contact avec la clientèle », confie-t-elle.
Avant de créer le Café LiLou, la cafetière a travaillé au Franklin hôtel, chez Thierry Borrel, président de la Bourrée de Paris. «J’y ai beaucoup appris », confie-t-elle. Elle va ensuite mettre cette expérience à profit en prenant un poste de responsable au Bon Marché (Paris 7e) où elle s’est initiée au management des équipes.
En créant l’actuel établissement, Gérard Odoul, son épouse et sa fille ont procédé à de gros travaux d’agencement qui ont permis d’excentrer le tabac et d’agrandir la cuisine. Lorsque son père lui a confié les rênes de l’entreprise en 2021, Karine a rénové les façades et revu le décor intérieur pour lui donner un caractère plus ancien. À cette occasion, le coin PMU a été sacrifié. Pour autant, la patronne du LiLou ne veut pas tirer un trait sur son tabac. Même si cet aspect du métier ne la passionne pas, elle reconnaît que la raison la pousse à maintenir ce guichet : «C’est significatif dans le bilan, confie-t-elle. En outre, ce quartier connaît d’importantes mutations. La caserne Lourcine a disparu pour accueillir 2 000 étudiants. Ensuite, l’hôpital du Val de Grâce a été fermé en 2016. Cette fermeture a fait reculer l’activité de la brasserie de 30 % cette année-là. Dans ce cas, nous sommes toujours contents de pouvoir compter sur le tabac qui représente un peu de beurre dans les épinards. »
Aujourd’hui, la patronne du Café LiLou se réjouit de la perspective du projet PariSanté Campus numérique qui devrait s’installer dans le Val de Grâce. Depuis 2022, Karine dirige le Café LiLou avec son mari Thibault. Cet ancien menuisier s’est reconverti dans le CHR lors de leur rencontre, il y a dix ans. Mais il n’a pas oublié son ancien métier puisque c’est lui qui a réalisé de nombreuses pièces de menuiserie de l’établissement. Le couple a su attirer une fidèle clientèle de quartier en entretenant avec elle une proximité et une forte convivialité. La patronne mise volontairement sur une carte courte, qui lui permet de travailler exclusivement avec des produits frais. Il y en a pour tous les appétits, du délicat filet de rouget au roboratif hamburger. Quelques produits d’Auvergne viennent donner une note régionale à l’ensemble, à l’image des charcuteries Mas, du vin de Marcillac du Domaine Laurens, ou des fromages livrés directement du Lot.
Malgré sa forte implication dans l’entreprise, Karine parvient à assumer des responsabilités dans le monde associatif. Depuis trois ans, elle a succédé à Isabelle Cazals à la tête de Pastres et Pastretos. Avec Virginie Lemaître, elle co-préside désormais ce groupe destiné à initier les jeunes enfants au folklore du Massif central. Elle a intégré cette formation à l’âge de 11 ans, avant de rejoindre quatre années plus tard la Bourrée de Paris. Cette imprégnation dans le mouvement culturel Auvergnat l’a même conduit à obtenir, en 1999, le titre de pastourelle de l’Aveyron et la crosse de pastourelle de la Ligue. Ses propres filles, Léa (11 ans) et Manon (6 ans), ont suivi son chemin en devenant à leur tour danseuses dans l’association Pastres et pastretos.
Même si elle est née à Paris, la patronne du Café LiLou reste viscéralement attachée à sa région d’origine. Au mois d’août, à la Toussaint et durant l’Ascension, toute la famille se retrouve en Aubrac, soit dans la maison de Gérard Odoul, à Fournels (Lozère), soit dans la maison du grand-père maternel de Karine, à Campouriez (Aveyron).