Courses au large : La Mare aux Oiseaux à la conquête des océans 

Dans les courses au long cours, comme le Vendée Globe, un des seuls réconforts du skipper est celui de la pose repas, quelle que soit l’heure. Et retrouver ses plats préférés, comme une passerelle avec la terre et ses proches. Une parenthèse salutaire et essentielle. A condition que les mets préparés à l’avance soient au rendez-vous. C’est le défi réussi du chef étoilé Éric Guérin, à la tête du restaurant La Mare aux Oiseaux, Saint-Joachim en Loire Atlantique. Et de son bras droit depuis quatorze ans, Benjamin Larue. Ils ont réussi à confectionner des plats stérilisés sous vide.

Trois défis

Tenir compte des desiderata des marins tout en préservant les saveurs. Des efforts récompensés. Charlie Dalin, le grand vainqueur 2025 de la course autour du monde en solitaire et sans assistance 2024/2025, a fait appel aux savoir-faire culinaire de La Mare aux Oiseaux.

Tout débute en…

Le talent de La Mare aux Oiseaux n’est pas né d’un coup de baguette magique un beau matin. Il est le fruit du hasard, comme souvent. Petit retour en arrière. 2020, le Covid se répand. Et le confinement de la population devient la règle. L’architecte de La Mare aux Oiseaux décide alors de se confiner sur un bâteau aux Antilles. Par la suite, ce dernier décide de participer à la transat en double Lorient-Les Bermudes-Lorient. Et il demande au chef Éric Guérin de lui préparer des plats. Le défi est lancé. « A l’époque, nous ne maîtrisions rien, précise Benjamin Larue. Cela dit, je me souviens qu’une ancienne élève à nous possédait un autoclave. Un appareil capable de faire des sachets sous vide. » L’aventure commence… Au fil du temps, les succès sont au rendez-vous : Route du Rhum 2022 avec Yoann Richomme, vainqueur sur le Class40 Paprec Arkéa, Transat Jacques Vabre 2021 et l’Arkéa Ultim Challenge 2024. Et maintenant Charlie Dalin.

Du cousu main

« Chaque skipper a ses besoins et ses préférences. Nous adaptons chaque plat pour qu’il devienne une source d’énergie, mais aussi de réconfort, même au milieu de l’océan. La différence entre l’appertisation et la lyophilisation, c’est la texture, le goût et la traçabilité des produits puisque nous utilisons les mêmes producteurs locaux qu’au restaurant », explique le chef Éric Guérin. La Mare aux Oiseaux fournit également les repas aux équipes au-delà du skipper. Comme c’est le cas de Paprec Arkéa.

Le savoir-faire de La Mare aux Oiseaux n’a pas vocation à se retrouver dans le commerce. C’est du cousu main pour chacun des marins, comme le précise Benjamin Larue. Par exemple, Charlie Dalin ne veut pas de gras, pas de gros morceaux, des épices mais pas trop… « Nous élaborons les recettes un an avant la compétition. En revanche, nous les produisons juste avant la course, rappelle-t-il. Si l’autoclave tombe en panne, comme c’est arrivé une fois… »

Quoi qu’il en soit, les compétences de La Mare aux Oiseaux en matière de repas de l’extrême pourraient être déclinées au-delà des marins. Par exemple, l’armée. Bonne pitance vaut bon soldat, dit-on. « Pour nos militaires, notre offre serait trop lourde, poursuit-il. Comme pour les skippers. Ils sont à la recherche de réduire le poids des biens embarqués avant chaque départ. A une exception : la nourriture.»

En revanche, Benjamin Larue nourrit un rêve, celui d’envoyer le savoir-faire de La Mare aux Oiseaux dans l’espace avec Thomas Pesquet. L’odyssée galactique de la gastronomie française ne fait que commencer…

7 skippers du Vendée Globe 2024/2025 ont recours à La Mare aux Oiseaux
o Yoann Richomme, IMOCA Paprec Arkéa
o Violette Dorange, IMOCA DeVenir
o Charlie Dalin, IMOCA Macif
o Justine Mettraux, IMOCA TeamWork – Team SNEF
o Benjamin Ferré, IMOCA Monnoyeur – Duo For a Job
o Nicolas Lunven, IMOCA Holcim – PRB
o Romain Attanasio, IMOCA Fortinet – Best Western