Jean-Michel Déhais, rédacteur en chef de l’Auvergnat de Paris, offre son point de vue sur l’actualité du secteur. Aujourd’hui, cap sur les robots cuisiniers de Pazzi.
Je vous recommande l’expérience d’un déjeuner dans la pizzéria Pazzi, près de Beaubourg. Entendons-nous, il ne s’agit pas d’un conseil gastronomique ! Si les pizzas y sont plutôt banales, elles ne présentent toutefois rien de rédhibitoire ou de repoussant. Mais il faut impérativement se rendre dans ce lieu pour observer un robot remplissant toutes les fonctions d’un pizzaïolo. Le spectacle est fascinant, quasiment envoûtant. On ne peut détacher son regard de ces bras qui opèrent des mouvements répétitifs sans jamais commettre la moindre erreur. Face à eux, la condition humaine en prend un sacré coup.
Un cuisinier en chair et en os serait moins fiable, moins rapide et plus coûteux qu’une de ces machines de métal. Seul handicap du robot par rapport à l’homme, il ne peut pas encore chanter O sole mio a cappella en travaillant et ne plaisante pas avec les clients. Il n’empêche, ce cyber-pizzaïolo commence à séduire de nombreux patrons qui cherchent à automatiser certaines tâches dans un contexte de pénurie croissante de personnel. La restauration reste un métier très consommateur de main-d’œuvre. Dans l’économie actuelle, ce handicap se révèle pénalisant pour une entreprise. Certains prédisent même que dans une dizaine d’années, la restauration rapide américaine sera essentiellement assurée par des robots. Cette tentation de mécanisation générale n’a rien de scandaleux. Faire exécuter à une machine des travaux fastidieux et répétitifs permet de réserver les tâches les plus nobles du métier à l’humain et contribue ainsi à valoriser le personnel.
