Italie : après la France, l’autre temple de la gastromonie vacille

« Nous allons tous mettre la clé sous la porte si cela continue », souffle Capone. Depuis le 26 octobre, son restaurant Green Garden situé à Mondragone au nord de Naples et tous les autres du pays sont fermés. Il lui est impossible d’accueillir ses fidèles clients. Pour « survivre », il continue son système de livraison et de vente à emporter. Il mesure sa chance d’avoir un produit qui s’y prête bien : la pizza.  « Mais les gains sont insuffisants. Nous sommes loin du chiffre d’affaires que nous devrions faire. J’ai dû mettre une partie de mon équipe au chômage. Moralement, c’est très compliqué. Nous recevons certes des aides de l’État mais l’avenir reste incertain. Nous n’avons aucune visibilité », explique-t-il. 

Le restaurant Green Garden continue son système de livraison et de vente à emporter.

Du côté des fournisseurs, la fermeture des restaurants bouleverse également leurs habitudes. Raffaele Palmieri est chef d’équipe vente pour Amadori en Campanie. Le groupe Amadori est le leader italien du secteur de la volaille. Lui aussi vit à Mondragone, à une soixantaine de kilomètres de Naples. Depuis la fermeture des restaurants, son travail a considérablement changé. « J’ai beaucoup moins d’échanges avec les restaurateurs. Désormais, je fonctionne davantage avec les boucheries et les supermarchés », constate-t-il. « Mais j’ai de la chance, je continue de travailler. Mes clients se sont juste diversifiés. Je suis tout de même inquiet pour l’ensemble du secteur de la restauration », poursuit-il.

« Un silence inédit »

L’agriturismo Villa Constanza est situé à Carpino (Pouilles). 

Perché sur les hauteurs de Carpino, il met en valeur la cuisine locale et le savoir-faire agricole de la région. Rien n’est plus comme avant depuis la décision du gouvernement. « Un silence inédit règne dans notre établissement. La fermeture a été un énorme coup dur pour nous, nos habitudes ont été bouleversées. Nous sommes plongés dans la même situation qu’en mars », rapporte Maria Pia D’addetta émue. « Durant l’été nous avons très bien travaillé et repris des couleurs. Cette nouvelle fermeture sonne le glas de nos espoirs. Nous continuons toutefois notre service de livraison, comme nous l’avons toujours fait depuis 15 ans. Nous ne voulions pas abandonner nos clients et cela permet également à notre équipe de travailler », poursuit la jeune femme.

L’équipe du Villa Constanza fournit des repas aux policiers de la ville.

Maria Pia D’addetta continue ainsi de ravir les papilles des habitants de la commune et des alentours. En guise de solidarité envers les policiers de la ville, le restaurant Villa Constanza leur fournit également des repas. « Je crains l’avenir mais je garde un brin d’optimisme. Notre vie va redevenir normale, j’espère pouvoir accueillir mes clients prochainement. Il y aura bien évidemment des mesures sanitaires drastiques. Mais il ne faut pas faire percevoir cette distance comme une barrière, mais comme une nouvelle manière d’accueillir » conclut Maria Pia D’addetta.