L’activité touristique en pleine mutation

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Après un début d’année contrarié par les Gilets jaunes, l’activité touristique s’est relancée durant l’été, tout en laissant entrevoir de nouvelles habitudes de consommation chez les vacanciers.

Parmi les grandes tendances de l’été 2019 sur le plan national, on note un changement de comportement de la part des vacanciers. Ainsi, si le tourisme de masse et les destinations classiques restent des valeurs sûres (l’Occitanie demeure la première destination devant la Nouvelle-Aquitaine et la région PACA), on remarque que les régions habituellement en retrait en période estivale commencent à s’imposer comme une véritable alternative. C’est ce que souligne Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme : « Le duo soleil-plage ne suffit plus. Nous assistons à un changement important, avec une bascule du comportement des vacanciers, qui intègrent de plus en plus le tourisme de proximité, plus authentique et plus vertueux, tout en voulant plus de qualité et de service. » Une nouvelle répartition des touristes qui a été, de plus, accentuée par la canicule. En juillet, la Méditerranée a ainsi subi une baisse de fréquentation de 2 % à 8 % selon les territoires (les plus impactés étant la Corse et le Var), alors que la façade Atlantique (Bretagne, Vendée, Normandie) et la montagne bénéficient d’une hausse de 3 % à 6 %.

Des budgets en hausse et une nouvelle approche

Sur les 31,5 millions de Français qui sont partis cet été (4 % de plus qu’en 2018), le budget moyen d’une famille de quatre personnes a augmenté de 7 %. Un chiffre qui s’explique notamment par l’allongement de la durée des séjours (10,5 jours contre 10 en 2018), mais aussi par une montée en gamme dans le choix des hébergements : « Ils sont plus qualitatifs, plus confortables, plus insolites et plus thématisés », précise l’enquête de Protourisme. La location demeurant ainsi l’hébergement le plus prisé, à 42 % (dont 2 millions mis sur le marché via les plates-formes comme Airbnb, un record), devant le camping (29 %) et les hôtels (16 %). Les hôtels quatre et cinq étoiles ont d’ailleurs le vent en poupe, avec un bond de fréquentation de 6 %, d’après l’Insee. Une nouvelle approche qui a cependant des conséquences négatives sur la consommation, d’après Didier Arino : « Européens comme Français font des arbitrages dans leurs achats au détriment de la restauration et des dépenses jugées superflues. » Chez la clientèle étrangère, justement, notons un recul des touristes historiques, britanniques (effet Brexit) et néerlandais. Une baisse légèrement compensée par un afflux plus important de touristes espagnols et italiens. Didier Arino souligne également un retour progressif des touristes long courrier en zone urbaine, entraînant un effet positif dans l’hôtellerie.

Dans le Puy-de-Dôme, 78% des professionnels estiment que le niveau de réservation pour Septembre est bon, voire très bon (ci-dessus : le lac Chambon). 

L’Île-de-France à la relance

Concernant les zones urbaines, penchons-nous sur la situation en Île-de-France. Présenté le 27 août dernier par le comité régional du tourisme et la présidente du conseil régional Valérie Pécresse, le bilan reste positif, malgré l’effet Brexit et les conséquences du mouvement Gilets jaunes. La consommation touristique globale s’élève ainsi à 9,8 milliards d’euros, soit un léger manque à gagner de 92 millions d’euros en comparaison avec la même période en 2018. Même chose pour les arrivées hôtelières : le premier semestre 2018 avait établi un nouveau record pour la décennie (17,3 millions) et 2019 maintient le cap, avec seulement une infime baisse (- 0,1 %). Un chiffre imputable aux visiteurs étrangers (- 42 000), tandis que la clientèle française a augmenté (+ 30 000). Parmi les nationalités qui ont boudé Paris, on retrouve les Britanniques (- 12 % de nuitées) et les Chinois (- 4,4 %), tandis que les Japonais (+ 12 %), les Espagnols (+ 7 %) et les Américains (+ 6 %) ont plébiscité la capitale. « Cela récompense un travail de fond réalisé avec les opérateurs de ces pays », se félicite ainsi Valérie Pécresse. La présidente se tourne également vers l’avenir et insiste sur la nécessité de décloisonner le tourisme en Île-de-France : « Notre mission est de valoriser la diversité touristique de la région. En dehors de Paris, le potentiel est énorme, mais sous-exploité. Je pense à des sites comme Provins ou Fontainebleau. Cette diversité favorise les repeaters (NDLR : visiteurs qui reviennent), qui sont indispensables pour pérenniser l’activité. « 

L’Auvergne en progression

Du côté de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs du tourisme semblent satisfaits de la saison estivale. Selon le baromètre fourni par Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, 81 % des professionnels jugent la fréquentation bonne, voire très bonne (contre 76 % en 2018). Des chiffres qui montent jusqu’à 85 % dans l’Allier et 93 % dans le Puy-de-Dôme. Le taux d’occupation a, lui, été de 67 % sur l’ensemble de la période, avec un pic à 69 % en août, soit une légère hausse par rapport à 2018 (le Puy-de-Dôme se démarque, avec un taux qui grimpe à 75 %, tandis que le Cantal affiche un taux à 68 %). La canicule et le repli des touristes vers les zones fraîches expliquent en partie cette hausse de fréquentation, même si c’est à relativiser, car celle-ci est aussi ciblée par les 31 % professionnels du tourisme en milieu rural comme motif n° 1 de leur insatisfaction. Côté vacanciers étrangers, la région est à contre-courant de la tendance nationale, puisque les Néerlandais, les Belges et les Allemands continuent de plébisciter ces territoires. Ainsi, 24 % de la clientèle est étrangère. Enfin, notons que l’inscription récente de la chaîne des Puys au patrimoine mondial de l’Unesco commence doucement à se faire sentir, puisque 25 % des professionnels auvergnats jugent qu’elle a eu un impact positif sur la saison.

Grâce aux excellentes conditions météo, la durée moyenne de séjour est en hausse nette sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec 6,6 jours contre 5,9 en 2018 (ci-dessus : le massif du Sancy).

Saison mitigée en Occitanie

Enfin, en Occitanie, le bilan est contrasté. L’office régional du tourisme pointe notamment du doigt un mois de juillet décevant, en raison de la canicule et de l’absence de pont le 14 Juillet. Si le Tour de France sauve la mise, l’activité globale est ainsi jugée majoritairement inférieure à l’année précédente, particulièrement sur le littoral et à la campagne. Le secteur de la restauration en fait particulièrement les frais, avec 58 % des chefs d’établissement interrogés qui ont vu leur activité baisser. De plus, comme sur le plan national, 48 % des acteurs du secteur considèrent la fréquentation étrangère en baisse. Même constatation avec la clientèle française, que 87 % des professionnels jugent comme égale ou inférieure, les hôteliers notant la multiplication des séjours très courts et des annulations de dernière minute.

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