Les salariés des CHR sont les moins bien payés de France

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Dans une interview donnée à la station publique France Inter, Elisabeth Borne a fait le parallèle entre les difficultés de recrutement rencontrées par l’hôtellerie-restauration et le niveau des salaires, qu’elle juge trop bas en rapport aux conditions de travail. Vérification faite, si la corrélation n’est pas formellement établie, les chiffres ne mentent pas : les CHR ont en effet le niveau de salaire moyen le plus bas de France.

« Il y a des secteurs qu’on a massivement aidés dans la crise et qui aujourd’hui nous disent : on n’arrive pas à recruter […] il faut qu’ils se posent la question de pourquoi ils n’arrivent pas à recruter […], j’attends qu’ils mettent des propositions sur la table », a lancé la ministre du Travail Élisabeth Borne au micro de France Inter dans l’émission On n’arrête pas l’éco. Citant particulièrement les hôtels, cafés et restaurants, « des secteurs dans lesquels les conditions de travail, les rémunérations ne sont pas à la hauteur des contraintes des métiers », elle a appelé les gérants à « se remettre en question ».

La déclaration a rencontré un accueil mitigé chez les syndicats, notamment patronaux. Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, a assuré qu’augmenter les salaires reviendrait à augmenter les prix, tandis que Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a pointé « une responsabilité de l’État ». Aucun ne s’est cependant hasardé à infirmer les dires de la ministre du Travail. Et pour cause. 

Les chiffres ne mentent pas

Dans son étude décennale, l’Insee a étudié le niveau de salaire net moyen par secteur d’activité, entre 2008 et 2018, ainsi que son évolution. L’étude confirme pleinement le constat de la ministre du Travail pour sa partie « les salaires dans l’hébergement et la restauration ne sont pas à la hauteur ». 

Et ce constat n’est pas neuf : le secteur CHR est installé en bas du classement depuis au moins 2008, d’après l’étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Il fait également partie de ceux qui ont connu l’augmentation de salaire moyen la plus faible sur cette même période, comme le montrent les deux graphiques suivants. 

Bien entendu, ces données sont à prendre avec des pincettes. Le constat est là, alarmant, sinon consternant, mais il doit encore être analysé afin d’en comprendre les causes, et plus tard les effets. Quel est l’impact de la restauration rapide dans le niveau de salaire moyen des CHR ? Pourquoi et comment les autres secteurs tirent-ils leur épingle du jeu ? Autant de questions auxquelles nous répondrons dans un autre article avec l’aide des experts de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

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