Tenir bon, ensemble

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L’arrêté du 15 mars a fait l’effet d’une bombe. La fermeture des restaurants, des bars, des discothèques – une première, en France – a sonné la fin des festivités. Le message est clair : la France se barricade, des couvre-feux sont mis en place, la distanciation sociale est de rigueur. Presque un paradoxe, alors que le besoin de lien social n’a jamais été aussi fort et que vos établissements en sont un vecteur majeur. Néanmoins, courageusement, la profession parle d’une seule voix et se dit solidairement engagée pour traverser cette crise. Cela n’atténue pas pour autant le choc provoqué par cette nouvelle, mais très vite il vous a fallu réagir. En quatre heures seulement – une extrême immédiateté discutable -, vous avez dû fermer vos établissements, gérer la nourriture stockée, la sécurité sanitaire et, bien sûr, répondre à l’angoisse de vos salariés.

Presque instantanément, de belles initiatives ont vu le jour, puisque grand nombre d’entre vous ont fait don des stocks aux associations, aux hôpitaux et aux plus démunis, et plus de 500 hôtels sont mobilisés pour loger personnels soignants, sans-abri et routiers. Nous voici maintenant dans l’adaptation à cette crise sanitaire inédite. Le Gouvernement a mis en place un plan économique d’urgence de soutien aux entreprises, comme les reports ou les exonérations de charges fiscales et sociales, l’activité partielle simplifiée ou encore le fonds de solidarité. Des mesures plus que nécessaires pour éviter d’ouvrir « la rubrique nécrologie de la restauration », comme le soulignait très justement Hubert Jan, président de la branche restauration de l’Umih. Ce plan doit maintenant se matérialiser en actes. Le temps de l’entrepreneur de la restauration est bien plus court que celui de l’administration, surtout quand il s’agit de trésorerie. Les nombreux retours de nos lecteurs laissent à penser que l’État doit passer la seconde sur la prise en compte des indemnisations. Et puis, au-delà des reports, la question des annulations de charges et d’impôts doit être étudiée. Sinon, ce ne sera pas reculer pour mieux sauter, mais repousser pour mieux tomber.

Pour autant, la nature n’aime pas le vide : certains résistent, en maintenant la vente à emporter et la livraison, mais les restaurants traditionnels ne sont pas tous structurés pour ce type de service. Nous vous proposons d’ailleurs des pistes de solutions sur le sujet dans ce numéro. Pour d’autres, l’heure est au combat: une pétition « Sauvons nos restaurants et producteurs » a été signée par des grands chefs et mise en ligne pour demander au Gouvernement un décret de catastrophe naturelle sanitaire. Une démarche soutenue par l’Umih afin que les assurances rejoignent le mouvement de solidarité en débloquant des fonds d’indemnisation pour couvrir les pertes d’exploitation. Pour d’autres encore, ce temps mort peut aussi être mis à profit pour réaménager et nettoyer son établissement, repenser sa politique de réservation, sa gestion, ou traiter d’autres dossiers perçus comme secondaires quand on est dans le feu de l’action. Projetons-nous déjà dans l’après, quand vos établissements rouvriront, car la crise passera et il faudra être prêt. Et à ce jour, vos clients restent certainement le moyen le plus fiable de tenir bon sur le long terme.

Nous sommes plus que jamais mobilisés et engagés à vos côtés.

Pauline de Waele 

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