Un frémissement notable

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Non seulement les volumes de beaujolais nouveau se stabilisent, mais, de surcroît, cette région vinicole enregistre l’amorce d’un rebond de ses ventes globales sur 2019.

Le 7 novembre, Dominique Piron, président d’Inter Beaujolais, était venu à Paris avec une dizaine de vignerons, formant ainsi une avant-garde des beaujolais nouveaux qui arrivent aujourd’hui sur nos tables. Pour l’interprofession, ce troisième jeudi de novembre constitue un moment de fête et de partage, comme le rappelle son président : « Au moment où les agriculteurs sont soumis à un agro-bashing permanent, nous montrons, en présentant nos vins, que la maîtrise de la terre et des caprices du ciel est parfois compliquée. » Les ventes de beaujolais nouveau tendent à se stabiliser d’année en année, même si l’époque des années 1970-1980, où 50 millions de bouteilles de beaujolais nouveau s’écoulaient à partir du mois de novembre, est révolue. Mais tout de même, cette année, 22,5 millions de bouteilles sont en train d’aller au-devant des consommateurs qui maintiennent cette tradition. « Cela reste un événement, souligne Dominique Piron, même si ce n’est plus la folie d’autrefois, avec des campagnes qui s’étendaient sur plus d’un mois. Nous sommes passés à un événement d’une semaine et, aujourd’hui, le but est de consommer les volumes en quatre jours. » Ce resserrement de la fenêtre de tir a provoqué un ralentissement de l’opération dans les CHR, où beaucoup de patrons diminuent leurs commandes, de peur de rester avec des bouteilles en stock. « En revanche, confie Dominique Piron, les cavistes continuent de jouer le jeu et à offrir un bon tremplin au beaujolais nouveau. »

Grâce à la nouvelle stratégie de communication mise en place par l’équipe dirigeante d’Inter Beaujolais, l’arrivée du beaujolais nouveau n’éclipse plus la production des beaujolais traditionnels aux yeux des consommateurs. C’est au contraire l’occasion de faire découvrir les deux autres segmentations : les beaujolais de caractère (villages et crus) et les beaujolais d’exception. Cette dernière catégorie a ainsi bénéficié d’une mise en lumière particulièrement appréciable, selon le président d’Inter Beaujolais : « Cela nous a permis de prendre conscience que nous avions de grands vins qui pouvaient s’ajuster sur des prix soutenus, à l’instar des autres régions vinicoles. »

Dominique Piron se montre optimiste sur l’avenir des ventes, notamment à l’export, car le « gamay, qui joue dans le registre du fruit, est un cépage moderne, apprécié dans le monde entier » . Dans une conjoncture atone, les ventes de beaujolais à l’export ont progressé de 11 % depuis le début de l’année (cumulé fin août). Le marché français reste cependant plus mesuré et le président d’Inter Beaujolais est loin de crier victoire et estime que son vignoble devrait encore perdre un millier d’hectares pour se stabiliser à moyen terme autour de 13 000 ha, ce qui correspond en gros aux capacités de ventes actuelles (550 000 hl). Il note aussi qu’une nouvelle génération de vignerons est en train d’émerger et qu’elle est susceptible de donner un nouvel élan au vignoble.

www.beaujolais.com

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