Un plan de sauvetage de 18 Md€ et neuf nouvelles mesures

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Ce jeudi 14 mai, le Premier ministre a annoncé qu’il entendait bien sauver la saison touristique estivale. Avec une réouverture des restaurants pressentie pour le 2 juin en zone verte et la permission accordée aux Français de prendre leurs vacances dans tout le pays, 18 Md€ seraient alloués à la relance du secteur.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, ce jeudi 14 mai à l’issue du Comité Interministériel du Tourisme, la teneur du plan de sauvetage élaboré : 18 milliards d’euros seraient injectés dans le secteur, matérialisés par neufs mesures. Edouard Philippe a élevé au rang de « priorité nationale » la relance d’un secteur « contrarié par le confinement d’abord et le déconfinement progressif ». Confirmant une possibilité de réouverture à partir du 2 juin pour les cafés et restaurants situés en zone verte, il a néanmoins déclaré qu’une décision définitive serait annoncée le 25 mai, parallèlement à la fixation de la date de la réouverture en zone rouge. 

Les Français devraient être autorisés à prendre leurs vacances sur l’ensemble du territoire français – Dom-Tom compris – en juillet et en août et le Premier ministre compte sur cette forte période touristique pour relancer l’hôtellerie restauration. La sauvegarde de la saison a été facilitée par l’engagement formel pris par les professionnels de rembourser les réservations de voyages à venir dans le cas où les touristes seraient empêchés d’en bénéficier. Le Premier ministre a félicité à cet égard le geste de bonne volonté des professionnels du tourisme (l’Umih, le Seto et les entreprises du voyage). Le plan de 18 milliards d’euros d’aides cumulées pour le secteur devrait contribuer à la relance d’une industrie touristique aujourd’hui quasiment à l’arrêt. 

Neuf mesures marquantes composent ce plan :  

  • La possibilité de recourir au chômage partiel est prolongée dans les même conditions jusqu’au mois de septembre prochain, au minimum.
  • Un Prêt Garanti Saison (PGS) prend le relais du Prêt Garanti par l’État. Il offre des conditions similaires, mais il est calculé sur le total du CA des trois meilleurs mois de l’année précédente (au lieu de la base de 25 % du CA pour le PGE).
  • Un plan d’investissement de 1,3 milliard d’euros a été mis en place avec Bpifrance et la Caisse des dépôts. Il va accompagner et compléter des investissements privés, injectant au total 7 milliards d’euros dans l’économie du secteur.
  • Le fonds de solidarité est étendu aux entreprises du secteur touristique qui réalisent jusqu’à 2 M€ CA et comptent jusqu’à 20 salariés. Ce dispositif sera maintenu jusqu’à la fin de l’année avec une aide plafonnée à 10 K€.
  • L’exonération des cotisations sociales qui a pris effet début mars sera maintenue jusqu’à l’autorisation de réouverture des établissements. Cette mesure représente une aide de l’ordre de 2 milliards d’euros.
  • L’enveloppe des prêts tourisme est multipliée par quatre passant ainsi à 1 milliard d’euros.
  • Les banques acceptent d’étaler les remboursements des prêts des TPE, PME sur 12 mois (au lieu de 6 mois actuellement).
  • Une solution d’accompagnement sera possible pour 2 000 entreprises du secteur.
  • Les titres restaurants non utilisés pendant le confinement serviront en priorité la restauration. Le plafonnement de l’utilisation quotidienne ne sera pas élevé à 95 € comme cela avait été suggéré il y a quelques semaines, mais à 38 € et cette latitude devrait accompagner la réouverture des CHR. 


L’Umih déplore toujours des points noirs

L’Umih qui a participé à l’élaboration de ces mesures aux côtés du Gouvernement estime que ce plan constitue « une première étape dans le redémarrage économique de notre secteur et a permis d’apporter des réponses que notre profession attendait depuis de longues semaines ». L’organisation syndicale déplore toujours des point noirs comme l’a résumé Roland Héguy, le président : « La situation est très grave. Ce Comité interministériel du tourisme était celui de la survie. La profession a obtenu certaines satisfactions ce matin comme la date de réouverture fixée au 2 juin en zones vertes, mais il reste encore de grandes incertitudes pour notre profession. Beaucoup de leviers reposent sur la dette qu’il nous faudra bien rembourser alors que nous ne serons peut-être pas économiquement en état de le faire ».

L’Umih pointe l’absence d’implications concrète de la part du secteur des assurances qui « n’alimentera le fonds d’investissement qu’à hauteur d’un milliard d’euros alors que nos pertes d’exploitation se sont déjà montées à 10 milliards et qu’elles sont appelées à se poursuivre partiellement du fait de l’obligation de réouverture en sous-capacité ». Autre point noir, la question du versement des loyers durant la période de fermeture est toujours en suspens et représente pour le syndicat « une véritable bombe à retardement pour nos entreprises ». Afin de « ne pas exporter la crise vers d’autres secteurs », il émet une proposition : l’annulation de 6 mois de loyers compensée pour les bailleurs par le fonds de solidarité. Enfin le syndicat hôtelier appelle à la validation par l’État d’un protocole sanitaire réaliste. Roland Héguy a rappelé qu’il y avait une ligne rouge : « imposer 4m2 de distanciation dans les restaurants et bars comme pour les commerces ». 


Un plan qui pèse trop sur les entreprises pour le GNI

Le président du GNI, Didier Chenet, relève trois bonnes nouvelles : la date de réouverture du 2 juin en zone verte et celle de la zone rouge qui devrait être trois semaines après, mais avec une incertitude pour certaines régions. Il se félicite, de la possibilité qu’auront les Français de prendre des vacances en juillet et août. Pour le reste, il ne cache pas sa déception : « Cela n’a rien d’un plan Marshall pour le tourisme, c’est inachevé. Ce plan repose à 80 % sur la dette portée par les entreprises. Rappelons que sur les 18 milliards d’euros annoncés, 12 ou 13 sont à leur charge. Elles vont s’endetter pour compenser des pertes dont elles ne sont pas responsables. Le crédit, c’est pour se développer ! » Didier Chenet fait aussi remarquer que toutes les entreprises ont bénéficié du chômage partiel et que si celui-ci est prolongé jusqu’en septembre pour les CHR, sa garantie au-delà de cette date devrait être moins forte. Il ne retient pas non plus la proposition de baisse de la TVA formulée par Olivier Bertrand dans une récente pétition : « Ce point n’a pas été débattu ni même mentionné ». Il estime que ce moyen de relance n’est pas opportun : « Nous avons un problème social qui ne doit pas être traité avec une mesure fiscale. Dans cette crise, il faut d’abord soulager le coût du travail qui représente le premier poste de dépense de nos entreprises ». Ainsi, le président du GNI appelle-t-il de ses vœux deux grandes mesures : « une exonération des charges patronales entre mars et décembre 2020 et un prolongement de la possibilité de chômage partiel pour le secteur au moins jusqu’en mars 2021. »


Photo de Une : Ⓒ Colin Meynard –  Unsplash

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