Fécamp célèbre son hareng

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Autrefois appelé le « poisson roi », tant il fit la richesse de la pêche locale, le hareng continue de faire la renommée de la ville de Fécamp (Seine-Maritime). Un projet d’Indication géographique protégée (IGP) est à l’étude, porté par l’interprofession de la pêche normande.

Pêcheurs de hareng à Fécamp
La production fécampoise de harengs représente toujours 80% des ventes en France. Crédit DR.

Dès le Moyen Âge, le hareng a constitué un aliment essentiel pour tous les pays d’Europe du Nord. À Fécamp (Seine-Maritime), ce poisson gras riche en protéines était traditionnellement fumé au bois de hêtre dans les « boucanes », terme local désignant une saurisserie. « Il présentait l’avantage de très bien se conserver une fois salé et permettait ainsi de nourrir les populations pendant une grande partie de l’année, pointe Arnauld Manner, directeur de l’association Normandie Fraîcheur Mer, qui fédère l’interprofession de la pêche normande. L’histoire de Fécamp est intimement liée à la pêche et au savoir-faire des saurisseurs. C’est le sens du projet d’Indication géographique protégée (IGP) que nous portons depuis 2018 : protéger cette tradition. »

iHareng de Fécamp
L’essentiel des volumes est aujourd’hui pêché par des navires-usines opérant en mer du Nord. Crédit DR.

D’ailleurs, s’il ne subsiste aujourd’hui sur le territoire que deux entreprises de fumaison, Sepoa-Delgove et Delpierre-Labeyrie, la production fécampoise de harengs représente toujours 80% des ventes en France. « Le hareng arrive en troisième position du podium des produits de saurisserie sur le marché français, derrière le saumon et la truite, détaille Arnauld Manner. Chaque année, nos entreprises en produisent 4.000 tonnes, dont 1.500 tonnes sont identifiées “ hareng de Fécamp ”. Le reste est commercialisé sous diverses marques de distributeurs. » Poisson populaire et bon marché, le hareng est célébré à la fin novembre sur toute la côte d’Albâtre (constituant presque la totalité du littoral de Seine-Maritime), lors de grands repas festifs en plein air, où il est souvent consommé grillé.

Une pêche concentrée en mer du nord

Animée par Normandie Fraîcheur Mer, la réflexion autour de l’IGP en est à ses prémices. « C’est une démarche identique à celle que nous avons portée pour le bulot de Granville, entamée en 2008 et couronnée de succès… 11 ans plus tard, sourit Arnauld Manner. Espérons que cette expérience joue en notre faveur et nous permette d’obtenir l’IGP hareng de Fécamp avant 2029 ! » Du fait des évolutions de l’activité pêche, le dossier ne devrait pas impliquer que le hareng soit capturé uniquement dans le secteur de Fécamp. « C’est une espèce migratrice qui, normalement, vient frayer sur les côtes de Seine-Maritime entre mi-novembre et fin décembre. Mais, en raison du réchauffement climatique, les bancs se concentrent dans les eaux plus froides. C’est en mer du Nord qu’est aujourd’hui capturé le plus gros des volumes transformés à Fécamp. »

Tout d’abord, le hareng est pêché au chalut pélagique ou au filet, deux techniques n’abîmant pas les fonds. Depuis 2015, la pêcherie de hareng fait d’ailleurs l’objet d’une certification « Pêche durable MSC ». Enfin, si l’essentiel des volumes est désormais le fait de navires-usines, capables de surgeler à bord (une obligation sanitaire pour tous les produits destinés à être fumés), « il reste malgré tout une flottille de pêche plus petite, y compris des “canots” de 12-15 m pratiquant une pêche côtière opportuniste », précise le directeur de l’association. Commercialisé en circuits courts, le « hareng de canot », comme on l’appelle en Normandie, se déguste alors frais.

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