La Selo, la boîte à outils du tourisme lozérien

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Pour gérer les installations touristiques qu’elle détient, la Lozère mise sur une société d’économie mixte, la Selo. Elle a pu ainsi créer des lieux « emblématiques et structurants » qui ont dynamisé son attractivité. Sophie Pantel, présidente du département, s’exprime sur sa politique en matière de tourisme.

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Le parc des Bisons d’Europe. Crédit : DR.

En Lozère, depuis 1963, la Selo (Société d’économie mixte de la Lozère) épaule le département dans son développement touristique. Elle avait été initiée en son temps par Pierre Delmas, alors vice-président au conseil général, puis présidée durant 45 ans par Jacques Blanc. Pendant près d’un demisiècle, tous les présidents de l’exécutif départemental se sont servis de cette boîte à outils pour conduire tout ou partie de leurs projets. «La Selo est une société d’économie mixte d’aménagement, précise Sophie Pantel, présidente du conseil départemental de la Lozère et de la Selo. Elle agit soit sur ses sites en propre, soit dans le cadre de DSP [Délégations de service public, NDLR] pour assurer le fonctionnement des structures touristiques. Mais si le tourisme est la plus ancienne de ses missions, la société d’économie mixte investit aussi sur d’autres dossiers : le portage d’immobilier d’entreprise, de logements, l’accompagnement des collectivités… »

Sur le seul volet touristique, la Selo gère les stations thermales du département, les parcs animaliers, des stations de pleine nature ainsi que des villages de vacances qui appartiennent à des collectivités. Car communes et communautés de communes peuvent bénéficier de ses services. Ainsi, le Syndicat mixte les Monts de la Margeride possède la réserve des Bisons d’Europe. Installé depuis 1991 à Sainte-Eulalie, ce site abrite une trentaine de bisons importés de Pologne qui évoluent en semiliberté. Le syndicat a confié la gestion de cette structure à la Selo.

Cependant, la situation de ce parc va évoluer. Le conseil départemental projette sa modernisation et son agrandissement. Pour ce faire, il entreprend au préalable des négociations foncières avec la Safer dans le but d’acquérir les terrains de la structure qui se répartissent entre la propriété du sectionnal, du communal et de l’ONF (Office national des forêts). Le département a en effet proposé à ces communes de faire du parc à bisons «un lieu emblématique et structurant », à l’image de celui des loups. Dans ce cas de figure, la réserve deviendrait un site touristique départemental.

Le syndicat communal a déjà émis un avis favorable pour opérer un transfert de propriété vers le département. Pour autant, Sophie Pantel prévient : « Je ne ferai pas de transfert de propriété tant que toutes les autorisations réglementaires et administratives de l’État pour construire et développer le parc ne seront pas accordées par les autorités administratives. Cela signifie que nous allons lancer une procédure “ d’unité touristique nouvelle ”. C’est un processus assez long mené avec les services de l’État qui nous permet de garantir la faisabilité. »

L’enjeu se révèle élevé puisque le projet du parc à bisons devrait absorber un investissement de près de 6 M€. Soit une somme à peu près équivalente à celle qui a été consacrée en 2019 à la rénovation des Loups du Gévaudan, lors du premier mandat de Sophie Pantel. Logiquement, la Selo avait alors regagné la DSP pour la gestion de ce site. Dans cette situation, la Lozère est déjà propriétaire de ce parc animalier qui accueille près d’une centaine de loups à Sainte-Lucie.

Le loup fait débat 

Le canidé représente un symbole fort pour les touristes, mais parfois embarrassant au regard des éleveurs locaux qui subissent désormais régulièrement ses attaques. Aussi le département a-t-il tenu à offrir dans ce parc un espace aux agriculteurs afin qu’ils puissent s’exprimer sur la question. «Il ne faut pas que le public ne retienne que l’image de gentils animaux en peluche, tempère Sophie Pantel. Le retour du loup sur le territoire a des conséquences pour l’élevage extensif et le remet en cause, d’où la présence d’un espace pour expliquer les conséquences du retour de cet élément de biodiversité. qui met en danger d’autres éléments de biodiversité. Le retour des prédateurs pose la question de sa régulation, qui devient urgente. » Ces lieux sont aussi structurants localement. Le chantier du site des Bisons d’Europe sera l’occasion de créer de l’hébergement inclusif sur les monts de la Margeride.

Le fait de disposer d’un accueil et d’animations au niveau du GR (chemin de Grandes Randonnées) et l’ouverture vers le Domaine du Sauvage – proche mais situé en Haute-Loire – permettrait de capter les marcheurs de Saint-Jacques, tout en attirant les pensionnaires du Sauvage vers le parc, par un accès plus facile. Il s’agit en effet de créer du trafic grâce à cet investissement et de redynamiser ainsi le tourisme local du nord du département.

Car si Sophie Pantel se montre très satisfaite de la fréquentation de la Lozère, elle concède que «les résultats sont parfois un peu irréguliers d’un territoire à l’autre. Il existe des spots un peu plus dynamiques qui bénéficient d’une plus grande fréquentation que d’autres : l’Aubrac, les gorges du Tarn, le secteur de Villefort, les environs de Pont-de-Montvert dans les Hautes Cévennes ». C’est également dans cette partie nord de la Lozère que le conseil départemental travaille sur le transfert de la propriété du château de Saint-Alban, qui dispose de trois salles ornées de magnifiques peintures du Haut Languedoc, datant du XVIIe siècle.

Une fois ces œuvres restaurées, le lieu pourra être visité. Le financement est acté. Une autre partie de la demeure sera dédiée à la psychiatrie institutionnelle, qui est née à Saint-Alban avec François Tosquelles (1912-1994). L’art brut, créé par les patients, sera aussi évoqué avec l’exposition de quelques œuvres détenues par la collectivité. Dans cette volonté de mieux équilibrer le tourisme lozérien, il faut également citer le projet de valorisation du site de la Cham des Bondons, deuxième site mégalithique d’Europe (154 menhirs et 4 dolmens). Le département est en train d’établir un lieu d’interprétation et de médiation, ciblant les plus jeunes. Cela fonctionnera à la manière d’un écomusée avec un espace d’échange, un lieu de restauration avec des produits locaux et un cheminement sur des sentiers autour des menhirs.

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