Coquilles Saint-Jacques : Celtarmor part à la conquête du CHR
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Diversifier ses circuits de distribution. Celtarmor, filiale du holding Fipêche et spécialisée dans la surgélation de la noix de coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc, a décidé de se développer dans le CHR. Un défi de taille.
L’histoire d’un renouveau. Suite de la récession économique de 1993, il devenait urgent de relancer la filière de la noix de Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc. Et Celtarmor voit le jour deux ans plus tard. Installée à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor), l’entreprise se spécialise dans la surgélation IQF à l’azote (froid cryogénique) des noix. La Baie de Saint-Brieuc est le 2e gisement de coquilles en France, derrière celui de Normandie.
Au sujet du holding Fipêche
Fipêche est détenu à 51 % par le groupe Le Graët (conserverie, mareyage, usine de surgelés et petfood), et à 49 % par Cobrenord (Union bretonne des coopératives maritimes – UBCM) qui pratique une pêche durable et responsable. Celle-ci compte 238 navires licenciés de petites tailles (13 m maximum). Chaque adhérent s’engage pour une pêche artisanale, responsable et durable. Fipêche dispose de deux filiales, Celtarmor et les Pêcheurs d’Armorique.
Celtarmor réalise la totalité des opérations de transformation avec de l’eau de mer. A noter que le glazurage (recouvrement du produit par une pellicule de glace) par aspersion permet de ne pas déshydrater la noix. Autrement dit, la fraîcheur est conservée. Arrive 2005 et Celtarmor se diversifie dans la noix fraîche.
Nous avons des places à prendre sur le marché français du CHR
250 tonnes
Actuellement, sur 4 000 tonnes de coquilles recueillies, elle produit respectivement 250 tonnes de surgelés et 150 de frais selon les campagnes. Les premières sont commercialisées auprès de la grande distribution. Les noix sont commercialisées en MDD, avec des enseignes comme Leclerc, Picard, Carrefour, etc. Quant aux 150 tonnes de frais, elles sont destinées principalement à la consommation régionale. Jusqu’à présent, Celtarmor était très peu présent en CHR.
c'est le CA en millions d'euros réalisé par Celtarmor en 2023
des ventes sont effectuées en GMS
des ventes sont seulement réalisées en CHR
Un clé d’entrée
L’entreprise de transformation bretonne a décidé de pousser son offre surgelée auprès des restaurateurs. Elle a signé la semaine dernière un accord de distribution avec Metro France. A savoir des sachets de 1 kilo, vendu par carton de 8.
« Cet accord représente pour nous une importante clé d’entrée sur ce marché, souligne satisfait Xavier Menguy, directeur délégué. Nous sommes désormais présents partout en France. Auparavant, nous n’avions que des référencements régionaux. Des places à prendre sur le marché français du CHR. »
Le référencement chez Metro n’est pas exclusif? L’entreprise sera appelée à conclure d’autres accords de distribution. Récemment, l’équipe Celtarmor a rencontré l’équipe France des Bocuses d’Or, et dès février prochain, les Restaurants Léon des noix de Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc. La conquête est en marche.
Tous les restaurateurs, sauf…
L’objectif est d’obtenir d’ici à 5 ans un rééquilibrage du chiffre d’affaires, 50 % en GMS et 50 % en CHR. Pour cela, Celtarmor compte s’adresser à tous les acteurs de la restauration hormis les chefs étoilés, lesquels ont leur propre circuit d’approvisionnement. Pour réussir cette percée dans le CHR, l’entreprise a investi ces deux dernières années sur son site quelque 4 millions d’euros, notamment dans de nouvelles conditionneuses.
Elle s’appuie aussi sur la demande accrue de produits locaux de la part des consommateurs, du Made in France, et de sa politique RSE. Les noix de la Baie de Saint-Brieuc, dénommées l’or blanc, ont obtenue plusieurs distinctions : Label Rouge, l’écolabel MSC (pêche durable) et Site remarquable du goût.Sans oublier le soutien actif de Mathieu Aumont, chef étoilé du restaurant Aux Pesked, installé tout naturellement à Saint-Brieuc.
Deux entraves
Dans son offensive dans le CHR, Celtarmor devra relever néanmoins deux défis.
-Le premier concerne la notion même de surgelé. Beaucoup d’idées reçues existent. Par exemple, la surgélation n’est pas synonyme de qualité ; rien ne vaut la dégustation d’un produit frais. D’autant plus quand cela concerne les produits de la mer et la restauration.
-Le second défi est le manque de corail de la noix de Saint-Jacques de Saint-Brieuc (coquille Pecten Maximus), contrairement à celle normande. Or, une partie de la clientèle de la restauration hors domicile ne saurait pas savourer un plat de noix sans ce corail. Celtarmor devra donc convaincre, communiquer… Rien d’infranchissable pour une entreprise bretonne.
Le marché de la Saint-Jacques en France en 2023
Consommation globale
27 028 tonnes écoulées pour 76 millions d’euros (M€) de CA (source France AgriMer)
La France est le deuxième pays consommateur de Saint-Jacques au monde, derrière le Japon, et le premier en Europe.
Consommation à domicile
0,9 kg par an par personne en moyenne
8 102 tonnes d’achats en frais par les ménages français, soit un CA de 56 M€
18 % des ménages achètent du surgelé, soit 4 169 tonnes, un CA de 79 M€*
11 % des ménages achètent des noix surgelé, soit 1 742 tonnes, un CA de 64 M€*
*Kantar Worldpanel