La truite du Blagour, reine des rivières et des assiettes

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Alors que la saison de la pêche à la truite vient d’ouvrir, le gouffre du Blagour est l’endroit idéal pour étrenner ses cannes sans risquer la bredouille. Combinant un parcours de pêche, un restaurant et un élevage de salmonidés, cette pisciculture lotoise propose aussi une large gamme de produits transformés à base de truite.

Comme chaque année, l’arrivée du mois de mars sonne l’ouverture de la pêche à truite… et avec elle, son lot de bredouilles : même les meilleurs pêcheurs vous le diront : il n’est pas facile de déjouer la méfiance du plus noble des poissons d’eau douce ! Alors, pour se faire plaisir en début de saison, il existe un coin, pas vraiment secret, où « faire du poisson » est à la portée des plus maladroits. Cet endroit, c’est la pisciculture du gouffre du Blagour, près de Souillac, dans le nord du Lot.

Alimenté par la résurgence d’une rivière souterraine et renommé pour la pureté de ses eaux, le site possède deux étangs, ainsi qu’une portion de rivière privée.

L’occasion pour tous, débutants ou pêcheurs confirmés, de profiter des joies de la pêche à la ligne sur des poissons pas trop difficiles. Mais l’endroit est avant tout une véritable pisciculture, produisant près de 60 tonnes de truites chaque année.

Reconversion réussie pour Anne et Hans Dinkla, hôteliers devenus en pisciculteurs

Devenus propriétaires du gouffre du Blagour en 2003, Anne et Hans Dinkla s’occupent quotidiennement des 350 000 poissons présents dans les bassins de la pisciculture.

Étonnant parcours que celui de ce couple de Néerlandais: de Londres à Kourou en passant par SaintMartin, les époux Dinkla travaillent d’abord, pendant de nombreuses années, à l’ouverture d’hôtels pour le groupe Accor, quand une amie leur parle d’un élevage d’anguilles à vendre aux Pays-Bas. Hans, passionné de chasse et de pêche, s’intéresse au sujet. Mais une relation lui déconseille de se lancer dans l’aventure: l’absence annoncée de petites civelles est une sérieuse menace pour l’avenir de la filière.

Hans renonce aux anguilles pour se tourner vers la truite. « L’idée était née, raconte-t-il. C’était l’occasion de nous reconvertir, ajoute sa femme.

Nous travaillions énormément et nous ne voyions pas grandir nos deux filles.

» Hans suit une formation et le couple se met à la recherche d’une affaire à repren dre en Hollande, puis en France. Ils sont de passage dans le Lot quand une amie leur parle d’une pisciculture à vendre à quelques minutes de Souillac où ils se sont arrêtés. « Nous sommes allés voir, mais en apercevant nos plaques néerlandaises, le propriétaire a d’abord refusé tout net de vendre ! » L’affaire finit par se conclure. « Aujourd’hui, nous nous entendons très bien », s’amuse le couple. Hans, ancien rugbyman, est même sollicité pour rejoindre l’équipe locale.

« En termes de circuits courts, la truite est un produit plus durable que le saumon »

Aujourd’hui, Anne et Hans Dinkla font rentrer tous les deux mois un lot de 80 000 œufs fécondés, éclos et élevés sur place. « La qualité de notre eau et sa température constante, 13 degrés, permettent des conditions idéales toute l’année. Des analyses, effectuées par un laboratoire indépendant, ont révélé une absence totale de résidus de pesticides. Et si nous ne donnons pas d’aliments bio, nous n’utilisons que très peu d’additifs pour colorer la chair des poissons. Pas du tout pour les truites portions [250 g, NDLR], à un très faible dosage pour les plus grosses.

La couleur saumonée reste indispensable pour convaincre les clients. »

Transférées dans des bas sins de grossissement, les truites sont vendues vivantes à des fins d’empoissonnement des cours d’eau ou au détail pour la consommation. Au nombre des clients du gouffre du Blagour, le prestigieux château de Mercuès (Cahors), une étoile au guide Michelin . La pisciculture possède également son propre restaurant d’une trentaine de couverts, ouvert de mai à septembre, ainsi qu’un atelier de trans formation. Parmi les produits proposés à la vente, filets de truite fumés, natures, au poivre ou aux fines her bes, mais également marinés façon gravlax. Incon tournables pour les toasts, terrines en conser ve et petits pots d’œufs de truites vien nent compléter la gamme.

« À table, la truite remplace avantageusement le saumon, note Anne Dinkla. C’est un produit plus durable en termes de circuits courts et qui peut se consommer aussi bien aux beaux jours que pendant la période des fêtes. » Site internet : www.gouffredublagour.com

Filets fumés, terrines, œufs de truite: la pisciculture propose une vaste gamme de produits transformés.

La pisciculture du gouffre du Blagour, dans le Lot, produit chaque année 60 tonnes des truites.

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