Fonds d’accessibilité territoriale : Olivia Grégoire répond à nos questions

Dès le 2 novembre, les établissements de 5e catégorie, dont font partie les CHR, peuvent faire une demande auprès du fonds territorial d’accessibilité. Le gouvernement débloque 300 millions d’euros sur cinq ans pour améliorer l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP).

Pourquoi avoir mis en place ce fonds d’accessibilité ?

Olivia Grégoire : On doit passer des mots à l’action. On ne doit plus seulement changer le regard sur les personnes en situation de handicap, mais améliorer leur quotidien. La mise en place de ce fonds d’accessibilité répond à la nécessité d’accompagner nos petits établissements de proximité pour qu’ils puissent entreprendre des travaux de mise en accessibilité. Nous partons de loin et nous avons un important retard à rattraper, c’est pourquoi ce fonds est doté de 300 millions d’euros sur cinq ans. Et nous voulons que les Jeux Olympiques et Paralympiques soient un véritable tremplin, raison pour laquelle nous lançons ce fonds dès à présent.

Pouvez-vous nous en préciser les contours ?

Olivia Grégoire : Cette aide est destinée aux établissements recevant du public (ERP) de 5e catégorie, c’est-à-dire les hôtels, les cafés, les bars, les restaurants… Les fonds peuvent être utilisés pour financer des équipements de mise en accessibilité, comme une rampe ainsi que des travaux plus conséquents. L’État financera 50% des dépenses pour ces projets, dans la limite de 20.000 €, auxquels peuvent s’ajouter 500 € pour le diagnostic et l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Pour bénéficier de cette aide, les demandeurs doivent déposer un dossier sur le site de l’Agence des services et de paiement.

Avez-vous des chiffres sur l’accessibilité actuelle dans les ERP 5, et particulièrement les restaurants ?

Olivia Grégoire : Aujourd’hui, 560.000 établissements recevant du public de catégorie 5 ne sont pas accessibles. Ces établissements, nos commerces, sont le socle de notre lien social. Chacun d’entre nous y passe au moins une fois chaque jour. Ils doivent pouvoir accueillir tous les publics. Ce n’est d’ailleurs pas qu’une question d’accessibilité pour des personnes en situation de handicap, mais aussi pour des personnes âgées, qui peuvent avoir des difficultés à se déplacer ou de jeunes parents avec une poussette.

Pensez-vous que cette aide permettra d’améliorer sensiblement l’accessibilité dans les CHR ?

Olivia Grégoire : C’est un investissement massif et inédit pour renforcer l’accessibilité de nos établissements de proximité. Et c’est la première fois que l’État alloue une telle somme pour accompagner les commerces dans leur mise en accessibilité. Je rappelle que ce sont 50% des travaux qui sont pris en charge par l’État. Ce n’est pas rien. Cela fait des années qu’on blablate sur le sujet, là on met les moyens sur la table. Ce qui n’a jamais été fait. Il y a des fonds à aller chercher et j’encourage nos commerçants à s’en saisir.

L’enveloppe de 300 millions d’euros sera-t-elle suffisante ?

Olivia Grégoire : Sur les 800.000 ERP de catégorie 5, 560.000 ne sont pas accessibles. Vous avez des travaux qui ne coutent pas grand-chose et d’autres qui peuvent être plus conséquents en termes de coût, tout dépend de la taille et de la configuration de votre commerce. Je crois profondément que la clé réside dans la capacité des établissements à se mobiliser sur ce sujet. On aide, on accompagne, maintenant je n’ai qu’une chose à dire à nos commerçants: c’est à vous de jouer.

Cette aide arrive en perspective des JOP, n’est-ce pas un peu trop tard (moins d’un an avant) ?

Olivia Grégoire : Trop tard ou pas assez, le débat n’est pas là. Ça fait plus de 20 ans qu’on a du retard sur ce sujet. Et c’est nous qui mettons encore une fois les moyens sur la table pour que les choses changent. Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ne sont pas une fin en soi, mais un tremplin. Comme je vous le disais, ce fonds est sur cinq ans. Les Jeux doivent être un accélérateur de la mise en accessibilité de nos établissements de proximité. Nous devons aller vite et nous en avons bien conscience. J’appelle tous nos commerces à se rendre sur le site de l’Agence des services et de paiement et à déposer un dossier.

Quels sont les objectifs poursuivis ?

Olivia Grégoire : On part de loin sur le sujet, voire même de nul part. On n’a pas d’objectifs chiffré. Notre objectif c’est que nos établissements accélèrent leurs travaux de mise en accessibilité. On a un objectif sociétal qui est que n’importe qui puisse avoir accès, au même titre que tout le monde, facilement à ces établissements.

Pour finir, quel message voulez-vous passer aux restaurateurs ?

Olivia Grégoire : Je voudrais dire que nous devons, collectivement, nous engager pour une meilleure accessibilité pour tous. Le fondement même de nos commerces c’est le sens et la qualité d’accueil. Comment pourrions-nous nous prétendre être les meilleurs dans l’art de recevoir si nous ne sommes pas en capacité d’accueillir tout le monde correctement? On a tout un travail à mener collectivement. L’État apporte sa contribution, mais les cartes sont dans leurs mains. Alors allez-y, saisissez vous de ce fonds et parlez en autour de vous. Je le rappelle, le guichet pour déposer sa demande ouvre le 2 novembre.