Les professionnels appellent à la reprise du tourisme international

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Si Nice est une ville touristique capable d’attirer de la clientèle toute l’année, elle figure parmi les destinations les plus impactées par la crise sanitaire. À l’heure où la saison estivale a débuté, les exploitants, qu’ils soient hôteliers ou restaurateurs, vivent des situations contrastées.

Les accents russes, britanniques ou allemands se faisaient rares quand nous nous sommes rendus à Nice au milieu du mois de juin, peu de temps après la réouverture des cafés, bars et restaurants. Si la ville affichait une belle fréquentation avec des touristes français au rendez-vous, force est de constater que l’activité ne bat pas son plein et que la saison s’annonce complexe pour certains exploitants. « La situation des CHR à Nice est comme partout en France, compliquée. Nous manquons de visibilité sur la saison qui arrive car il y a peu de clients. Nous sommes la deuxième destination touristique française après Paris et les taux d’occupation frôlent les 25 % sur la Côte d’Azur alors qu’en temps normal nous sommes au moins à 80 %. Quand le tourisme ne fonctionne pas à Paris, il ne fonctionne pas sur la Côte d’Azur », se désole Denis Cippolini, responsable local de l’Umih et patron de deux hôtels quatre étoiles ainsi que d’un restaurant de plage. Le secteur qu’il représente agrège 750 hôtels et 6 500 restaurants, soit la deuxième capacité hôtelière française. Nice, quant à elle, abrite plus de la moitié (environ 60 %) de ces établissements, ce qui en fait l’un des bastions de l’hôtellerie et de la restauration en France.

Avec la réouverture des établissements, Nice a pu bénéficier du soutien de la clientèle locale.

« Les restaurants de plage et les restaurants traditionnels ont heureusement pu en profiter. La levée des restrictions (couvre-feu et masqueà l’extérieur) a aussi permis d’attirer les locaux », explique Denis Cippolini. Malheureusement pour les exploitants, avec l’élimination de la France lors de l’Euro 2021, la clientèle de matchs a déserté les terrasses.

Une dépendance à la clientèle étrangère…

Nice offre une impressionnante variété d’établissements, de la brasserie en passant par le restaurant traditionnel, les tables étoilées et la bistronomie. L’hôtellerie présente la même richesse avec des établissements de deux à cinq étoiles, mais peine elle aussi à redémarrer. Éric Trolliard, directeur général de l’hôtel Aston La Scala, explique : « À l’annonce du calendrier de déconfinement, nous avons enregistré 1 000 réservations en une semaine, 400 pour mai, 400 pour juin et 200 pour juillet. Et ce malgré une augmentation de nos tarifs. En mai, on a eu un taux d’occupation de 40 % mais s’il y avait eu la restauration à partir du début du mois, on aurait pu avoir 80 % facilement. » Toujours est-il que la ville mise surtout sur la clientèle historique en provenance d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre, etc. Le Comité régional du tourisme Côte d’Azur a ainsi lancé une importante campagne de promotion en Europe.

« À Nice et sur la Côte d’Azur, la clientèle étrangère représente 60 % des touristes et nous espérons retrouver les Français au moins durant les mois de juillet et août. Dans l’immédiat, nos établissements ne sont pas remplis », ajoute Denis Cippolini. En 2020, les professionnels des CHR avaient déjà souffert. À la fin août 2020, le taux d’occupation à Nice n’était que de 56 % de la capacité hôtelière totale, malgré le passage du Tour de France et les divers événements de la saison. « Habituellement à Nice, nous affichons des taux bien supérieurs, à 95 %, durant le mois d’août », oppose le responsable de l’Umih Nice Côte d’Azur, qui affirme que la saison 2020 a réellement battu son plein pendant un mois. Denis Cippolini se montre inquiet et est contraint de naviguer à vue. Selon lui, les professionnels niçois s’attendaient à un meilleur mois de juin dans la mesure où les restaurants avaient rouvert depuis le 17 mai déjà. Le maintien du couvre-feu jusqu’en juin a muselé les réservations, en hôtellerie comme en restauration. Et le room-service n’a pas changé la donne. « Le room-service est à la marge dans nos établissements », confirme-t-il.

« Quand le tourisme ne fonctionne pas à Paris, il ne fonctionne pas sur la Côte d’Azur. »

… mais de nombreux atouts

Si la Côte d’Azur voit la saison touristique se concentrer durant l’été, Nice a la chance d’accueillir des visiteurs tout au long de l’année. « Nous ne sommes pas qu’une destination balnéaire, grâce à de nombreux événements nous pouvons travailler toute l’année », insiste Denis Cippolini, citant, hors crise sanitaire, le tourisme de congrès et le tourisme d’affaires hors saison estivale. L’hiver, Nice et ses 18 000 chambres parviennent, en moyenne, à dépasser un taux d’occupation de 50 %. Pour sortir de la crise, les professionnels locaux entendent ainsi pérenniser le tourisme d’affaires et de congrès. Ils souhaitent surtout véhiculer une image positive de la ville et assurent la promotion du passeport vaccinal. Le message est clair ! À Nice, les touristes doivent être rassurés. Le carnaval représente également un atout considérable pour cette destination de choix. Cette année, il aura bel et bien lieu. Une manifestation pour laquelle les exploitants se frottent déjà les mains. À cela s’ajoute l’Iron Man, un événement sportif drainant un public varié. Malgré une reprise poussive, Nice maintient sa confiance en des lendemains glorieux.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, 3 000 chambres supplémentaires sont en cours de création dans l’hôtellerie. Outre le célèbre Negresco et ses cinq étoiles, la ville accueillera bientôt deux nouveaux établissements bénéficiant de la classification cinq étoiles, mais aussi cinq hôtels quatre étoiles.

Denis Cippolini ne craint pas une saturation du marché, à la condition toutefois que la crise sanitaire ne dure pas plusieurs années à l’échelle mondiale. « L’attractivité de la ville de Nice est en train de se métamorphoser », avance Denis Cippolini, qui se félicite d’un positionnement haut de gamme qui tire le reste des hôtels vers le haut (plus de 50 % des chambres niçoises sont classées en quatre étoiles et plus). Seule ombre au tableau selon l’Umih locale : les meublés touristiques commercialisés par Airbnb et consorts. Denis Cippolini appelle de ses vœux que les règles, notamment sanitaires, soient identiques pour tous les acteurs de l’hébergement.

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