Le whisky, une passion française

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Les Français sont les plus gros consommateurs de whisky au monde devant les Américains et les Britanniques. Outre son appétence pour ce spiritueux, l’Hexagone est aussi une terre de production et n’a rien à envier aux distillateurs historiques.

La gamme de whisky Rozelieures.
La gamme de whisky Rozelieures. Crédits : Aron Farkas

Avec une moyenne de 200 millions de bouteilles achetées chaque année dans l’Hexagone, le whisky représente aujourd’hui près de 40 % des ventes de spiritueux en France. La  force historique des positions occupées par le groupe Ricard en Écosse explique en partie le succès du whisky sur notre territoire :  l’alcoolier contrôlerait ainsi 30 des 140 distilleries écossaises. Le marché du whisky, en France, représente ainsi 2,2 Md€.

Côté production, notre pays tire son épingle du jeu. Rien qu’en 2020, une année marquée par la crise sanitaire, 1,1 million de bouteilles de whisky français ont  été vendues, dont 75.000 à l’export. Une croissance à deux chiffres qui conforte les acteurs de la filière dans leurs ambitions de développement. On ne recense pas moins de 123 marques disponibles sur le marché de whisky brassé, fermenté, distillé et vieilli en France.

Des centaines de distilleries partout dans l’Hexagone

En 2020, 21 projets ont vu le jour, et 8 en 2021. On trouve aujourd’hui une centaine de distilleries réparties dans l’Hexagone. Tout a commencé en Bretagne,  quand la distillerie Warenghem, qui produit les whiskies Armorik, à Lannion, s’est lancée dans  l’aventure du whisky en proposant le blend WB, en 1987.

En 1998, un deuxième acteur entre en scène. Il s’agit de la distillerie des Menhirs, elle aussi installée en Bretagne, à Plomelin, où elle élabore les whiskies Eddu. Cinq autres distilleries de whisky français voient le jour au tournant du XXIe siècle : Glannar Mor à Larmor-Pleubian, en  Bretagne toujours ; Holl et Lehmann en Alsace, la  première à Ribeauvillé et la seconde à Obernai ;  Claeyssens à Wambrechies, dans le Nord-Pas-de-Calais ; et Mavela qui produit les whiskies  P & M à Aléria, en Corse. 

Depuis, on produit du  malt dans presque toutes les régions françaises. Et l’une des grandes forces du whisky français, c’est de bénéficier du savoir-faire ancestral de  notre pays que ce soit en matière de distillation, de vieillissement ou d’assemblage, que l’on doit aux producteurs historiques de cognac, d’armagnac ou encore de calvados.

Beaucoup de marques ont aussi été mises sur le marché par d’anciennes distilleries qui survivaient en concoctant des alcools locaux comme la mirabelle. À Uberach, en Alsace, la distillerie Bertrand, filiale de la coopérative vinicole Wolfberger, produit sous l’autorité de l’emblématique Jean Metzger une collection de single malts et des casks très divers sous les marques Saint Wendelin et Uberach. Ces spiritueux bénéficient d’ailleurs de l’IGP Whisky d’Alsace. Les  nouveaux candidats à la distillation de spiritueux français font souvent face à un parcours du combattant pour parvenir à élaborer leur première  production. 

Les contraintes sont importantes au début

Des  grandes  maisons  françaises, à l’instar de Daucourt et son whisky  Bastille 1789, disposent déjà d’un solide ancrage leur permettant de lancer aisément de nouvelles références. Il en est tout autre pour les jeunes pousses contraintes de consentir d’importants investissements dans des fûts par exemple. «Les contraintes sont importantes au début. Cela fait dix ans que je souhaitais créer ma marque de whiskies français. En 2016, je m’y suis mis à plein temps. J’ai songé acheter une distillerie, j’ai également pensé à m’associer à une distillerie. L’option restante était de partir de zéro et donc de travailler avec différentes distilleries. C’est ce que j’ai fait», illustre Benjamin Kuentz. 

Ce dernier se définit  comme un « éditeur » de whiskies. Sa particularité ? Composer des spiritueux en amont en  écrivant la recette avant de goûter différents distillats. Ainsi, le nez et la bouche sont définis avant l’élaboration du produit final. 

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