Rhum sans frontières

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Depuis 15 à 20 ans, cette eau-de-vie connaît un succès grandissant en France. Aussi, le Rhum Fest Paris, fêtera ses dix ans au début de mai au Parc floral (Paris 12e). Ce salon représente le reflet de cette tendance qui favorise également une premiumisation de ce spiritueux.

Rhum
Dégustation de rhum au Rhum Fest. Crédit DR.

Du 4 au 6 mai, le salon Rhum Fest fêtera ses 10 ans au Parc floral (Paris 12e). Aujourd’hui, l’événement occupe 4.000m2, cinq fois plus de superficie qu’en 2014 et accueille près de 10.000 visiteurs chaque année. Pas moins de 50 exposants sont attendus. Ils représentent 150 marques issues de 50 pays. Ce succès est révélateur de la place qu’occupe aujourd’hui le rhum sur le marché des alcools. En 2014, près de 29 millions de litres étaient commercialisés en France, selon la Fédération française des spiritueux. En 2021, ce sont 42 millions de litres qui ont été vendus dans l’Hexagone, soit une hausse de 45%.

D’après le baromètre Ipsos-La Maison du whisky, 81% des Français consomment du rhum. Malgré tout, ce spiritueux n’a pas pour autant détrôné le whisky. Ce dernier, quoique en perte de vitesse, attire des consommateurs plus réguliers, mais aussi plus âgés. En revanche, le rhum bénéficie de deux tendances favorables à terme : c’est une boisson non genrée, qui séduit les jeunes et les femmes peu consommatrices de whisky. Étant donné la premiumisation du produit qui s’est opérée ces dernières années, il y a fort à parier que le bond en valeur soit beaucoup plus spectaculaire.

Rhum Fest Offre
Comme chaque année, le salon propose une offre diversifiée. Crédit DR.
Visiteurs Rhum Fest
Près de 10.000 visiteurs sont attendus au Rhum Fest. Crédit DR.

En effet, le marché français se révèle particulièrement réceptif aux produits très haut de gamme (vieux millésimes, cuvées limitées), qui représentent 10% du marché. Les ventes connaissent en effet une croissance annuelle à deux chiffres. Cyrille Hugon, créateur de Rhum Fest, était aux avant-postes pour sentir le frémissement de ce marché. « Je travaillais au marketing chez le distributeur Dugas, rappelle-t-il. J’ai alors remarqué que François-Xavier Dugas insistait pour nous demander de trouver de nouveaux rhums à mettre au catalogue. C’était assez facile, les distilleries ne demandaient alors qu’à vendre. La logistique était en revanche un peu plus complexe qu’avec les whiskies écossais. Il a fallu organiser des transports par bateaux. »

Une créativité effervescente

Depuis lors, le marché s’est largement diversifié. L’organisateur de Rhum Fest estime qu’à travers le monde, « le nombre de marques à même de produire plus de 1.000 caisses (12.000 bouteilles) de rhums par an est passé de 400 à 800, entre 2012 et 2022 ». Il égrène ainsi les noms des acteurs de poids nés durant cette période : « A1710, Renegade, Papa Rouyo, Copalli… De même, d’importants investissements ont été réalisés dans l’expansion de distilleries existantes : WIRD, Mount Gay, Santa Lucia Distillers, Fonds-Préville… De nouveaux pays sont arrivés sur ce marché, comme le Vietnam ou le Laos. »

La production française, implantée en outre-mer, s’est également réveillée. Les grandes distilleries des Antilles ou de La Réunion n’ont plus à rougir de la concurrence en matière de produits d’exception. Même la métropole commence à s’emparer du rhum. Au château du Breuil, célèbre distillerie du Calvados, Frédéric Dussart a créé la gamme Rhum Explorer qui propose une série de rhums importés, mais vieillis dans le chai du château normand. Certaines petites structures se sont même lancées dans la distillation, à l’instar de la distillerie d’Isle de France, à Fresnes-sur-Marne (Seine-et-Marne), où Olivier Flé achète de la mélasse cubaine pour la soumettre à son alambic. Il existe en outre du rhum 100% issu de l’Hexagone.

Depuis quelques années, Kévin Toussaint cultive la canne à Hyères-les-Palmiers (Var). À partir de son pur jus, il produit un Flamant Rhum, distillé par la maison Ferroni, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Plus récemment, à Torreilles (Pyrénées-Orientales), Frédéric Morlot et Linda Blandin ont commencé à cultiver de la canne en bio sous les serres de leur exploitation, Les Arts verts. Cette matière première leur a permis de produire, en partenariat avec la distillerie Nitos, un rhum blanc 100% catalan.

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