Emballage à emporter : écoresponsabilité !

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Takeaway et livraison de repas peuvent rimer avec écoresponsabilité. Des initiatives remettant au goût du jour la consigne fleurissent dans différentes villes de l’Hexagone. De nouveaux emballages plus responsables, en matière recyclée ou compostable, se démocratisent également.

Emballage à emporter
Emballage à emporter. Crédit : Alice Mariette.

Montpellier

La start-up Loopeat propose des boîtes consignées, que les clients peuvent même se faire livrer grâce aux Coursiers montpelliérains, une coopérative éthique et sociale. 

Les boîtes proposées par Loopeat sont des boîtes consignées et 100 % recyclables. 


Le concept est simple : le client paye une consigne de 10 € en ligne, sur la plate-forme de la jeune entreprise Loopeat, afin que son plat à emporter soit servi dans une boîte réutilisable à volonté. « J’ai été en Suisse pour comprendre le fonctionnement de leur système national de consigne », explique Adeline Lefebvre, entrepreneuse à l’origine de l’initiative. De son voyage, elle a ramené un modèle et des boîtes fabriquées en Suisse. Leurs atouts : elles sont légères, résistantes aux chocs et au four (à 120 °C), peuvent aller au micro-ondes et au lave-vaisselle. « Pour le restaurant, la gestion est très simple, les clients reviennent avec leur boîte déjà lavée, nous n’avons rien à faire de plus que de la remplir, comme on remplit un contenant jetable », raconte Julien Lurienne, cogérant du restaurant Oh my bowl, partenaire de Loopeat depuis plusieurs mois. Il ne voit que des avantages à proposer un service de consigne. « C’est économique, cela permet d’avoir une démarche écoresponsable et c’est aussi un gain de temps, car nous faisons moins de commandes », ajoute-t-il.

Actuellement, un réseau d’une douzaine de restaurateurs accepte de servir leurs plats à emporter dans ces contenants. Loopeat gère la consigne et souhaite à terme assurer le lavage. « Nous demandons un minimum de choses aux restaurateurs pour leur faciliter la tâche » , précise Adeline Lefebvre. Pour le moment, le système se met doucement en place, car les clients n’ont pas toujours le réflexe de prendre leur propre contenant ou parce que la consigne à 10 € peut constituer un frein. « Il faut que de plus en plus de restaurants jouent le jeu pour que davantage de clients prennent l’habitude », pense de son côté Julien Lurienne. 

Adeline Lefebvre, entrepreneuse à l’origine de l’initiative. Ⓒ Alice Mariette


Livraison éthique et responsable

Pour aller encore plus loin, la start-up s’attaque maintenant au marché de la livraison de repas zéro déchet, grâce à un partenariat avec la coopérative Les Coursiers montpelliérains. « Nous sommes une plate-forme de livraison éthique avec un vrai service client », lance d’emblée Yannick Plan, l’un des cinq associés du projet. Ces jeunes entrepreneurs souhaitent professionnaliser le métier de livreur, assurer une transparence entre eux et les restaurants, mais aussi proposer un service de qualité. « Avant d’ajouter un restaurant à notre plate-forme, nous le testons et vérifions son état d’esprit », ajoute le coursier. Le fonctionnement est bien huilé. Dans chaque restaurant partenaire – une trentaine pour le moment – une tablette est mise à disposition, avec un logiciel pour récupérer toutes les commandes. « De notre côté, nous gérons le dispatch des coursiers une fois la commande acceptée par le restaurateur, explique Vincent Robillard, un autre associé. Contrairement aux autres plates-formes internationales, qui veulent avant tout faire de l’argent, nous, on assure une livraison rapide et toujours en bon état. » Dans ce contexte, la livraison zéro déchet est apparue comme une évidence. « Cela serait une première en France et nos clients nous le demandent », précise Vincent Robillard. Livrer les commandes dans les contenants Loopeat leur permettra donc de satisfaire une clientèle de plus en plus soucieuse de l’environnement. 

Infos pratiques : 

– Les restaurateurs partenaires de Loopeat doivent adhérer au réseau (12 € HT par an) et leur facture dépend ensuite du nombre de clients qui viennent avec leur lunch box.

– Les Coursiers montpelliérains prélèvent 3 € au client pour chaque commande et demandent un pourcentage fixe à tous les restaurateurs.


Paris

Depuis trois ans, la start-up Reconcil livre et collecte ses emballages consignés dans une quinzaine de restaurants de la capitale. Outre la consigne, l’entreprise mise sur une politique RSE qui transparaît dans sa livraison et son personnel. 

Les contenants Reconcil sont livrés et collectés à vélo une ou plusieurs fois par l’entreprise. Ⓒ Reconcil


Couleur Canal, Sœurs, Les Marmites volantes, Ma cantine thaï… autant d’établissements parisiens qui ont adopté les emballages Reconcil pour leurs ventes à emporter. Chaque semaine, les contenants sont livrés et collectés à vélo une ou plusieurs fois par l’entreprise, qui se charge de les laver pour ensuite les réemployer. Créé en 2017, Reconcil propose des boîtes en polypropylène de différents formats pour entrée et dessert, et des contenants de 750 ml et d’1,75 litre pour les plats. « Nous proposons chaque trimestre des innovations produits », explique Sofiane Hassaïne-Teston, cofondateur de Reconcil et président du Réseau de consigne francilien. D’ici à deux mois, l’entreprise va notamment proposer des bols à soupe d’une contenance de 300 ml. Tous ces emballages réutilisables sont en polypropylène, un plastique 100 % recyclable plusieurs fois avant sa fin de vie. Les contenants trop usés pour servir sont ensuite stockés afin de les « surcycler », c’est à dire les transformer en nouvel objet.

Sofiane Hassaïne-Teston et Nicolas Djamdjian, respectivement président et directeur général de Reconcil. Ⓒ Reconcil


Ce plastique plus écologique et plus résistant – un emballage en polypropylène peut supporter 30 à 50 lavages – a un coût : un emballage Reconcil coûte entre 20 et 40 centimes, contre 10 à 20 centimes pour un contenant en plastique classique. Interrogé sur l’utilisation de contenants en plastique et non en verre, matériau possédant un meilleur taux de collecte et pouvant être refondu quasiment à l’infini, le cofondateur de Reconcil explique : « Nous livrons et collectons les emballages à vélo, or le verre est bien plus lourd à transporter. Il y a également le problème du stockage des boîtes : les contenants en plastique nécessitent moins d’espace et s’empilent plus facilement. » Pour le client, la consigne s’élève à deux euros pour chaque boîte. Un prix peu élevé, qui n’empêche pas un excellent taux de retour : sur l’ensemble des établissements ayant recours aux boîtes Reconcil, il s’élève à 80 en moyenne. « Pour certains restaurants, ce taux monte à 95 %, moins pour d’autres , mais il ne descend jamais en dessous des 60 % » souligne Sofiane Hassaïne-Teston.

Une fois les boîtes utilisées, elles sont rincées par les clients à l’eau froide et ramenées dans n’importe quel restaurant partenaire. Un livreur-collecteur passe les récupérer à vélo, et les emballages sont nettoyés à 89 °C dans des conditions professionnelles. Grâce à des financements de la région Île-de-France et de la Nef (une coopérative de finances solidaires), Reconcil dispose désormais d’un tunnel de lavage plus important, lui permettant de laver jusqu’à 10 000 boîtes par jour. Actuellement en levée de fonds, Reconcil vise à étendre son développement et souhaite commercialiser des boîtes encore plus résistantes, qui pourraient supporter 50 à 100 lavages.

Située dans le 19e arrondissement, la station de lavage de Reconcil peut laver jusqu’à 10 000 boîtes par jour. Après un lavage sommaire effectué par un employé, les contenants sont lavés et rincés à 89 °C dans une machine.



Ailleurs en France

D’autres initiatives de consigne pour les plats à emporter existent dans d’autres villes, comme En boîte le plat à Toulouse, BoxEaty à Bordeaux. Tout comme Les Coursiers montpelliérains, d’autres coopératives ou associations ont aussi vu le jour proposant de la livraison plus éthique, comme Traboulotte à Lyon ou Les Coursiers nantais à Nantes. 

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