Focus énergie verte : en réalité, on achète quoi ?

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En choisissant un fournisseur d’énergie verte, les entreprises « peuvent être un levier fort de la transition écologique », estime Alix Mazounie, chargée de campagne énergie pour Greenpeace, qui a fait paraître en novembre dernier son classement des fournisseurs d’énergie. Mais qu’achète-t-on réellement lorsque l’on souscrit un contrat « green » ? Tout dépend en réalité de la politique du fournisseur. Certains participent concrètement à la transition écologique en investissant uniquement dans des équipements de productions d’énergie renouvelable en France ou en s’approvisionnant en direct auprès de producteurs d’énergie hydraulique, éolienne, photovoltaïque ou biogaz. D’autres achètent l’énergie sur des marchés de gros, parfois réellement renouvelable, parfois simplement « étiquetée » comme telle. Ce sont alors des « garanties d’origine » qui assurent que, pour un volume d’énergie acheté, l’équivalent en renouvelable est injecté sur le réseau européen, en France ou ailleurs. Toutes les offres vertes ne respirent donc pas la même fraîcheur ! Alix Mazounie décrypte pour nous les enjeux.



Alix Mazounie 

© Delphine Ghosarossian/Greenpeace


Comment peut-on s’assurer que l’on paye réellement pour de l’énergie renouvelable ?

À l’occasion du classement 2020 des fournisseurs, on a étudié les politiques réelles d’achat des fournisseurs, mais pas leurs offres commerciales. Il est donc possible qu’un fournisseur ait une offre verte composée uniquement de garanties d’origines, puisque cela suffit à qualifier une offre de « verte ». Les vitrines commerciales sont très bien faites, c’est donc extrêmement difficile de savoir pour quoi on paye, à moins que le fournisseur soit très transparent. Quand vous donnez de l’argent pour une off re dite verte, la part de la facture dédiée à la production d’énergies renouvelables peut varier énormément. L’Ademe a calculé que sur la facture d’une offre qui utilise des garanties d’origine, seulement 1 % finance des énergies renouvelables, alors que sur la facture d’un fournisseur qui a réellement acheté de l’énergie verte, cela représente 29 %. Nous avons une certitude malgré tout au sujet des cinq premiers du classement (Enercoop, Planète Oui, Urban solar, Ilek et Plüm, NDLR), ils achètent tous directement auprès des producteurs d’énergies renouvelables pour l’ensemble de leurs offres particuliers et professionnels.

© Andreas Gucklhorn/Unsplash


Est-ce que ça coûte forcément plus cher de souscrire une offre d’énergie verte ?

Non, étant donné que les offres vertes avec garanties d’origines coûtent peu cher. Acheter les certificats ne coûte pas grand-chose aux fournisseurs, ils peuvent donc revendre l’énergie à des prix attractifs. C’est comme si un chef se rendait à Rungis chez un marchand de tomates bio et qu’il n’achetait que l’étiquette certifiant le bio, mais pas la tomate. Le fournisseur ne doit pas faire d’effort particulier pour fournir de l’énergie verte. La différence est dans l’origine même de l’énergie ou dans la façon dont le producteur a été rémunéré. Enercoop, par exemple, a fait le choix de ne pas indexer ses tarifs sur les tarifs réglementés d’EDF pour rémunérer plus justement et sur la durée les petits producteurs avec lesquels il travaille, un peu sur le même principe qu’une AMAP en agriculture.

 

© Rawfilm/Unsplash

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