Réseaux sociaux : être visible en sortie de crise sanitaire

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La crise sanitaire a chamboulé les habitudes numériques des restaurateurs. Ils ont profité de la visibilité qu’offrent les réseaux sociaux pour entretenir un lien avec leur clientèle et attirer la sympathie. Un outil précieux pour s’adapter au contexte sanitaire depuis plus d’un an.

Posts quotidiens, photos des menus, stories ou même commandes par messages privés, la crise sanitaire oblige les restaurateurs à se mettre à la page des réseaux sociaux, où la « food » est à la mode. À l’instar de Diego Alary, quart de finaliste de Top Chef 2020, avec ses 1,5 million d’abonnés sur TikTok, les restaurateurs aussi se sont créés des comptes, Facebook, Instagram, Twitter ou même LinkedIn et SnapChat. À 23 ans, Diego Alary est le chef français le plus suivi avec ses recettes cosmopolites express. Chef dans le restaurant éphémère de Jean Imbert et Pharell Williams, To Share à Saint-Tropez l’été dernier, il a finalement créé son restaurant virtuel sur le réseau social chinois en pleine crise sanitaire.

« L’idée, c’est de faire des vidéos de moinsd’une minute, avec des produits accessibles pour que les gens reproduisent le plat chez eux », avait-il déclaré dans l’émission« Quotidien » en février. Pour accompagner la reprise complète de l’activité, certains restaurateurs ne se privent pas du plaisir de la visibilité à leur échelle. Julien Cruège, le chef du restaurant bistronomique éponyme à Bordeaux, a choisi de multiplier sa présence en ligne. Il a élaboré une stratégie digitale bien ficelée. Il publie quotidiennement sur Facebook (2 220 « j’aime »), Instagram (2 600 abonnés), LinkedIn, Twitter (370 abonnés) et Google. Cette pluralité lui permet de toucher des profils différents. « Avec LinkedIn et Twitter je cible les professionnels, sur Instagram les jeunes, et sur Facebook le tout public », explique-t-il. Pour ses clients non connectés, le chef envoie les menus par SMS et propose une newsletter par mail. « C’est important de garder un lien avec nos clients, sinon ils nous oublient », assène le restaurateur bordelais.

Nuts à Biarritz, qui prône une cuisine saine et faite maison, a choisi la qualité plutôt que la quantité. La gérante Carole Julaud mise tout sur Instagram avec 3 200 abonnés.

« On publie tous les jours des stories, avec le menu de la semaine, des photos et vidéos de nos préparations, de la vie du restaurant, de la décoration pour impliquer nos abonnés, détaille la patronne. Ça nous sert à publier les informations importantes, avoir de la visibilité et surtout entretenir une relation avec nos fidèles clients. » Si elle utilise essentiellement Instagram depuis leur ouverture en juillet 2019, elle publie aussi automatiquement chaque photo sur Facebook. « Ça nous apporte beaucoup moins de visibilité mais il faut y être, souligne-t-elle. Instagram, ça vaut toutes les pubs du monde dans des magazines et c’est gratuit », reconnaît-elle. La gestion de ce feed coloré est faite « de manière spontanée, sans stratégie » par la fille de la patronne. S’il leur arrive de sponsoriser des posts pour augmenter leur visibilité, cela reste dérisoire. Elle apprécie surtout de pouvoir en savoir plus sur sa communauté : la tranche d’âge, le lieu, l’heure à laquelle ils consultent les posts, etc. Une mine d’or pour la restauratrice.

Cette dernière va encore plus loin dans sa stratégie digitale puisqu’elle a récemment instauré un partenariat avec la vice-championne d’Europe de surf Zoé Grospiron, aux 22 000 abonnés sur Instagram. Habituée de l’enseigne, elle en est l’ambassadrice et partage ainsi ses visites et repas avec sa communauté. « Zoé incarne totalement nos valeurs, elle est sportive, végétarienne, locale, souriante. Si les gens voient Zoé venir chez nous, ils vont associer Nuts à ses valeurs que nous partageons totalement », assure Carole Julaud.

SYMPATHIE ET FIDÉLITÉ

Les gérantes du Prao à La Rochelle, Stéphanie Penou et Claire Bouchaud, ont dû se mettre de manière plus assidue aux réseaux sociaux depuis qu’elles pratiquent la vente à emporter. Elles aussi ont opté pour Instagram en priorité, avec leurs 1 600 abonnés. Peu présentes initialement, avec une à deux publications par mois en moyenne, elles ont dû se réinventer. Depuis le début du mois de mars 2021, les gérantes de cette adresse locale et originale publient le menu de la semaine chaque dimanche sur Face-book et Instagram. Sur ce dernier, elles essaient de faire vivre leur page avec des photos et vidéos. « Nos clients jouent le jeu quand ils commandent chez nous, ils publient une story de leur plat puis on partage, ça fait vivre un peu notre page, relate Stéphanie Penou. Nous allons maintenir ce lien avec notre communauté, il nous apporte vraiment quelque chose, de la sympathie et une certaine fidélité. » Si certains de leurs clients commandent même via les messages privés de ces réseaux sociaux, elles ne veulent pas prendre cette habitude. « Pendant la crise on s’est adaptées, mais ce n’est pas gérable de prendre les commandes et les réservations à plusieurs endroits en même temps », argumente la cogérante.

Un avis partagé par Julien Cruège qui reçoit des commandes via plusieurs réseaux sociaux tout en bannissant les plateformes de livraison. « On veut à tout prix rester indépendants, on essaye d’orienter les commandes via SMS afin de garder une trace écrite et éviter les erreurs, ça demande beaucoup d’organisation », soutient le chef bordelais, qui a, lui, proposé les repas à emporter dès le 1er avril 2020, deux semaines après le début du premier confinement. Et Julien Cruège ne compte pas arrêter la vente à emporter ni abandonner sa présence en ligne après la réouverture. « Certains clients nous ont découverts sur les réseaux sociaux, on ne les laissera pas tomber. »

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