Vos épluchures valent de l’or

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Collecter, composter, valoriser. Ainsi pourrait se résumer la mission des Détritivores. À Lyon et à Bordeaux, l’entreprise sociale collecte quotidiennement les biodéchets et huiles alimentaires des professionnels de la restauration. L’objectif : les revaloriser en un compost 100 % naturel.

« Les déchets alimentaires représentent un tiers de nos poubelles et, dans les métiers de la restauration, c’est plutôt la moitié, présente Gaétan Lepoutre, cofondateur des Détritivores Lyon. Ces biodéchets sont constitués d’eau et de bonnes choses pour la terre, donc, quand c’est envoyé à l’incinérateur, on brûle de l’eau… On souhaite stopper cette aberration écologique et économique. » Pour lui, au-delà de la réglementation, valoriser et transformer ces résidus de cuisine relève de l’utilité publique et permet aussi de réduire le gaspillage alimentaire.

Chaque jour, des « collecteurs-composteurs » se rendent dans une cinquantaine de restaurants, cantines et traiteurs lyonnais pour récupérer les huiles usagées, les déchets de cuisine et de table : épluchures, viande, poisson, nourriture présentée mais non consommée… Tout peut être composté. Une fois collectée, la matière fraîche arrive sur l’une des deux plates-formes de compost des Détritivores. L’une, plutôt traditionnelle, peut traiter 200 tonnes de déchets par an, contre une trentaine pour l’autre, où une machine électromécanique, moderne et petite, accélère considérablement le temps de compostage. « Avec notre appareil électromécanique, on met la matière dans des conditions optimales », résume Gaétan Lepoutre. Le tout sans utiliser trop de mètres carrés et en maîtrisant les éventuelles nuisances olfactives, mais aussi sonores. Un impératif quand on travaille dans un environnement urbain. Puis, au terme d’un processus de transformation de deux à huit semaines, le compost sera prêt à être utilisé par les jardiniers. « L’idée, c’est de se servir de ce compost pour végétaliser les villes, qui ont besoin d’espaces verts », précise Gaétan. En plus de la collecte, les Détritivores pro posent d’accompagner les établissements dans cette démarche écoresponsable. « Il faut que toute l’équipe de cuisine soit au courant et les clients aussi. On conseille pour mettre en place les bons outils et on propose une animation de sensibilisation », explique Gaétan. Affiches, kakémo-nos, triptyques pour les tables sont ainsi mis à disposition des restaurateurs. 


« L’idée, c’est de se servir de ce compost pour végétaliser les villes, qui ont besoin d’espaces verts »


La mobilisation de l’ensemble du personnel est primordiale, confirme Benjamin Saulnier, directeur d’exploitation de Ninkasi Entreprises, dont l’établissement Villeurbanne La Soie est client des Détritivores. « En cuisine, c’est un pli à prendre. Au lieu de tout jeter dans la même poubelle, on prend le temps de trier. Il faut l’apprendre aux collaborateurs, mais, finalement, eux aussi sont impliqués et cette problématique les intéresse, car ça devient vital », commente-t-il. Les Détritivores sont actuellement présents à Lyon et à Bordeaux et pourraient s’implanter sur d’autres territoires. Des initiatives similaires existent aussi ailleurs en France, comme La Tricyclerie à Nantes, Les Alchimistes à Paris ou encore Komposto, à Lille.

www.les-detritivores.org

Gaétan Lepoutre, cofondateur des Détritivores, montre le compost prêt à l’emploi.

À chaque arrêt, Arthur Cabaret, l’un des collecteurs-composteurs des Détritivores, peut renseigner l’évolution de sa collecte grâce à une application mobile. Il assure la collecte dans un rayon d’un kilomètre.

Les épluchures peuvent être compostées. 

Infos pratiques 

  • Les tarifs dépendent du nombre de bacs et de passages, à définir avec le restaurateur.
  • La collecte peut se faire une à deux fois par semaine, avec un échange standard : un bac plein (ou à moitié plein) contre un bac vide et propre.
  • Les Détritivores Lyon mettent à disposition des poubelles spécifiques pour le tri des biodéchets.
  • Informations et demande de devis sur le site internet.
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