Domaine Côtes de l’estuaire : du viognier en Charente-Maritime

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Faire du viognier en Charente-Maritime, c’est le pari que s’est lancé Frédéric Duret en 2012. Les pratiques viticoles passant par un respect des traditions et d’un cahier des charges strict du domaine Côtes de l’estuaire en font son caractère atypique.

Vignes
Vignes. Crédits : La Revue des Comptoirs.

Face à l’estuaire de la Gironde, les vignes de viognier, de chardonnay et d’ugni blanc de Frédéric Duret ont toutes les ressources nécessaires pour s’épanouir. Leur orientation sud – sud-ouest et le sol calcaire leur confèrent une minéralité spéciale. En 2012, cet ancien communicant a repris le patrimoine familial – constitué d’une grande maison et de terres agricoles – pour « recréer le monde de [son] enfance ». Le premier cépage à avoir été planté par lui sur les coteaux est le viognier, une innovation pour la région charentaise, puisque la variété est originaire de la vallée du Rhône. Puis, cinq ans plus tard, ce fut au tour du chardonnay, l’ugni blanc étant déjà présent sur les parcelles. Le parcours de Frédéric est atypique : une enfance passée dans les vignes en Charente-Maritime aux côtés de son père, avant de prendre son envol à 18 ans pour travailler en Île-de-France où il commence sa carrière comme assureur. Il se tourne ensuite vers la communication en travaillant pour l’hebdomadaire immobilier PAP, puis il monte, en 2005, une régie publicitaire, Comonline Publicité, spécialisée dans le secteur de l’immobilier. En 2012, Frédéric prend la décision de faire revivre le patrimoine viticole familial en investissant dans de nouveaux outils de production et dans de nouveaux cépages.

vignoble Frédéric Duret Domaine Côtes de l’estuaire
Fréderic Duret a repris son patrimoine familial de Charente-Maritime pour le renouveler avec un cépage rhodanien.


LE DOMAINE CÔTES DE L’ESTUAIRE

« Pendant quatre ans, j’ai maintenu mon activité à Paris et j’effectuais les allers-retours en Charente-Maritime deux fois par semaine, soit 50 000 km par an, afin de m’investir dans le vignoble (rire). » Jamais seul dans ce projet, Frédéric Duret s’est fait conseiller par les viticulteurs du coin. Pour parfaire ses connaissances, il a suivi une formation à l’Université du vin de Suze-la-Rousse (Drôme) pour apprendre les procédés de vinification. Son domaine se trouve sur les coteaux, face à l’estuaire de la Gironde et à proximité de Royan. Sur environ 2 ha, l’exploitation produit de 6 000 à 8 000 bouteilles par an. Pas d’engagement bio reconnu, mais le viticulteur de 49 ans s’impose le respect d’un « cahier des charges strict ». Il incorpore très peu d’intrants à la vinification, utilise essentiellement des produits bio et les doses de sulfites ajoutées sont inférieures à celles qui sont autorisées par les labels bio. Frédéric explique que « le choix des sols, le respect de leur équilibre biologique naturel, les vendanges et le travail manuel » confèrent au vin une expression aromatique forte : un viognier fin, élégant, ciselé avec des saveurs de pêche blanche et un chardonnay avec une tendance minérale agrume légèrement boisée pour la cuvée 2018 (la cuvée 2019 n’est pas encore en bouteille).

Culture raisonnée et respect de la vie et de l’énergie des plantes sont les mots d’ordre du vigneron. D’ailleurs, le respect de la tradition est important pour la famille Duret qui participe depuis le début de l’aventure aux vendanges des cuvées Lumière pour le viognier et Opus pour le chardonnay. Pour atteindre le niveau d’exigence qu’il s’est fixé, le propriétaire a investi notamment dans un nouveau chai avec un sol en résine, dans de nouvelles cuves thermorégulées, des tracteurs plus performants, un érafloir, un désherbeur mécanique (intercep), un pressoir à cage fermée. Cette année, le père de famille reprend ses vignes d’ugni blanc, qui étaient en fermage jusque-là, pour sortir un cognac d’apéritif qui sera disponible à la vente dans deux ans. « Pour pouvoir le boire comme un whisky, il faudra surtout travailler la finesse », explique Frédéric. Autre nouveauté, il est en train de planter 500 pieds de cépage syrah pour pouvoir enrichir son offre d’un vin rouge.

vignoble Domaine Côtes de l’estuaire Charente-Maritime
Le domaine Côtes de l’estuaire s’impose un cahier des charges strict à l’image du condrieu.


LES CÔTES DE L’ESTUAIRE EN CHR

Actuellement, la vente des bouteilles du domaine Côtes de l’estuaire se fait à 40 % auprès des particuliers, 40 % pour le CHR et 20 % pour les cavistes, mais le vigneron cherche surtout à développer son commerce auprès des restaurateurs. Pour ce faire, il pratique du démarchage direct en proposant son vin à la dégustation dans des restaurants partout en France, au début ou à la fin du service, puis il effectue des relances par téléphone. Sur demande, il met aussi à disposition des établissements une cuvée spéciale dont l’étiquette de la bouteille est à leur effigie. Le vigneron dispose ainsi d’un service graphique spécifique pour une livraison clé en main auprès du restaurateur qui a préalablement goûté sa cuvée au chai et qui peut ajuster l’assemblage à sa guise. Ainsi, un quart du millésime 2019 est déjà pré-réservé par le CHR.

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Un chai totalement rénové et agrémenté d’un matériel aux technologies récentes. 

FACE AU CORONAVIRUS

Frédéric est seul à entretenir ses vignes, aussi sa production n’a pas été touchée par la pandémie. En revanche, « la fermeture obligatoire du CHR a entraîné une chute des ventes de ses bouteilles de viognier et de chardonnay, raconte le vigneron, mais heureusement les particuliers n’ont pas cessé de passer commande. » Frédéric n’est pas trop inquiet pour l’instant, car il sait que les pré-réservations faites par les particuliers lui apporteront une trésorerie très prochainement. Toutefois, il espère « le retour à la normale de l’activité » pour les restaurants, sans quoi la perte sèche sera plus conséquente. Concernant la reprise, le viticulteur épargnais entend d’ailleurs « aider le CHR dans la reconquête du marché », en baissant de 20 % le prix des millésimes 2018 et 2019. Pour les restaurateurs, les bouteilles seront donc vendues à 8 € TTC jusqu’à la fin de l’année.

Pour aider le CHR dans reconquête du marché, à la suite de la longue période de fermeture obligatoire, Frédéric Duret propose son vin à 8 € TTC. 



Contact 

Domaine Côtes de l’estuaire

Frédéric Duret 

Mail : f.duret@cotesdelestuaire.com 

Site internet : cotesdelestuaire.com 

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