Face à la demande française et internationale, les prix du rosé sont orientés à la hausse, notamment en Provence, région phare de cette couleur. Mais dans de nombreux autres vignobles, de nouvelles cuvées se créent pour participer à cette montée en gamme des rosés.
D’année en année, la demande en vins rosés augmente sur le marché français, mais aussi au niveau mondial. Désormais, près d’une bouteille sur trois consommée dans l’Hexagone est un rosé. Les blancs connaissent aussi un regain d’affection. Ces évolutions des goûts des consommateurs s’effectuent naturellement au détriment de la catégorie reine les rouges. Toutes les régions de France s’efforcent de tirer parti de cette tendance en augmentant leurs productions de vins rosés. Mais les régions ou appellations vinicoles originellement dédiées à ce vin disposent d’une légitimité évidente pour des clients de plus orientés vers la qualité. Parmi ces régions spécialistes du rosé, on peut citer l’Anjou et son fameux cabernet, un style de vin bien particulier, les côtes-d’Auvergne-de-corent qui n’existent que dans cette couleur, ou encore Tavel, qui, historiquement, produit des vins de gastronomie plus charpentés que la moyenne.
La demande en hausse
Mais, la Provence reste sans contexte le grand spécialiste des rosés, à tel point que les rouges et les blancs de cette région font aujourd’hui figure de curiosités. À l’occasion de la présentation, il y a quelques mois, des vins de Provence à Paris, Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des vins de Provence, reconnaissait que cette région vinicole, désormais concentrée à 90 % sur les rosés, peinait de plus en plus à répondre à la demande française et surtout internationale, en très forte croissance. « En très peu de temps, une dizaine d’années, nous sommes passés d’une part à l’exportation de 10 % à 37 %, indique le responsable. Nos clients aussi ont changé. En 2008, les plus gros importateurs étaient les Suisses et les Belges, qui nous achetaient beaucoup de vrac. Aujourd’hui, ce sont les Américains et les Britanniques qui commandent des vins premium en bouteilles.
Face à cette forte demande, l’offre est plutôt en retrait, avec deux millésimes successifs présentant des vendanges modestes en 2017 et 2018. Alors que les rendements moyens se situent entre 55 et 60 hl/ ha, ils étaient tombés en 2018 de 42 à 45 hl/ha. Les prix ont donc tendance à s’envoler depuis deux ans et 2019 devrait confirmer la tendance. En dix ans, entre 2008 et 2018, le prix moyen hors taxes de vente d’une bouteille de rosé- de-provence AOP à la production est passé de 2,56 € à 4,80 € (sources douanes françaises). D’ailleurs, dès le début d’année, « la plupart des marchés du millésime précédent sont déjà bouclés », confirme le directeur général du CIVP.
Certains marchés, comme la grande distribution, décrochent. L’année passée les ventes de rosé de Provence ont baissé de 12 %. « Nous ne sommes plus capables de répondre à un marché qui vend au consommateur des vins à moins de 5 €, explique Brice Eymard. Or, le cœur du marché de la grande distribution se concentre sur des vins entre 2,50 et 3,50 €. » Naturellement, le vignoble composé de 3 AOP (côtes-de-pro vence 75 %, côte aux-d’aix 15 % et coteaux- varois-en-Provence 10 %) attire les investisseurs. En deux ou trois ans, le prix de l’hectare de vigne a été multiplié par deux ou trois pour se situer aujourd’hui dans une moyenne de 100 000 €. Rappelons que le marché des vins de Provence représente 1, 2 million d’hectolitres, soit 160 mil lions de bouteilles.
Une montée en gamme générale
En Provence, aujourd’hui, de grandes propriétés ont été acquises par des investisseurs venus de l’univers du luxe. Ils parviennent désormais à vendre des bouteilles de leurs domaines à des prix compris entre 20 et 30 € départ cave. Ce problème de hausse des prix risque aussi fort de toucher à terme le marché de la restauration. Les grands noms de Provence sont aujourd’hui difficiles à positionner sur la carte des vins.
D’ailleurs, cette montée en gamme du rosé touche tous les vignobles concernés. Cet automne, le célèbre chef Michel Guérard est monté à Paris spécialement pour assurer la promotion d’un vin rosé qu’il a créé et commercialise avec la complicité du négociant Lionel Osmin. Ce nouveau rosé baptisé La Dune est issu d’un assemblage de 65 % de merlot et de 35 % de cabernet franc, pro vient des vignes du Château de Bachens, propriété du chef d’Eugénie-les-Bains. Le postulat des deux hommes était d’élaborer un rosé « Atlantique ». Ce rosé a été élevé quatre mois encuve sur lies fines. Michel Guérard est venu présenter ce vin à Paris dans le restaurant Boulom. Il a, à cette occasion, affirmé son goût pour « les vins rosés qui me font penser à des toiles impressionnistes et à l’étonnante légèreté d’une aquarelle ». Une phrase à méditer pour tous ceux qui considèrent que le rosé ne revêt que peu d’intérêt.
Notre sélection de rosés
Loire
Rosé d’Anjou de Donatien Bahuaud
Les Faluns, cuvée élaborée par la maison de négoce Donatien Bahuaud, est constituée de gamay, mais aussi de grolle au, un cépage spécifique, moins connu.
Structuré par un élevage de quatre mois, ce rosé offre une fraîcheur qui s’exprime par des arômes de fraise et de citron.
La cuvée du Rossignol chante l’été
La cuvée du Rossignol, en cabernet d’anjou, produit par le château La Varière, mêle dans son assemblage le cabernet franc et le cabernet sauvignon. Il offre aunez comme en bouche de très beaux arômes de fruits rouges légèrement acidulés.
Joli Coq’licot
Issu de parcelles de cabernet franc cultivées en agriculture biologique et situées en plein cœur du Saumurois, ce cabernet d’anjou, Coq’licot, est produit par Alliance Loire. Il présente une robe rose orangée et offre une belle expression de cette AOC, avec la mise en évidence d’arômes de fraise mûre et de pamplemousse rose.
Alsace
Pinot noir alsacien
Cette cuvée 2018 de la Cave de Turckheim offre une alternative plus structurée et plus marquée par le fruit que les rosés habituels grâce à son monocépage, le pinot noir. Le vin offre une robe teintée grâce à une macération de dix-huit heures. Au nez comme en bouche, les fruits rouges dominent agréablement.
Bordeaux
Quand le lion va boire à la rivière
Dans l’AOC fronsac, le Château la Rivière décline le Lion de la rivière, un rosé élégant, issu d’un assemblage de 75 % de merlot et de 25 % de cabernet sauvignon, ce vin à la robe pâle offre à la fois des notes légères de fruits rouges et un final agréable dominé par des arômes de fleur blanche.
Provence
Olivette absolue
Ceux qui appréciaient l’Olivette, cuvée rosée de ban dol, aimeront aussi Olivette absolue, une nouvelle création du domaine qui privilégie « la structure et la finesse » pour exprimer « la quintessence du rosé ». Cette cuvée 2018, limitée à 3 600 bouteilles est issue à 80 % d’une parcelle choisie de mourvèdre. Au final, on découvre un vin inhabituel, plus structuré, susceptible de s’affirmer davantage en vieillissant et à la bouche ronde et longue.
Château Maîme
Très belle expression des côtes-de-provence, le Rosé Tradition s’affirme d’année en année comme une référence régionale. Son assemblage offre un bel équilibre entre la syrah (30 %), le grenache (30 %) et de cinsault (40 %). Ce vin se caractérise par une robe rose pâle et des arômes floraux et légèrement citronnés.
Carpe Horam
Le Château Saint-Martin, cru classé de Provence, crée l’événement en déclinant une nouvelle cuvée, Carpe Horam, qui s’inscrit dans l’appellation IGP méditerranée. Elle découle d’un assemblage de cinsault, de syrah et de grenache.
Elle se caractérise par des arômes prononcés d’agrumes et de framboise.
Côtes-du-Rhône
Les Grandes Serres déclinent Les Portes du Castelas, un rosé des côtes-du-rhône résultant d’un assemblage de grenache et de syrah, pro venant de villages proches de Châteauneuf-du-Pape.
Il offre aunez comme en bouche des arômes prononcés de fruits rouges avec de belles notes de pamplemousse.
Souffle d’Éole
Nouveauté au Domaine d’Eole, référence dans l’appellation coteaux d’aix-en-provence, le Souffle d’Eole, ce rosé sans sulfites ajoutés, est produit dans l’IGP alpilles. Il allie 60 % de grenache, 15 % de syrah, 15 % de cour noise et 10 % de cinsault. Vinifié en œuf béton, il présente des fragrances de fraise des bois, de pêche et de chèvrefeuille.
Élégance
Élégance, la cuvée rosé du Château Beau Bois, évolue sous l’appellation costières-denîmes. Composé de 60 % de syrah, 20 % de grenache et 20 % de Cinsault, ce vin biologique offre un nez acidulé de framboise, pêche et sorbet au citron.
Les Terrasses
Dans l’appellation Porquerolles, le Domaine de la Courtade propose ce rosé élégant, élaboré à partir d’un assemblage de 50 % de grenache, 20 % de mourvèdre, 15 % de cinsault et 15 % de rolle. En bouche, il révèle des notes de pamplemousse rose, de fleurs blanches et de litchi.
A Flot
Cette cuvée A Flot de côtes-de-provence rosé du Domaine de la Navicelle, est certifiée en agriculture biologique. Son assemblage intègre cinsault, grenache, tibouren et syrah en petits rendements. Les raisins sont issus de vendanges manuelles. Ce rosé révèle une belle minéralité et des arômes de pamplemousse et de pêche de vigne.
Sud-Ouest
L’Impertinent
Cuvée rosé faugères du Château des Estanilles, l’Impertinent est issu de vignes de grenache (45 %), cinsault (45 %) et mourvèdre (45 %).
Un rendement modeste (30 hl/ha) favorise une belle concentration, qui fait ressortir des arômes de framboise, de fraise, de pamplemousse et d’ananas, mais aussi de douces notes florales.
Galets roulés
Ce rosé des côtes-du-roussillon produit par Cathy Sisqueille et Philippe Sisquelle, résulte d’un assemblage de 55 % syrah et 45 % mourvèdre, avec des rendements limités à 25 hl/ha, qui favorisent une belle concentration du fruit. Ce vin, qui passe en barrique, subit cinq mois de bâtonnages, qui lui confèrent une belle structure aromatique.
Petite cavale
Cette Petite Cavale rosé est produite dans l’AOC lubéron par le domaine de Paul Dubrule, l’ancien patron d’Accor. Elle résulte d’un assemblage de cinsault et grenache. Elle présente des arômes frais de groseilles et de framboises juteuses. En bouche, les notes de fruits rouges et de pamplemousse rose dominent.
Les Loups de la Seigneurie
Le distributeur parisien Rouquette, qui se rapproche de la production dans le cidre, la bière mais aussi dans le vin, contrôle également un domaine dans l’appellation côtes-de-provence, où il produit le rosé Château de la Seigneurie. Il y décline désormais une nouveauté, les Loups de la Seigneurerie, une IGP rosé var.
Massif central
Terre & Lave
Rosé expression du terroir volcanique, Terre & Lave est produit par Desprat Saint-Verny dans le Puy de-Dôme à partir d’un assemblage de 60 % de gamay et 40 % de pinot.
Cette AOC côtes d’auvergne présente un nez très aromatique avec des notes de fruits rouges frais. En bouche, une trame tannique appréciable s’exprime.
Étincelle nomade
Sous l’IGP cévennes, le Mas Seren pro pose une nouveauté, l’Étincelle nomade, un rosé assemblé 90 % de cinsault et de 10 % de syrah.
Il présente des arômes acidulés de fraise et de mandarine.
Saint-Pourçain gris
La Cave des vignerons de Saint-Pourçain propose ce gris, rosé à la robe très pâle, réalisé exclusivement à base de gamay. Il offre une agréable minéralité et un délicat fruité dominé par un nez de fruits blancs, avec une pointe de rose.