Un an à l’épreuve du Covid avec Franck Berkulès, chargé de Communication du CIVS

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Après avoir traversé un tunnel de plus d’un an, entre inactivité et réouverture sous contrôle, les cafés-restaurants voient le bout du tunnel. Cette période pénible a laissé des séquelles, mais aussi ouvert de nombreuses opportunités. Nous sommes partis sur le terrain pour prendre le pouls de cette profession convalescente. Entretien avec Franck Berkulès, chargé de Communication du CIVS.

La douche écossaise : Le pire moment de découragement ? Le meilleur souvenir ?

L’annonce du premier confinement a sonné comme un véritable tremblement de terre, et a mis fin au salon de l’agriculture qui battait son plein et qui représente un temps fort pour notre filière. C’est à ce moment-là que nous avons pris la mesure de ce qui nous arrivait, alors que la saison battait son plein. Ce premier confinement total a marqué l’arrêt brutal de la consommation, le vin étant considéré comme un produit plaisir, voire de luxe, les pertes sur les ventes ont été immédiates…Les premières inquiétudes pour la filière ont alors commencé. Le meilleur souvenir réside sans doute quelques mois après, avec le déconfinement et la promesse de lendemains qui chantent à nouveau, avec une saison d’été 2020 magnifique, et des ventes qui ont largement rattrapé les premiers mois de l’année. L’été 2021 à venir laisse présager les mêmesperformances avec un redémarrage  en douceur depuis quelques semaines et des commandes qui repartent…et avec elles la convivialité, sacrément écornée ces derniers temps, qui revient tout doucement.

Adaptation : Qu’est-ce qui a changé pour les Vins de Savoie durant cette parenthèse ?

Cette crise nous a permis de nous rendre compte qu’il y avait urgence à changer notre stratégie de commercialisation qui reposait jusque-là essentiellement sur les 4 mois de l’hiver alors même que les vins de Savoie ont tout le potentiel pour se développer et vivre toute l’année. C’est tout l’objet du plan de relance que nous mettons en place pour cet été avec une volonté de désaisonnaliser les Vins de Savoie et s’ancrer dans une consommation estivale et plus urbaine, pour s’extraire ainsi d’une voie de commercialisation dépendante uniquement de l’activité des stations de ski.

Le gouvernement sur la sellette : Comment jugez-vous l’action du gouvernement face à la pandémie ?

Nous avons eu la chance de recevoir un soutien conséquent de la part de l’Etat. Notre filière n’a pas été oubliée et a reçu l’aide qu’elle méritait. Nous évoluons en effet dans un secteur d’excellence mais avec des modèles d’entreprise fragiles qui n’auraient pas résisté sans ce soutien inédit, comme en témoigne ce plan de relance financé par le FAEDER, la Région Rhône-Alpes-Auvergne et le Conseil Savoie-Montblanc qui nous permet d’envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Le côté positif : Et si la crise avait aussi du bon ?

Cette crise nous a permis d’ouvrir les yeux sur la nécessité d’orienter notre stratégie sur la désaisonnalisation mais également de la réorienter sur une cible locale. La clientèle locale est en demande et exprime clairement l’envie de (re)découvrir le vignoble, de réapprendre à goûter et apprécier les vins de Savoie. Cette dernière doit revenir au cœur de notre stratégie de marché. Nous sommes également en train de mettre en place une stratégie de diversification pour cibler davantage le secteur de la grande distribution et de la restauration pour encourager à vendre davantage de vins locaux. C’est la première fois que l’Interprofession travaille en direct avec la GMS et la restauration, c’est une nouvelle étape franchie dans le développement de la commercialisation et la notoriété des vins de Savoie.

Demain sera ? : Comment entrevoyez-vous l’avenir ? Actions mises en place pour accompagner la reprise de la filière ?

L’avenir des vins de Savoie sera local en se concentrant notamment sur la consommation de proximité, avec des consommateurs locaux qui ont pris conscience de l’excellence des produits cultivés chez eux. L’avenir des vins de Savoie sera également tourné vers la jeunesse, avec une nouvelle garde de viticulteurs, négociants, vignerons, chefs d’entreprise intrinsèquement engagés dans la pratique de l’agroécologie en prenant davantage en compte notre environnement. Cette prise de conscience s’inscrit parfaitement dans l’ADN de la Savoie : véritable pays de Cocagne, écosystème protégé, où l’on s’attend à ce que les vins respectent l’environnement dans lequel ils évoluent. L’avenir des vins de Savoie sera enfin à 360° en sortant d’une stratégie jusque là binaire pour prendre en compte l’intégralité du marché, capitaliser sur notre clientèle locale tout en continuant à développer d’autres marchés à l’international, qui sont restés fidèles, malgré la crise, aux vins de Savoie. C’est pour accompagner cette reprise qu’un ambitieux plan de relance est mis en place dès cet été avec des objectifs à court terme ; soutenir les ventes sur les mois de juillet et août sur l’ensemble des secteurs, et notamment celui de la GMS et la restauration ; mais aussi à long terme pour faire évoluer l’image des vins de Savoie dont le profil organoleptique répond à une forte demande actuelle et s’adapte parfaitement à une consommation toute l’année.

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