Le secteur viticole au bord du gouffre…
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Les viticulteurs sont en grande difficulté. C’est ce qui ressort du dernier observatoire économique des Vignerons Indépendants. Trois urgences ressortent.
Attention danger.Plus de 45 % des entreprises se déclarent en grande difficulté contre seulement 18 % voilà quatre ans, selon le dernier observatoire économique des Vignerons Indépendants.Les raisons ? Une instabilité économique « exacerbée par des événements climatiques extrêmes et des aides publiques qui ne sont plus adaptées ».
D’où les propos de Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants : « Nous sommes à un point de rupture. Si rien n’est fait, de nombreuses entreprises viticoles devront cesser leur activité d’ici à la fin de l’année. »
Première urgence
Le dérèglement climatique est devenu l’ennemi numéro un des vignerons. La campagne viticole 2024 a déjà été marquée par des épisodes climatiques catastrophiques : gel à Cahors, grêle à Chablis, dans l’Hérault, sécheresse sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, etc.
En pérennisant la production, l’Etat pourrait ainsi récolter en termes de fiscalité et économiser pour demain
« Si les conditions actuelles persistent, le littoral languedocien pourrait perdre une part significative de son vignoble, notamment dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude », s’inquiète, à juste titre, Jean-Marie Fabre. Face à cela, les Vignerons Indépendants demandent un vaste plan d’investissement afin de lutter efficacement en amont contre le dérèglement climatique. Une enveloppe de 2 milliards d’euros étalée sur trois ans serait nécessaire.
« Cet investissement conséquent de l’État ne représenterait pourtant que 50 % de l’investissement nécessaire pour équiper l’ensemble du vignoble contre les aléas climatiques. En pérennisant la production, l’Etat pourrait ainsi récolter en termes de fiscalité et économiser pour demain », ajoute Jean-Marie Fabre.
Deuxième urgence
Renforcer le dispositif d’arrachage. Il y a encore quelques semaines, les estimations faisaient état de 20 000 à 60 000 hectares de vignes à arracher. Mais la situation s’est largement aggravée, et les Vignerons Indépendants craignent désormais que ce chiffre soit bien en-deçà de la réalité.
Le dispositif d’arrachage, actuellement proposé, dispose d’une enveloppe de 150 millions d’euros pour 37 000 hectares. Montant jugé insuffisant par le syndicat.
L’agonie de parcelles entières débouchera sur une prolifération des friches, préjudiciable à l’attractivité des territoires, à l’économie locale et au tourisme
« Si nous n’opérons pas dès la rentrée un électrochoc de consolidation, il ne restera qu’une autre option : des soins palliatifs mortifères qui accompagneront, en pente douce, la fin de plus en plus de vignes, en laissant faire les choses. »
Troisième urgence
Obtenir des banques une année blanche à taux 0%. Pour le syndicat, les viticulteurs n’ont plus de trésorerie. Qui plus est, les récoltes de cette année devraient être inférieures d’environ 20% par rapport à l’année dernière. Jean-Marie Fabre propose la mise en place d’une « année blanche bancaire ». Il appelle à un dialogue urgent entre les banques et les fédérations viticoles, sous l’égide de Bercy. Le futur locataire de Bercy saura-t-il entendre ce cri d’alarme ?
Un appel au nouveau Premier ministre
« Il est temps d’agir. Nous ne pouvons plus attendre. L’urgence est là et des mesures fortes et adaptées doivent être mises en place rapidement pour sauver nos entreprises, préserver notre patrimoine viticole et consolider ce secteur stratégique de la performance économique française et de nos territoires. »