Renaissance de l’Auberge du Pont

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Il venait de décrocher son étoile. Rodolphe Regnauld a vu, impuissant, son Auberge du Pont à Pont-du-Château, dans le Puy-de-Dôme, partir en fumée en juin 2021. Après dix mois de travaux, le restaurant a rouvert ses portes en juillet dernier. Avec quelques changements à la clé.

Rodophe et Christelle Regnauld.
Rodophe et Christelle Regnauld. Crédits : Mathilde Jarlier / Au Coeur du CHR.

Ce fut un choc. Rodolphe Regnauld et sa femme Christelle, patrons de la table étoilée l’Auberge du Pont à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme), ont vécu l’un des pires cauchemars des restaurateurs : voir partir en fumée 17 ans de travail. Le 19 juin 2021, à 18 h 40, quelques jours seulement après la réouverture postconfinement, l’incendie s’est déclaré à la suite d’un problème électrique dans l’espace situé au-dessus des cuisines, dans ce qu’il appelle le dancing, « qui était la dernière partie du restaurant à refaire ». Le couple venait en effet d’achever une large phase de rénovation en 2019, côté salle et côté cuisine, pour un montant de 700 000 €. Il bénéficiait par ailleurs d’un nouvel élan apparu avec l’arrivée de la première étoile du chef, en 2021, en plein Covid.

Là où certains auraient baissé les bras, Rodolphe et Christelle Regnauld ont retroussé leurs manches et entrepris dès le lendemain de reconstruire leur affaire. « C’est la partie pâtisserie, plonge, vestiaire et stockage qui avait brûlé, se souvient Rodolphe. Mais tout le reste était contaminé par la fumée. Sans oublier l’eau qui a causé autant voire plus de dégâts que le feu. Il fallait tout refaire. Je n’ai pas dormi pendant trois semaines, je passais mes nuits à imaginer, à dessiner des plans, à dispatcher les locaux. Tout était dans ma tête. En réalité, je ne me suis jamais posé la question si on reprenait ou pas, c’était évident. Il n’y a jamais eu une seule seconde d’hésitation. »

Dix mois de travaux

Sans perdre une seule journée, les travaux ont commencé dès le 2 septembre 2021. Et dix mois plus tard, le 22 juillet 2022, l’Auberge du Pont a rouvert ses portes. Un tour de force réussi grâce à l’espoir qui, lui, n’est jamais parti en fumée ainsi qu’au soutien reçu de part et d’autre. Avec un investissement de près de 2,5 M€, l’Auberge du Pont s’est donc offert une nouvelle cure de jouvence.

De fait, la première salle a été harmonisée avec la deuxième, rénovée en 2019 et pensée comme un loft new-yorkais. « Nous avons mis les mêmes chaises et tables partout. On a enlevé les nappes et on a réduit le nombre de couverts de 70 à 52 en enlevant deux ou trois tables pour apporter plus d’espace. Avec une gestion différente des services : nous faisons moins de groupes sur de grandes tables et nous privilégions les tables de 5 ou 6 au maximum pour éviter un volume sonore trop élevé. Nous avons d’ailleurs beaucoup travaillé sur le phonique avec des rideaux plus épais et du mobi-lier en tissu qui absorbe mieux le bruit », détaille le couple. Autre changement notable : la cave, en sous-sol.

« Nous avons perdu 800 bouteilles, soit 50 000 € de perte… Mais aujourd’hui, j’en suis encore plus fier de ma cave. » La nouvelle cave dispose d’un sol recouvert de pouzzolane. Elle est dotée d’un îlot central de dégustation. Mais c’est aussi en cuisine que l’Auberge a gagné en confort. Elle a été repensée, tout en longueur, avec un four à pain qui complète les installations. Enfin, le fameux « dancing » a été aménagé en chambres et salles de bain tout confort pour accueillir les stagiaires. Sans oublier les moteurs des réfrigérateurs de pâtisserie qui ont été installés à l’étage pour éviter la nuisance sonore en cuisine. Une vraie renaissance galvanisante pour cette Auberge emblématique auvergnate, qui vient d’obtenir trois toques au Gault & Millau.

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